Deux cyclos et un cyclone aux Samoa

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Alors que nous profitions de la vie tranquille des Fidji, les habitants nous disaient :

« Oh vous allez aux Samoa après ? Vous allez voir c’est vraiment relax là-bas !« . Ça promet alors.

Et quand nous sommes arrivés à Apia, la capitale des Samoa, on nous a dit :

« Oh vous voulez aller sur Savai’i ? Vous allez voir, ici c’est tranquille, mais là-bas c’est VRAIMENT tranquille !« .

Avec toute cette surenchère de relaxitude et de gens décontractés, nous on était bien curieux de la découvrir cette île de Savai’i, la plus grande des 2 îles principales de l’archipel, mais aussi la plus sauvage.

Là-bas il n’y a qu’une route majeure, qui fait le tour de l’île et qu’on peut parcourir facilement en une journée ou deux en voiture.

Mais on en a décidé autrement.

 

Est-ce qu’emportés par l’idée d’un rythme lent, on a voulu nous aussi se déplacer lentement ?

Ou bien est-ce à force d’entendre des récits enthousiastes de voyageurs à deux roues ?

Ou simplement parce qu’on aime bien ne pas faire comme dans les guides ?

Bref, allez savoir pourquoi, mais on a décidé que les Samoa seraient l’occasion d’un périple à vélo. Une semaine pour faire le tour de l’île de Savai’i avec la petite reine.

200 kilomètres.

« Vous allez faire combien de fois le tour de l’île en une semaine ? » Se raillaient les plus vils de nos amis.

Mais ils avaient oublié le facteur « pause snorkeling en eaux turquoises » qui ralentit grandement la vitesse moyenne de pédalage !

Et nous on n’avait pas pris en compte le facteur « cyclone »…

 

 

J1 – Du vélo aux Samoa

km 0 – Mulifanua

Il nous a fallu creuser un peu avant de trouver un loueur de vélos aux Samoa.

« – You want to cycle, you mean motorcycle ?

 – No, no ! Bicycle !

 – Oh ! Why ???? »

A l’office du tourisme, ils étaient plutôt amusés. Ce n’était pas la première fois que quelqu’un posait la question, mais c’était presque une légende urbaine.

Genre, je connais quelqu’un qui connait quelqu’un qui a déjà vu un touriste à vélo…

Bon au final il n’y aurait a priori qu’une seule agence de location : Outdoor Samoa sur l’île d’Upolu, à trois kilomètres au sud de l’embarcadère.

Du coup, évidemment, ce n’est pas donné, et louer un scooter revient moins cher que deux vélos. Mais là, la sueur est offerte.

 

Cela dit, l’organisation est parfaite, les vélos sont solides, en très bon état, légers. On a chacun une petite sacoche devant et une grosse sacoche derrière pour nos vêtements et autres affaires indispensables.

Par pur souci d’équilibre et donc de sécurité, on installera les deux grosses sacoches sur le vélo de Benoît, pendant que j’aurai la responsabilité de la carte.

 

Et en avant Simone.

Casque sur la tête, eau bleue turquoise sur notre gauche, voitures à droite.

Oui parce qu’ici on roule à gauche… depuis 2009… pour s’adapter aux voitures australiennes et néo-zélandaises qu’ils importent.

 

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Au bout de 3km, plats, en bord de mer, avec une agréable brise dans les cheveux, nous voici déjà au ferry.

Bien.

3h d’attente, 1h30 de traversée sous la pluie.

Pas bien.

 

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km 3 – Salelologa

Roue à terre, nous voici à Savai’i !

On entame la boucle de l’île par le nord.

Des maisons, des salles communautaires, une église, une école, une autre église, encore une église, des maisons, panneau de changement de village. Des maisons, des salles communautaires, une église…

Les villages se suivent et se ressemblent. Tout comme les fale (prononcer falé), les maisons traditionnelles samoanes.

 

km 21 – Lano

Justement il est temps de s’arrêter pour la nuit dans notre première beach fale.

Le concept est simple : une hutte au bord de la plage.

Une dizaine de poteaux en bois sont disposés en ovale. Ils soutiennent un toit recouvert de feuilles de cocotier, parfois de tôle. Au sol on trouve un plancher en bois, généralement surélevé, pour une surface d’environ deux lits doubles.

 

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Mais point de lit dans les beach fale, une natte, un épais matelas double et une moustiquaire seront notre couche pour la nuit. Et le seul mobiliers des huttes. Traditionnellement les beach fale sont fermées par des murs amovibles en feuilles de cocotier tressées, mais il n’est pas rare d’en trouver simplement fermées par des bâches plastiques.

 

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Au Samoa, oubliez les hôtels, la beach fale est le mode d’hébergement principal et le moins onéreux.

Surtout que la nuit en fale comprend aussi le dîner et le petit déjeuner, que le(a) tenancier(ère) préparera pour vous. Parfois basiques, parfois un régal, ces repas sont surtout l’occasion de profiter de la cuisine locale et de discuter avec les propriétaires.

Les établissements sur Savai’i sont de petites tailles, avec une dizaine de fale tout au plus.

Mais nous avons été seuls plusieurs fois et nous avons bien apprécié ce petit luxe. La baignade du soir dans une eau turquoise, le coucher de soleil en sirotant une petite bière, un poisson fraichement pêché dans l’assiette et une nuit bercée par le bruit des vagues.

Que demander de plus !

 

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Et après cette première journée à pédaler, on s’endort bien vite dans ce petit coin de paradis.

 

 

J2 – Architecture

km 21 – Lano

Cette fois-ci c’est parti pour une journée complète de vélo. Elle commence comme la précédente s’est terminée : maisons, salles communautaires, églises, maisons…

Ces salles communautaires sont en fait des fale tele, de construction similaire – ovale ou ronde – aux beach fale mais beaucoup plus grandes. Et non fermées.

Les plus vieilles sont en bois, les plus récentes en béton et tôle ondulée et même parfois rectangulaires.

 

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Ces fale tele que l’on retrouve dans chaque village ou complexe familial sont des lieux de rencontre pour les événements du village (cérémonies, discussions importantes, funérailles, …).

 

De plus petites fale communautaires au bord de la route servent parfois simplement de lieu ombragé pour se reposer dans la journée.

Chaque maison familiale a aussi son patio à l’entrée, un espace ouvert où les visiteurs sont reçus. Les Samoans aiment les lieux ouverts et il y a toute une vie dans ces patios. On y trouve même régulièrement la télévision !

 

Crac la pluie. On se réfugie dans la première petite épicerie au bord de la route. On réussit à négocier des sacs plastiques pour couvrir les sacoches de devant qui ne sont pas étanches. Et roulez jeunesse.

 

 

201604 - Samoa - 0059km 41 – Sale’aula – Lava fields

Après un premier passage dans la forêt où on se sent seuls au monde, nous arrivons dans des champs de lave issus de l’éruption ravageuse de 1905. Nous sommes accueillis dans une fale par trois femmes qui gèrent les tickets. Ou deux femmes qui aident la personne qui gère les tickets à passer le temps…

 

Et en attendant que la pluie diminue elles nous offrent un koko samoa. Mmmmmmh c’est du chocolat chaud fabriqué à partir de cacao pur. Un délice très fort en goût de chocolat, le vrai.

 

 

km 54 – Manase

Il parait que c’est LE coin des tortues. On lance une première tentative le midi, mais le courant est trop fort et après une bonne demi-heure dans l’eau on ressort bredouille et lessivé.

Deuxième tentative le soir, on aperçoit effectivement la petite tête de quelques tortues sortir de temps à autre hors de l’eau. Malheureusement on tombe sur la seule (peut-être qu’on exagère un peu) plage de l’île où l’eau est trouble !

Et il est hors de question de payer pour aller nager avec des tortues enfermées dans un bassin dans le village voisin. Alors nous attendrons Hawaï (spoiler – teaser) pour réellement nager avec des tortues.

 

201604 - Samoa - 0061

 

J3 – Surprises samoanes

km 58 – Mataolealelo spring

On nous avait parlé d’une superbe piscine naturelle et on se retrouve devant deux bassins en pierre dont le principal est interdit aux femmes. On range les idées de baignade et on fait demi-tour.

Mais la gardienne veut nous faire payer. Pour avoir vu. Depuis derrière le muret de 50cm de haut.

Really ?!!

On esquive évidemment.

 

Sur la route nous croisons régulièrement des enfants qui nous saluent. Ils nous font un signe, parfois de loin, et nous crient « Bye bye« . (Pourquoi ?!?) Ou, plus exactement, ils crient « Paï paï« .

Car le « B » n’existe pas en Samoan. Comme beaucoup d’autres consonnes d’ailleurs car il n’y a que 14 lettres dans l’alphabet !

5 voyelles – a, e, i, o, u – et neuf consonnes – f, g, l, m, n, p, s, t, v ! Et ils s’autorisent l’utilisation de h, k, r pour les mots étrangers.

Ici on s’appelle donc Penoît et Santline :)

 

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Et il y a aussi le « ʻ » qui n’est pas une apostrophe, mais un signe appelé okina qui représente un « coup de glotte ».

« Le coup de glotte ou consonne occlusive glottale est une consonne dont la description en phonétique articulatoire est l’occlusive glottale sourde« . Wikipedia. Sinon vous pouvez aussi écouter un coup de glotte ici.

 

Mais il nous faudra attendre Hawaï pour rencontrer le plus petit alphabet du monde, 12 lettres plus l’okina ! Les 5 voyelles et h, k, l, m, n, p, w.

On deviendra alors Penoît et Panwline…

 

 

km 75 – Aopo

Une côte ! Surprise !

Et c’est seulement au bout d’une heure de montée sous un soleil de plomb que nous trouvons enfin un village où acheter de l’eau. Plus exactement les deux dernières bouteilles (de 50cL) disponibles…

 

Régulièrement sur la route on remarque des bouteilles de gaz accrochées aux arbres ou devant les maisons. ?!?

 

201604 - Samoa - 0301

 

Après plusieurs demandes infructueuses, on apprendra à la fin du séjour qu’ils utilisent ces bouteilles comme des cloches. Pour la prière ou pour appeler les bêtes.

 

Mais on n’est jamais au bout de nos surprises aux Samoa. Et il nous reste un mystère non résolu. Pourquoi est-ce qu’ils mettent des plaques de chutes de tongs sur les toits ?

 

 

 

km 90 – Asau

Déjeuner bien mérité rime aussi avec sieste sous les cocotiers.

 

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km 94 – Vaisala

Dernière surprise du jour : pas de beach fale dans ce village. Seul un hôtel quasi vide nous attend. Il faut dire qu’à Savai’i le choix d’hébergement n’est pas grand et en vélo nous n’avons pas trop d’options différentes, les étapes se font aussi en fonction des hébergements disponibles. Cela dit snorkeling et coucher de soleil, on ne se plaint pas.

 

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J4 – Cinq talas s’il vous plait

km 99 – Sataua

Aïe, là ça monte sévère ! Qui a dit déjà « Samoa = plat » ?

On avoue, on a mis le pied à terre…

 

km 106 – Canopy walkway and co

Nous arrivons dans la zone d’attractions touristiques de Savai’i. A tel point qu’ils ont créé un « billet combiné ». A peine 20 tala (7€) pour découvrir trois sites (d’exception).

La monnaie samoane s’appelle le tala et vous aurez bien sûr reconnu la translittération directe du mot « dollar »… avec les lettres dont ils disposent…

 

Le premier arrêt est un pont suspendu dans la forêt tropicale. Après la mouvante mais jolie traversée on grimpe sur un arbre géant et on se retrouve au-dessus de la canopée. De là nous avons un superbe panorama sur la forêt qui s’étend à perte de vue.

 

201604 - Samoa - 0092 201604 - Samoa - 0096

 

Quelques kilomètres après, nous arrivons à Moso footprint. La plus grosse blague de l’histoire des visites samoanes !

Un trou dans la lave de la forme d’un pied de géant (certains diront de la Corse, mais quel est le rapport avec les Samoa ?). Malheureusement la dame qui semble gérer le lieu ne parle pas anglais, aucune info sur la lave ou la légende donc. Par contre « ten tala » ça elle sait le prononcer correctement. 4€ pour regarder une forme au bord de la route, ils exagèrent quand même. Heureusement c’était inclus dans le fameux billet combiné.

 

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Et ce n’est pas fini, un peu plus loin, on s’arrête devant une église en ruine qui semble abandonnée. Que nenni, un garçon accourt :

« Vous voulez voir l’église ? C’est 5 tala ! »

 

Ici tout est à 5 tala ! Grosso modo quoi que vous fassiez ou regardiez, vous serez toujours chez quelqu’un, qui vous demandera donc le classique « five tala« . On est d’ailleurs prévenus par la brochure de l’office du tourisme. Ce n’est donc pas du tout la culture de l’arnaque. Et les braquages sont toujours fait avec le sourire.

Alors pour aller se baigner sur une plage privée (elles le sont toutes…), admettons. Mais quand des voyageurs nous ont dit qu’ils avaient dû payer parce qu’ils s’étaient arrêtés à côté d’une cascade au bord de la route, nous on dit stop !

Mais on pense qu’ils sont conscients d’abuser, car dans les cas comme ça, on est toujours parti en disant qu’on n’était pas intéressé et ils n’ont jamais insisté.

 

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km 114 – Falealupo

On est au bout de la péninsule, le village est désert, et pour cause ils sont tous réunis pour l’enterrement d’une vieille dame.

Cet endroit est réputé pour avoir le beau coucher de soleil de l’île. On aura eu la plus belle pluie…

Le repas de 19h arrive à 17h30… Il faudra vraiment qu’on comprenne un jour pourquoi ils mangent si tôt !

 

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J5 – Là où on parle du cyclone et des chefs de famille

km 124 – En pleine côte – 10h10

Encore une matinée qui monte. Et cette montée n’est pas près de s’arrêter. Ça fait déjà 1h qu’on grimpe, j’ai posé le pied à terre depuis peu et pousse mon vélo.

Tiens, une voiture qui arrive, c’est la première de la journée. Un pick-up. Un peu tôt pour abandonner et faire du pick-up – stop, j’en ai encore sous le pied.

Mais le véhicule s’arrête de lui-même. Et je reconnais Sale, un Samoan que nous avions vu la veille.

« – Je vous cherchais !

 – ?!?

 – Un cyclone arrive, catégorie 3, il sera là vers 13h. Vous n’aurez pas le temps d’atteindre le prochain hébergement. Montez et on en discute avec votre ami. »

Ben oui, Benoît a quelques minutes d’avance sur moi…

Il regarde d’ailleurs le pick-up avec suspicion. Un mélange de « Elle a déjà abandonné ?!? Il lui est arrivé quelque chose ?!? »

Après discussion on prend la décision la plus sage : aller avec lui jusqu’à un endroit sûr.

On est surtout très étonnés (et vraiment agréablement surpris) qu’on se soit inquiété pour nous et que Sale ait fait toute cette route pour nous retrouver. Il nous apprend qu’on est d’ailleurs les seuls en vélo sur l’île.

 

km 124 – Satuiatua et le cyclone

On arrive chez Fila et tout le monde se connait.

Elle se prépare tranquillement – pourquoi se stresser ? – pour l’arrivée du cyclone qui finalement ne devrait s’approcher que vers 19h.

On l’aide à regrouper tables et chaises au centre du restaurant, une fale ouverte, pour limiter la prise au vent et on enlève tout ce qui peut s’envoler.

Elle nous prépare un matelas dans la cuisine attenante à la salle commune, de l’autre côté de la rue. Il est plus sage de ne pas rester au bord de l’eau à l’approche d’un cyclone…

On fait aussi connaissance avec la grand-mère, Leiula, chef de famille au fort caractère mais extrêmement gentille.

 

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Il y a beaucoup de chefs aux Samoa, les matai. Et ils ont une place très importante dans la société.

Chaque famille élargie – un ensemble de gens issus d’un même « ancêtre fondateur », que l’on peut donc voir comme un clan – élit un matai.

Il est choisi à l’unanimité par tous les membres de la famille, pour son mérite mais aussi en fonction de son travail, son revenu, ses talents oratoires ou sa capacité à prendre soin de la famille.

Et lorsqu’un matai meurt, c’est un membre de la génération suivante qui sera désigné lors d’un conciliabule qui peut parfois durer des mois jusqu’à ce qu’il y ait consensus.

Ces clans possèdent aussi des matai de moindre importance et au pouvoir – et responsabilités – restreintes.

 

201604 - Samoa - 0019Chaque village est régit par une assemblée regroupant les différents matais principaux. Ils se retrouvent dans la fale tele du village pour gérer les conflits locaux, suivant un protocole très strict (position des personnes dans la fale, prises de paroles, cérémonies…).

Seuls les matai peuvent devenir députés, ministre ou chef d’état et d’ailleurs jusqu’en 1991 ils étaient aussi les seuls à avoir le droit de vote.
Par contre, homme comme femme peuvent devenir matai.

 

Et l’intronisation d’un nouveau matai se fait lors d’une cérémonie très complexe autour du ‘ava.

‘ava, ou la translittération de kava, la même boisson que l’on avait goûtée aux Fidji.

 

On reconnait surtout les matai à leurs impressionnants tatouages, le pe’a ou male tatau. Le mot anglais tatoo en serait d’ailleurs dérivé. Pour les hommes le pe’a s’étend de la taille jusque sous les genoux, très dense, certaines surfaces étant entièrement noires. Ouch.

Le tatouage peut durer des semaines et est toujours réalisé traditionnellement avec de l’encre noire et des outils en bois, os et carapace de tortue. Il s’agit d’un vrai rituel de passage et d’une marque de courage pour le chef en devenir.

Pour les femmes le pe’a se restreint aux cuisses uniquement et un peu moins dense.

 

On doit abandonner ces passionnantes discussions avec Leiula pour aller manger très tôt et ne pas être surpris par le cyclone.

 

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La nuit tombe. Et vers 20h, le vent se lève, la pluie commence.

On part dans notre chambre-bunker. Mais de là on loupe le spectacle. Alors on rejoint les employées dans la salle commune ouverte au vent.

Le moment est impressionnant. Les vents deviennent violents, les premières branches se cassent.

D’un seul coup, plus de courant. On se retrouve dans le noir, entourés par le bruit du vent. On rentre tous dans notre chambre.

A l’extérieur le vent est vraiment terrible et des branches peuvent voler à l’intérieur du hall ouvert. Mais dans la chambre on se sent en sécurité. On écoute, on discute un peu, on s’allonge et finalement, bercés par le chant du cyclone, on s’endort. Qui l’eut cru !

 

On se réveille vers 23h, le vent est tombé, Amos est passé.

Commence alors la plus difficile partie de la nuit. Celle où une des employées se met à ronfler très très fort, très irrégulièrement, très désagréablement. Une heure d’insomnie, puis comme avec le cyclone, le ronflement s’en est allé…

 

 

J6 – Un dimanche à Satuitua

km 124 – Satuitua, un dimanche

On découvre les dégâts : des branches partout, parfois grosses, arrachées des arbres. Pas trop de choses cassées, la propriétaire est soulagée. A priori pas de victime ou blessé dans les alentours. Tant mieux !

 

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Par contre il y a du boulot de nettoyage pour enlever toutes ces branches.

Mais pas aujourd’hui ! Car « on est dimanche et on ne fait pas de gros travail le dimanche ! » Sic.

Enfin, bon, en semaine ils ne sont pas très speed non plus. Même avec nous deux comme seuls clients et plusieurs employées à nous tourner autour, il leur avait fallu 20 minutes après notre commande pour nous dire qu’ils n’avaient pas de pain pour faire un sandwich…

Mais, soit, profitons de la journée alors.

 

D’abord la messe.

Tout le monde est en blanc. Sauf nous. Ça chante, le prêtre parle pendant un moment, ça rechante. C’est beau. Le prêtre fait son prêche avec un ton un peu vindicatif. C’est moins plaisant. Il dit que quand ça va mal, comme avec un cyclone, tout le monde prie Dieu, mais qu’ensuite les gens l’oublient quand les choses vont mieux. Alors qu’il faut aimer Dieu tous les jours bien sûr.

Enfin c’est ce que nous a expliqué Leiula en sortant car la messe c’est tout en Samoan…

 

Mais le dimanche c’est surtout le jour où l’on mange. Et nous on attendait ça avec impatience ! Depuis le temps que les Samoans nous parlent les yeux remplis d’étoiles de leur déjeuner dominical, on est vraiment curieux !

Malheureusement on a loupé la préparation de l’umu, le four dans le sol, car ils l’ont fait à 4h du matin !

Malheureusement on n’aura pas de grande réunion familiale non plus car ils sont partis pour un événement extérieur. Alors ce sera juste une repas avec la grand-mère (mais pas Fila, la propriétaire, ni les enfants. Pourquoi ?)

Et quel repas !

C’est vrai qu’ils ont préparés plein de choses. Du taro, du riz, des vermicelles, du poulet, du porc et surtout du palusami (des feuilles de taro au lait de coco) et deux énormes (et quand je dis énormes…) homards !

Un régal !

 

201604 - Samoa - 0130

 

 

J7 – Le retour des 5 talas

km 136 – Alofa’ago Blowholes

C’est pas tout ça mais faut reprendre le vélo !

Premier arrêt : les blowholes, d’impressionnant geysers en bord de mer. Surtout lorsque les vagues s’y mettent aussi !

 

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Normalement un vieux monsieur jette des noix de coco dans les trous et elles se retrouvent propulsées en l’air. Tu découvres alors que tu dois aussi propulser 5 talas hors de ta poche en direction de la sienne.

Mais lors de notre passage, personne. Jusqu’à ce qu’une dame arrive 10 minutes plus tard.

« Ah mais vous avez garé vos vélos après la pancarte, c’est chez mon fils là ! C’est 5T chacun. »

On a bougé nos vélos de 10m et on n’a pas payé. Faut vraiment arrêter ce monnayage de tout !

 

 

km 167 – Afu Aau waterfall

Des chutes sans rien d’extraordinaire mais un bain rafraîchissant bienvenu au milieu de cette grosse dernière journée de pédalage.

 

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km 176 – Salelologa

On découvre encore de nouvelles façon de faire payer plus : séchage 15T, mais seulement 6 vêtements ! 1h de retard sur le check-out 20T, ménage dans la chambre 30T…

Pourtant on est loin d’être dans le luxe dans cette fale.

 

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J8 – Le ligne d’arrivée

km 177 – Ferry

Le dernier kilomètre pour rejoindre le port est une formalité. Et cette fois-ci c’est un soleil radieux qui nous accompagne sur le ferry pour notre retour sur l’île d’Upolu.

Bye bye jolie Savai’i !

 

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km 180 – Outdoor Samoa

J’ai la tête dans le guidon, les pieds vissés sur les pédales, un mental d’acier, des cuisses en béton, plus que quelques mètres d’effort et voilà je franchis la ligne d’arrivée en tête après 180km en queue de peloton. Quelle belle remontée !

J’aurais pu lever les deux bras sur le finish pour exprimer ma joie, si d’une part je savais faire du vélo sans les mains et si d’autre part l’entrée d’Outdoor Samoa faisant office de ligne d’arrivée n’était pas une allée en gravier.

Je me contenterai d’un sourire.

 

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J9-10-11 – Et maintenant repos à la plage

Mais pour ça il faut prendre deux bus. Et ils sont drôles leurs vieux bus en bois tous plein de couleurs !

 

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Ce qui est un peu moins agréable c’est la musique à fond bien sûr. Et quelle musique !

On prend un hit commercial des dernières années, on en extrait la mélodie, qu’on associe avec une boite à rythme des années 90 et un beat de techno bien grave et vous avez la musique préférée des chauffeurs de bus locaux !

 

On jette notre dévolu sur Lalomanu, une des dix plus belle plages du monde, dixit le Lonely Planet. Rappel : toujours prendre avec des pincettes ce qu’on lit dans les guides.

Mais c’est vrai c’est une jolie plage. Et puis chez Anita Beach Fale on est les seuls clients, alors qu’à côté c’est bondé.

 

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Tautala, la sympathique tenancière passe sa journée à jouer aux cartes, une cigarette à la bouche. C’est elle qui nous aidera à finalement résoudre le mystère des dîners de milieu d’après-midi.

« – Diner à 17h.

 – Mais pourquoi si tôt ???

 – Parce qu’après les filles doivent rentrer chez elles à pied et il ne faut pas qu’il fasse trop noir. »

Tout s’explique ! Une courtoisie qui ferait surement rêver quelques employés du secteur de la restauration chez nous… Moins les clients…

 

 

Le mercredi soir dans la fale d’à côté c’est fiafia. Un mot qui veut dire joyeux, festif.

Et surtout qui implique un spectacle de chants et danses samoanes. Ils sont une dizaines d’hommes et une femme en tenues touristico-traditionnelles.

 

201604 - Samoa - 0262

 

Ce n’est pas un haka, mais on sent qu’il y a de l’énergie guerrière derrière leurs danses. Les hommes sautent, crient, se frappent la poitrine. C’est super punchy, ça envoie de la goutte de sueur au plancher.

Et quand la femme prend le relais, c’est gracieux, c’est lent, c’est raffiné, mais disons-le, c’est un peu plan-plan.

Le spectacle se termine par un impressionnant danseur de feu qui fait tournoyer un bâton enflammé des deux bouts très très vite et dans des mouvements qui nous paraissent bien dangereux. Très impressionnant.

 

 

Le lendemain on part visiter to sua trench, une piscine naturelle au fond d’un trou de 30m dans de la roche volcanique. Dit autrement, une eau bleue turquoise dans une halo de plantes vertes.

 

201604 - Samoa - 0289

 

C’est beau ! Et ça donne le vertige quand il faut descendre par une petite échelle de bois au fond du précipice.

Mais quelle récompense de nager dans cette eau fraiche, calme et transparente. Et quand la marée le permet, on peut aussi rejoindre l’océan par un tunnel dans la roche.

 

201604 - Samoa - 0274

 

 

 

Et pour notre dernier jour dans l’archipel, on se laisse encore surprendre par ce que les Samoa ont à offrir. Cette fois-ci il s’agit de religion.

On avait entendu parler d’un temple magnifique à New Delhi, un temple d’une religion qui nous était inconnue : le Baha’isme.

Par manque de temps nous n’avions pas pu le visiter et nous avons manqué aussi de peu celui de Sydney. Alors quand on a découvert qu’il existait un temple, ce qu’ils appellent « une maison d’adoration », aux Samoa, on s’est arrangé pour le visiter.

Surtout qu’il n’existe que 8 maisons d’adoration dans le monde : Chicago (USA), Kampala (Ouganda), Sydney (Australie), Francfort (Allemagne), Panama (Panama), Apia (Samoa), New Delhi (Inde), Santiago (Chili). Un choix de pays qui déjà interpelle.

 

201604 - Samoa - 0310

 

Cette religion a débutée en 1844, en Perse, lorsque son fondateur Baha’u’llah se dit porteur d’un message divin, un nouveau messie.

Au cœur de son message se trouve la conviction que l’humanité forme une seule et même famille et que le moment est venu pour elle de s’unir en une société mondiale.

Baha’u’llah aurait rédigé plus de 100 volumes, soit 15 fois la Bible ou 70 fois le Coran !

Quelques extraits de ses enseignements dont on nous a parlé sur place et qu’on retrouve ici :

– l’âme rationnelle n’a ni sexe, ni race, ni ethnie, ni classe, ce qui rend inadmissible toute forme de préjugés

– Dieu est un, au-delà des diversités culturelles et des interprétations humaines et toutes les religions du monde sont les expressions successives d’une seule et même foi

– la religion et la science sont deux systèmes complémentaires de connaissance et de progrès pour la civilisation

 

Ça commence à devenir vraiment intéressant ce genre de propos de la part d’une religion.

 

201604 - Samoa - 0308

 

Dans la maison d’adoration, on peut lire sur les murs des citations qui vont dans le même sens. A l’entrée on retrouve une bible, un coran, un livre d’Hare Krishna au milieu des écrits du fondateur et ils ont l’habitude de lire des extraits des divers livres saints lors de leurs prières.

 

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Religion qui nous était totalement inconnue mais qui est pourtant présente dans plus de 235 pays et territoires, avec plus de 6 millions de fidèles et des livres traduits en 800 langues ! Impressionnant.

Mais pas assez pour y trouver la foi.

 

 

« La Terre n’est qu’un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens » Baha’u’llah.

Dans une heure on embarque pour les Etats-Unis, on verra si les officiers d’immigration seront du même avis.

 

 

 



4 commentaires sur “Deux cyclos et un cyclone aux Samoa


     Estelle a écrit :

    30 juillet 2016 à 00:20

    Coucou ,
    Ça m’a bcp fait penser à Huahine en Polynésie , une île bien calme et encore assez sauvage…
    Les bus et la musique , ça rappelle Tahiti aussi…
    Je piquerais bien une tête dans le trou de to sua trench !
    Bizoo les amis


     Frisita (voyagepartageetpotage.com a répondu :

    31 juillet 2016 à 06:16

    J’ai regardé quelques images d’Huahine : wahou ! A garder dans un coin de nos têtes pour le jour où on ira en Polynésie…


     Alexandra a écrit :

    8 août 2016 à 23:09

    Je viens de decouvrir votre blog et j’adore! Bien ecrit, de magnifiques photos, des anecdotes qui font sourire et des infos culturelles et historiques, tout y est!
    Je vais me rendre aussi aux Samoa pour faire le tour des deux iles a velo (j’emmene le men de Nouvelle Zelande) et je me demandais combien vous aviez paye en moyenne dans les fale par nuit et par personne.
    Je vais tres surement aller faire un tour au temple Baha car je n’avais jamais entendu parler de cette religion, tres interessant.
    Merci pour toutes ces infos et bonnes adresses!


       Benito (voyagepartageetpotage.com a écrit :

      19 août 2016 à 16:33

      Bonjour Alexandra, et merci beaucoup pour ton commentaire !
      Pour les fale, on a payé entre 60 et 75 tala par personne et par nuit (soit entre 20 et 25 €). Ce prix comprend toujours le dîner (servi un peu trop tôt…) et le petit déjeuner.
      Ce lien, un peu ancien, pourrait t’être utile pour ton voyage :
      http://www.budgetaccommodationsamoa.com/map/
      Et si tu veux plus d’infos sur les fale où on s’est arrêté, n’hésite pas.

      Quant au temple baha’i, au sud d’Apia, on a trouvé qu’il valait bien le petit détour. C’est vraiment une religion très intéressante, et ses fidèles se feront un plaisir de te le faire visiter et de répondre à tes questions !

      Alors, on te souhaite une bonne découverte des Samoa et un très bon périple à vélo. C’est clairement un excellent moyen de visiter ces petites îles.
      Et bon courage pour Upolu, car ça va monter bien plus que Savai’i !

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