Buenos Aires, par une belle semaine d’été

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Après deux semaines de travail fatigantes physiquement mais reposantes moralement, on repart pour 1000 km de stop, direction Buenos Aires, où nous attend Benjamin, un ami de Sandrine, et sa compagne Mariana.

 

A travers la Pampa

A peine salués Leo et Naty, les propriétaires du vignoble tout juste tombés du lit, que le bus pour San Rafael nous rejoue des tours. On arrive à 06h30 à l’arrêt de bus, frais comme des gardons, pour prendre le bus du matin de 06h45. Mais celui-ci ne passe qu’à 7h30. Décidément !

 

Ensuite, à San Rafael, c’est la sortie de la ville, en stop, qui nous pose problème. Entre nos hésitations sur la direction à prendre et la difficulté d’être emmenés par quelqu’un en plein centre ville, on finit par choisir l’option bus pour rejoindre la sortie Est de la ville. Avancés jusqu’à un croisement, on se pose dans un petit coin à l’ombre, à la sortie d’un virage, pour regarder où nous sommes sur la carte. Et là, on se rend compte qu’on est encore loin de la route 188, celle qui file à Buenos Aires.

201502 - Argentine - 0332Une voiture arrive à ce moment là. Malheureusement elle ne peut pas nous voir, car nous sommes assis par terre et cachés par quelques arbres. Alors avec l’énergie du désespoir, Sandrine se jette sur le côté, sa pancarte « Buenos Aires » tenue à bout de bras. On se met à rire de cette situation désespérée qui ne l’est finalement pas tant, en nous disant que bien d’autres voitures passeront là, qu’il est seulement midi et qu’on n’est pas trop loin de la ville… Quand soudain, on entend le bruit d’une voiture qui se rapproche en marche arrière. La voiture qui venait de passer à décider de nous prendre. Visiblement, le stop en mode « jet de panneau au bord de la route » ne marche pas si mal ! Et en plus, cette voiture nous emmène à General Alvear, point de départ de la fameuse route 188.

Nickel !

 

Un peu plus tard, en parcourant à pied les premiers hectomètres de la route 188, on tombe sur Carlos. Ou plutôt Carlos tombe sur nous, puisqu’il venait de derrière. Cet Argentin est justement en train de rentrer sur Buenos Aires, à 950 km de là ! Après un début de journée un peu compliqué, la chance nous sourit, finalement !

Par contre, dès le début, on devine que la route 188 va être interminable. Pendant des centaines de kilomètres, on roule tout droit. Pas un virage, pas un village, pas un relief, tout autour n’est que vert. On est en pleine pampa, entourés de champs de maïs, de soja ou de terrains vagues… En plus, il fait une chaleur terrible mais comme Carlos a attrapé froid la veille à cause d’une clim, du coup, pas de clim !

Dans ces conditions, difficile de résister au sommeil, y compris pour Carlos. Il paraît même s’affaiblir à vue d’œil. Alors on fait des pauses siestes de temps en temps, au bord de la route, à l’ombre d’un arbre. Puis on repart de plus belle, à 160 km/h sur cette route à une seule voie. Parfois on frise même les 190 km/h. Visiblement, Carlos a envie de rentrer au plus vite.

 

Et puis la nuit a commencé à tomber, et inéluctablement la question de notre hébergement avec. Nous, on voulait s’arrêter dans une ville à 200 km de Buenos Aires et finir tranquillement en train le lendemain, histoire de ne pas nous retrouver en pleine nuit au milieu d’un quartier inconnu de la capitale. Et puis, Benjamin ne nous attendait que 2 jours plus tard ! Oui, on avait visé un peu large, on ne sait jamais à quoi s’attendre en stop. Mais du coup on n’était pas pressé d’arriver… Finalement, au vu de notre vague plan, Carlos nous propose de finir la nuit chez lui, à Buenos Aires, dans le quartier de Mataderos. C’est le quartier des anciens abattoirs, mais en espagnol, ça peut aussi se traduire par tueurs. Tout cela ne nous rassure pas trop, d’autant qu’on nous avait répété plusieurs fois de ne pas arriver n’importe où en voiture dans Buenos Aires, que certains quartiers étaient dangereux, etc. Mais Carlos nous paraît être un homme de confiance et le quartier des tueurs est, d’après lui, très tranquille et familial. On accepte donc sa proposition, et arrivons épuisés, à 1h30 du matin, à Mataderos, Buenos Aires.

 

 

Mataderos et les quarantenaires en coloc’

Dans ce quartier plutôt résidentiel, avec beaucoup de maisons sur deux ou trois étages et peu de grands immeubles, nous faisons la connaissance d’Alvaro, le coloc de Marcos. Euh…Carlos, pardon. J’ai sans doute fini par oublier son prénom avec la fatigue de la route.

Tous deux interviennent dans le monde du spectacle. Pendant le petit-déjeuner, autour d’un maté bien sûr, ils nous montrent quelques vidéos de leur travail : Carlos est acteur de théâtre et clown, Alvaro est metteur en scène. Il réalise aussi de petits films avec une association qui aide les personnes trisomiques. C’est sobre, mais très bien fait, et très beau. A l’arrêt de bus qui doit nous emmener chez Benjamin et Mariana, nous saluons et remercions Carlos. On se dit que cette sympathique rencontre avec deux porteños (le nom des habitants de Buenos Aires) lance notre semaine dans cette ville de la meilleure manière.

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A Belgrano, chez Benjamin et Mariana

201502 - Argentine - 0266Nous retrouvons Benjamin et Mariana dans leur appartement à Belgrano, un autre quartier résidentiel, vert et calme. A côté de la gare, il y a un parc très animé, et plus loin le quartier chinois, qui ne fait que quelques bouts de rue. C’est très agréable à vivre, quoiqu’un peu loin des quartiers centraux de la capitale. Nous avons eu la chance de rester toute une semaine avec eux et de profiter de Buenos Aires pleinement, grâce à leurs conseils et sans toutes les contraintes d’un hostel.

Si l’on a beaucoup aimé cette ville et ses quartiers, c’est donc en bonne partie grâce à eux. Une fois encore, un grand merci pour votre accueil et les bons moments passés ensemble.

 

 

Les parcs le long du Rio de la Plata

Buenos Aires est située sur la rive sud du Rio de la Plata, une embouchure où convergent notamment le rio Paraná et le rio Uruguay, deux grands fleuves d’Amérique du Sud. Mais ce qui est le plus impressionnant, c’est la largeur de cet estuaire : une cinquantaine de kilomètres ! On ne voit même pas l’autre rive, ce qui donne l’impression que Buenos Aires est au bord de la mer, une mer de couleur brunâtre par contre, à cause des sédiments charriés par la rivière.

201501 - Argentine - 0131 - Panorama

Le bord de la rive est surtout occupé par l’aéroport domestique et le terminal portuaire. Mais de l’autre côté de l’aéroport, la ville est très verte, avec de nombreux grands parcs bien entretenus. Les Porteños viennent y pique-niquer, se reposer, boire le maté, courir, faire du vélo, du roller, jouer au foot. Ces parcs sont très animés jusqu’à la tombée de la nuit. Nous, ça nous a bien plu, on a aimé s’y balader pour fuir les grandes artères bruyantes et la circulation incessante de la capitale.

 

Au milieu des jardins et des étangs, il y a aussi le Planetario, un bâtiment gris surplombé d’une sphère. De jour, c’est plutôt moche, surtout au milieu de toute cette verdure. Mais de nuit, quand il se met à briller, c’est tout de suite plus joli !

 

 

Tigre, le dépaysement total

201502 - Argentine - 0253Pour la partie nature de Buenos Aires, il y a aussi Tigre. Moyennant une petite heure de train urbain et la modique somme de 3 pesos (0,2 €), on peut se rendre dans la ville de Tigre, une ville de banlieue plus en amont du Rio de la Plata, au bout du Delta du Paraná. Ce delta se veut être le 5ème plus grand delta du monde, quand même. Depuis Tigre, des bateaux privés peuvent vous emmener faire un tour touristique, donc assez cher, dans les différents bras du Delta. Nous, on a choisi une autre option : le bateau-bus public, bien moins cher, et qui nous dépose dans un « quartier » du Delta où l’on peut ensuite se promener à pied, prendre son temps, profiter de la nature et du silence.

 

Les différentes rives que l’on longe avec le bateau sont toute construites, essentiellement de belles demeures de particuliers, dans un cadre très verdoyant. Au milieu, on trouve parfois un restaurant pour les touristes ou un petit magasin pour dépanner les locaux. Et on a croisé plusieurs fois une sorte de bateau-magasin, une échoppe mobile où l’on peut faire quelques achats, et qui ravitaille également les restaurants et magasins du coin.

 

En fait, on a comme l’impression de se balader à travers un quartier résidentiel, mais en pleine jungle. Les rues sont les différents bras du delta, les gens se baladent avec leur petit bateau à moteur ou leur barque, et les enfants jouent dans le fleuve. Et quand on s’éloigne des canaux les plus larges, il y a moins de bateaux et moins de gens. On profite vraiment du calme environnant, au bord de l’eau et à l’ombre des arbres. On n’a pas du tout le sentiment de n’être qu’à quelques kilomètres de Buenos Aires. Et pourtant si !

 

Pour nous, Tigre est vraiment une oasis de quiétude. C’est une escapade particulièrement facile et agréable pour s’éloigner le temps d’une journée du stress de la capitale.

 

 

 

Le Microcentro et la Calle Florida, des symboles de l’Argentine

201501 - Argentine - 0135Un grand bâtiment de plusieurs étages aux tons saumon, entourés de barrières et de gardes. A la nuit tombée, il s’illumine en rose fluo sous l’effet des lumières extérieures. Qu’est donc cet endroit ? Une boîte de nuit très select ? Une maison close ?

Non, c’est le palais de la présidente Cristina Kirchner, un drôle de personnage à la tête d’un si grand pays.

Sur la vaste place qui fait face au palais, des vieilles femmes manifestent pacifiquement, depuis plus de 30 ans, pour réclamer les corps de leurs enfants disparus pendant la dictature militaire…

 

Sur cette même place, on trouve une grande église : celle où officiait le Pape François avant de prendre ses fonctions à Rome. Le libérateur de l’Argentine, mais aussi du Chili, du Pérou et de l’Uruguay, le célèbre San Martin, dont la rue principale de chaque ville du pays porte le nom, y a son mausolée. Ces deux personnages sont parmi les plus grandes fiertés des Argentins, avec Maradona bien sûr.

Tous ces lieux symboliques de l’Argentine d’hier et d’aujourd’hui sont regroupés sur la place du 25 mai, dans le Microcentro. A quelques mètres de là, on trouve aussi la calle Florida, le reflet de l’économie du pays.

 

En circulant entre les nombreux magasins de marque de cette rue, on est abordé en permanence par des : « Cambio, cambio, cambio ! Dolares, euros, reals« . C’est dans cette rue que le marché noir des devises étrangères bat son plein. Mais pourquoi un tel marché noir, d’abord ?

Car pour limiter les importations et favoriser la consommation de biens et produits made in Argentina, et donc relancer l’économie du pays, la présidente Cristina et son gouvernement ont décidé de limiter drastiquement la possibilité d’acheter des devises étrangères en Argentine. Toute opération de change en Argentine ne peut se faire qu’avec l’accord du fisc local, et dans des proportions très limitées.

 

Ainsi, lorsque les touristes débarquent avec leurs poches (plus ou moins) pleines de dollars, d’euros ou de reals, les Argentins en manque de ces devises sont prêts à leur racheter à un très bon prix, 30% au-dessus du cours officiel au moment où nous y étions.

Dans les villes où nous sommes passés, il suffit de demander à n’importe qui où est ce qu’on peut changer nos dollars, il y aura toujours un commerçant pour faire un bon taux. Mais à Buenos Aires, en revanche, c’est dans la calle Florida que ça se passe.

 

Nous y sommes donc allés. Pour faire un peu de change, pas pour faire les magasins. On nous avait dit de nous méfier, car il y a certains changeurs peu scrupuleux qui peuvent vous refiler des faux pesos, ou pire vous détrousser complètement. On avait donc repéré une adresse fiable sur internet : dans telle boutique de telle galerie marchande, il fallait demander Martin ou Veronica. Manque de bol, on n’a jamais trouvé ni la boutique, ni Martin, ni Veronica. Peut-être que c’était même pas la bonne galerie marchande… Bref, du coup, on s’en est remis au hasard, en prenant toutefois quelques précautions.

Sandrine a ainsi pris toutes les affaires avec elle, me laissant seulement avec mes vêtements et les dollars à changer. Je me suis ensuite baladé comme ça, l’air de rien, dans la rue. Sandrine me suivait de plus loin, en mode détective privé. Puis j’ai approché un changeur qui m’inspirait un peu confiance. Il m’a montré le taux sur une calculatrice : 12,5 pesos pour un dollar (le taux officiel était de 8,6). Je l’ai suivi, on est rentré dans une sorte de galerie marchande un peu plus loin. Sandrine me suivait toujours et s’est postée en bas de la galerie où nous sommes rentrés. Au fond de la galerie, dans un couloir désert, le changeur a frappé plusieurs fois sur une porte blindée un peu cachée. Quelqu’un nous a ouvert et a refermé immédiatement la lourde porte derrière nous. Plusieurs personnes étaient là dans cette entrée exigüe. On m’a dit d’aller dans le bureau du fond, où j’ai pu faire le change avec encore une autre personne, assise derrière un bureau. Un petit coup d’œil sur les billets : ils avaient l’air vrais. Puis je suis ressorti par la même porte blindée. Le compte était bon, les billets aussi : je suis bien tombé ! Sandrine m’a retrouvé soulagée, avec tous mes habits et plein de pesos. Ce qui est curieux, c’est que toute cette mise en scène pour changer quelques dollars tranche complètement avec ce que l’on a connu dans les autres villes du pays. Là-bas, le marché parallèle se fait au vu et au su de tout le monde, les taux (officieux) sont même affichés sur les vitrines des magasins ! Peut-être que le fait de n’être qu’à quelques centaines de mètres du palais présidentiel incite ici à plus de prudence…

 

 

Free walking tour

Pour mieux connaître l’histoire de la ville et du pays, on n’a pas seulement déambulé devant les bâtiments institutionnels. On a aussi fait un free walking tour, cette visite guidée de la ville faite par un étudiant et payée au chapeau. Et en arrivant au point de rendez-vous, quelle ne fut pas notre surprise ! On y retrouve, au milieu d’une foule dense, Fabian et Lisanne, le couple d’allemands que l’on avait rencontré un mois auparavant à Punta Arenas, à 3000 km de là.

 

201502 - Argentine - 0191Un des guides prend ensuite la parole, en espagnol. Je ne comprends pas grand-chose à ce qu’il raconte. Puis il dit en anglais : »si vous n’avez rien compris à ce que j’ai dit, venez avec moi pour la visite en anglais. Sinon, allez voir mon collègue pour la visite en espagnol ». Sur la quarantaine de personnes présentes, une bonne trentaine est allée voir le guide anglophone. Je suis donc allé avec le petit groupe d’hispanophones, pour voir, pendant que Sandrine restait avec les anglophones et nos amis allemands. Puis je la convaincs de venir avec moi. Nous faisons donc cette visite en espagnol, pendant 4 heures !

Au final, grâce à notre groupe réduit, on a plutôt bien compris ce que le guide racontait, et mieux profité des nombreux endroits visités. Et en plus, c’était vraiment très intéressant. Notre guide nous a expliqué plein de choses sur Buenos Aires, ses bâtiments et leur architecture et leur histoire, mais aussi celle de l’Argentine, la culture, l’économie, les traditions… Et il faisait ça bien, sans réciter par cœur, en ayant l’air impliqué et passionné par ce qu’il racontait.

 

La visite s’est terminée au cimetière de la Recoleta avec la longue et macabre histoire du cadavre d’Evita. En espagnol, on n’a pas tout compris. Mais j’ai relu plus tard cette histoire en français, et bien ce n’était pas beaucoup plus clair ! Toujours est-il que nous avons pu voir le caveau où, aujourd’hui, elle repose enfin en paix.

 

 

San Telmo, sa feria, son carnaval et son cinéma de plein air

Dans le quartier de San Telmo, le dimanche, c’est la feria. Une sorte de marché-brocante où l’on vend de tout et n’importe quoi. Visiblement, ça attire le touriste puisqu’on a entendu beaucoup parler français, anglais ou allemand dans cette rue. Mais personnellement, je n’y ai pas trouvé un grand intérêt.

 

En revanche, dans ce même quartier, mais plus tard dans la nuit, on a assisté à un défilé de carnaval. En cette période de l’année, il y en a plein, chaque samedi et dimanche soir, et c’est une tradition très importante dans de nombreux pays d’Amérique Latine, entre autres. Bien sûr, dans ce quartier, on était très loin des carnavals de Rio, de Bahia ou de Dunkerque ! Mais ça valait quand même le coup d’œil.

Différents groupes de personnes, toutes habillées de vêtements colorés avec des paillettes, se sont succédés dans la rue. Il y a aussi parmi elles des musiciens qui jouent bruyamment et des chanteurs qui chantent fort, et tous les gens du groupe dansent au rythme de cette musique. J’ai particulièrement été sensible au caractère pluri-générationnel des défilés. Dans chaque groupe, il y en a vraiment de tous les âges, du tout petit qui marche à peine au vieillard qui marche à peine… Ah non tiens, on dirait qu’il se met à danser lui aussi ! En tout cas, c’était vraiment chouette de voir cette cohésion intergénérationnelle, tous ces gens de tout âge faire la fête et danser ensemble, dans une ambiance conviviale et bon enfant.

 

 

201502 - Argentine - 0235C’est aussi dans ce quartier de San Telmo que nous avons retrouvé, plus longuement cette fois, Fabian et Lisanne. A l’occasion d’une soirée couchsurfing. Un bar dans une cour assez stylée, des tables et des chaises à l’étage sur la terrasse, un film projeté en plein air sur le mur du bâtiment en face : le concept de la soirée était plutôt intéressant. Sauf qu’elle a démarré vers 20h30 – 20h45, et le film à 21h00. Sauf que les bières n’étaient pas au frais quand les gens sont arrivés. Sauf que c’était un film très déprimant et de presque 3 heures, de Lars Von Trier – mais malgré tout un très bon film. Et sauf qu’à la fin du film, à minuit, le bar a fermé. Avec tout ça, il ne reste plus beaucoup de temps pour discuter avec les gens et faire des connaissances, ce qui est quand même le principe d’une soirée couchsurfing, enfin pour nous en tout cas. Du coup, on a fini la soirée avec nos amis allemands dans un autre bar, jusque 3 heures du matin.

 

 

La Boca : couleurs, futbol et asado

La Boca est le quartier situé en limite sud-est de la ville de Buenos Aires. C’est là que se sont installés de nombreux immigrants italiens, majoritairement en provenance de Gênes, au cours du XIXème siècle.

Aujourd’hui, ce quartier à la réputation d’être l’un des plus dangereux de la ville, hormis 2-3 rues ultra-touristiques où les visiteurs se rendent donc en masse. Là-bas, on peut profiter d’une ambiance festive et admirer les façades très colorées des bâtiments. C’est vrai que le Caminito, le nom de cette petite rue animée, c’est très joli et plein de cachet. Mais nous, ça nous a quand même paru bien trop touristique pour être vrai : des terrasses de restaurant bondées, avec des danseurs de tango, des boutiques souvenirs, des vendeurs de rue… Tout cela à 3 heures de l’après-midi, ça n’avait rien d’argentin ! Ni d’italien.

 

Et effectivement ça tranche nettement avec ce qu’il y a en dehors de ces trois rues, dans la vraie Boca, celle qu’on nous a recommandé de ne pas traverser en raison de sa dangerosité. Pourtant nous l’avons traversée, un peu. Mais peut-être était-ce l’heure de la sieste… On a ainsi pu découvrir la célèbre Bombonera, le stade mythique des Boca Juniors, et toutes les maisons autour du stade qui sont peintes en bleu et jaune, les couleurs du club. On ose à peine imaginer l’effervescence qui doit gagner ces rues les soirs de match. Malheureusement, il n’y en avait point ce jour-là, la saison ne reprenant que quelques jours plus tard.

 

Et puis, surtout, c’est à La Boca qu’on a mangé notre meilleure viande d’Argentine. A l’opposé du Caminito, géographiquement comme touristiquement, dans une petite rue sans intérêt à l’entrée de La Boca, le restaurant El Obrero ne paie pourtant pas de mine. C’est un endroit décoré dans le style d’une cantine populaire, qui propose néanmoins de savoureux – et généreux – bouts de viande, très bien grillés, à un excellent prix (320 pesos – 21 € – pour deux, avec une bouteille de vin et un dessert). On recommande !

 

 

 

 

Et partout, le tango !

Impossible d’associer le tango à un quartier particulier de la capitale. Ce genre musical et cette danse sont omniprésents à Buenos Aires, et on ne peut pas y échapper. Et à vrai dire, tant mieux, car c’est un beau spectacle à regarder. Mais pour en profiter, différents moyens existent :

 

D’abord, le mode touriste passif : dans de nombreux bars et restaurants (à touristes…), des danseurs professionnels, jeunes, beaux et bien habillés, sont à l’œuvre et on peut les admirer entre deux gorgées de vin ou deux morceaux de viande. Et à la fin, on leur laisse un petit billet, bien sûr. Evidemment, nous, ça nous fait moins rêver.

 

Ensuite, le mode opportuniste : il suffit de se balader dans les rues, le samedi soir, ou le dimanche après-midi, pour voir des Porteños danser sur une place, dans un kiosque ou dans un parc. C’est un peu aussi cela qui fait le charme de Buenos Aires, de flâner au hasard d’un quartier et de tomber ainsi sur une milonga en plein air.

 

Enfin, le mode plus impliqué : dans une milonga, ces lieux où l’on danse le tango. Il y en a plein à Buenos Aires, partout et de tous les types. Gratuit ou payant, avec ou sans orchestre, avec ou sans leçons, avec ou sans bar. Nous, on est allé un jeudi soir à la Catedral, un ancien bâtiment « industriel », très haut de plafond, re-décoré et reconverti en espace dédié à la musique et à la danse. Les lieux ont beaucoup de cachet et ajoutent au caractère mystique de la musique du tango. Là, à partir de minuit – car souvent on commence à danser très tard dans les milongas – les couples se mettent en action. Il y en a de tout âge et de tous niveaux. Chacun va à son rythme, plus ou moins vite, plus ou moins fluide, plus ou moins ample. Mais le spectacle de ces couples dansant et tournant tous dans le même sens, en dépit de leur grande différence d’âge, d’expérience et de talent, est vraiment très beau.

 

 

Et pour ceux qui se poseraient la question, non, nous n’avons pas appris à danser le tango. Malgré quelques tentatives nous n’avons pas réussi à nous organiser pour participer à un cours. Et puis c’est une danse assez sophistiquée et qui demande beaucoup de pratique pour arriver à un niveau minimal permettant de se faire plaisir. En plus la musique n’est pas très « festive », on ne voit pas vraiment de gens danser « juste pour s’amuser », les gens sont impliqués, presque sérieux. Alors c’est sûr que ça intimide pour se lancer avec seulement l’heure d’introduction que nous avions eu pendant notre expédition en Antarctique… Alors on se sera contenté du plaisir des yeux et des oreilles.

 

 

 

Déjà l’heure de partir

Après toute une semaine dans cette ville, on peut dire que l’on a beaucoup aimé Buenos Aires. Par sa verdure, la diversité de ses quartiers, le rythme plutôt tranquille du quotidien, la simplicité, le coût des transports et de la vie. On y a aussi fait plein de découvertes culinaires sympathiques, mais ça on vous en parlera dans un autre article.

 

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On aurait pu y rester quelques jours de plus, assurément. Mais on a fini par reprendre la route. Ou plutôt, le bateau, de la même façon que sont arrivés nombre d’habitants de Buenos Aires par le passé. Notre direction : l’autre rive du Rio de la Plata, à Colonia, en Uruguay.



2 commentaires sur “Buenos Aires, par une belle semaine d’été


     lepage maryse a écrit :

    2 mars 2015 à 10:30

    un grd merci pour ces récits , de l’un ou l’autre , de votre progression ds ces pays magnifiques .. Surtout , surtout , qu’il est agréable de vous lire !! Continuez votre périple ds de bonnes conditions ( je pense à l’auto-stop ) et à bientôt sur l’écran pour la suite de votre voyage .


     Benjamin (benontherun.com a écrit :

    4 mars 2015 à 23:43

    Merci à vous 2 de la visite, et bon périple en Afrique !!!
    A la prochaine quelquepart sur Terre ;-)

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