Brèves Nippones #17 – Comment j’ai fêté mes 30 ans dans un izakaya

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L’izakaya est un peu l’équivalent japonais du bistrot français ou du pub anglais. Ce sont des établissements où l’on vient le soir pour boire un verre (enfin plus souvent beaucoup de verres…) entre collègues ou amis, en partageant des petits plats chauds ou froids, plus ou moins raffinés, dans une ambiance décontractée. On s’y installe généralement autour d’un comptoir derrière lequel le patron prépare ses plats. Cette disposition des lieux est censée favoriser la rencontre et l’échange, tant avec les autres clients qu’avec le patron.

 

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Mais entre la difficulté de se faire entendre, à cause du bruit de la télé, inutile et absurde dans un tel lieu, et la vive odeur de cigarette (car au Japon, il est autorisé et courant de fumer au restaurant ou dans un izakaya), notre première expérience, à Beppu, a été un peu mitigée.

 

Avec Sandrine, on a donc cherché à faire mieux à Kyoto, quelques temps plus tard. En plus, notre séjour là-bas a coïncidé pour moi avec le passage du cap de la trentaine. Si loin de mes proches, j’ai souhaité célébrer cet événement de manière un peu locale, à coups de boissons, de bons petits plats et d’échanges avec des Japonais. C’est-à-dire dans un petit izakaya traditionnel, idéalement sans télé ni tabac. Ça tombe bien car à Kyoto le quartier de Pontocho en regorge ! Notamment toute la petite ruelle parallèle au fleuve Kamo, où c’est carrément une succession ininterrompue de petits restaurants et d’izakaya, malheureusement parfois un peu trop guindés et très prisés des groupes de touristes.

 

Mais après un bon moment à tourner dans le quartier, en s’enfonçant perpendiculairement à la ruelle dans une des encore-plus-étroites-contre-allées, on a fini par trouver quelque chose plus en rapport avec nos desiderata. Un tout petit izakaya qui ne paie pas de mine, dans une toute petite ruelle en travaux, avec un seul client à l’intérieur. Jackpot !

 

L’établissement compte cinq-six sièges le long du comptoir, et une seule petite table derrière pouvant accueillir au maximum six personnes. Le patron, jovial et loquace, parle en plus un petit peu anglais. L’unique client, un peu moins, mais ses quelques mots de russe, autant que nous, suffisent à amorcer le contact.

 

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Traditionnellement, quand on s’installe dans un izakaya, on commande d’abord quelque chose à boire, que l’on nous sert avec un petit amuse-bouche qu’il est poli de ne pas refuser, bien qu’il soit facturé à la fin d’un montant surprise. C’est une manière pour le patron de faire payer le service, et qui fait office de pourboire, pratique inexistante au Japon. Et c’est une fois que l’on a commencé à boire que l’on peut commander de temps en temps des petits plats pour grignoter. Le plus souvent, ce sont des yakitori, des brochettes traditionnelles.

 

Mais pour nous, ça ne s’est pas tout à fait passé ainsi. Passée la commande des premières bières et le service du petit amuse-bouche, on s’est vite retrouvés perdus devant la carte, entièrement écrite en japonais. Une chose très courante dans les izakaya traditionnels. Face à ce point de blocage, le patron nous propose un deal très intelligent : on lui donne notre budget pour la soirée, et il nous cuisine des petits plats en conséquence. Banco !

 

Et ça commence en beauté, avec quelques délicieux sashimis. Le thon rouge et le saumon, bien sûr, mais aussi le calamar, un produit que l’on n’imaginait pas si fin et si fondant.

La suite est un peu plus décevante : il nous sert de l’oden, une sorte de pot-au-feu avec des bizarres racines japonaises. L’un des plats que l’on apprécie le moins au Japon. Mais celui-ci est de loin le meilleur que l’on ait dégusté, et la petit moutarde qui va avec le fait passer encore mieux.

Le dernier plat est assez mystérieux, un plat chaud à base de poisson blanc poché et de radis japonais râpé. Il est succulent !

 

Entre temps, les boissons se succèdent, la bière laisse place au sake. Les discussions avec le patron et le client vont bon train également. En partant, celui-ci nous offre même une assiette de marrons grillés. Sympa comme tout !

Puis un autre client entre, un habitué. Il parle bien anglais, et un peu français, et le courant passe très bien. Il nous offre quelques verres de différents sakés. Cette boisson est bien plus fine et subtile que l’eau de vie, abusivement appelée saké, habituellement servie dans les restaurants asiatiques en France. C’est déjà beaucoup moins alcoolisé (autour de 10-12°) puisque produit par fermentation et non distillation, et les variations sont plus nombreuses qu’on ne l’imagine (sec, doux, chaud, froid, un peu distillé, non pasteurisé, fruité…). Mais quand même, il faut reconnaître que c’est loin d’être aussi bon que du vin !

 

Et puis le patron aussi y va de son petit cadeau : en discutant de notre visite au tournoi de sumo à Fukuoka, il m’offre le programme original du tournoi. Un papier très fin où sont inscrits, en kanjis calligraphiés, les noms de tous les lutteurs, arbitres et présentateurs participants. Un superbe souvenir, assurément !

 

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Après nos derniers verres, minuit est déjà passé depuis un moment et il est temps pour nous de rentrer, et pour le patron de fermer. Car habituellement, selon l’ambiance, il ferme vers 23 heures. Des fois, il n’a même personne de la soirée… La concurrence est rude dans le quartier !

Après quelques ultimes photos souvenirs, on découvre qu’il pleut des cordes sur Kyoto ! Alors il nous offre deux parapluies qui traînaient là. Une dernière générosité qui clôture une très belle soirée, la dernière de ma vingtaine.

 

Arigatō gozaimaaaaaaaaashita !!!

 

 



2 commentaires sur “Brèves Nippones #17 – Comment j’ai fêté mes 30 ans dans un izakaya


     Brèves Nippones #21 – Les restaurants conceptuels • Voyage, Partage et Potage (voyagepartageetpotage.com/2015/12/japon-breves-nippones-restaurants-conceptuels a écrit :

    29 décembre 2015 à 08:13

    […] a déjà parlé des izakaya, ces bars traditionnels où l’on vient surtout pour boire des coups. Un concept assez proche […]


     Brèves Nippones #21 – Les restaurants conceptuels • Voyage, Partage et Potage (voyagepartageetpotage.com/2015/12/japon-breves-nippones-restaurants-conceptuels a écrit :

    29 décembre 2015 à 08:13

    […] a déjà parlé des izakaya, ces bars traditionnels où l’on vient surtout pour boire des coups. Un concept assez proche […]

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