Nos premiers rhums cubains, de la Havane à Viñales
PubliÉ le Catégories : Cuba. Tags : danse, rencontre.
Le premier mojito
Nous avons retrouvé Ania, l’ancienne collègue de Sandrine, à notre arrivée à l’aéroport. Quel plaisir d’être ainsi attendus ! Après une visite de quelques quartiers excentrés de la Havane en voiture, et avec une belle averse en prime, nous finissons notre journée de voyage en terrasse, sur le Malecon, avec notre premier mojito.
On ne sait pas si c’est l’effet « fin de journée de voyage » ou « premier mojito à Cuba », voire même « premier mojito depuis bien longtemps », mais 3 semaines après, on s’en rappelle encore ! Un bon équilibre entre le sucre, l’acidité, la menthe et l’alcool, de très fines bulles et tellement frais ! Notre séjour à Cuba démarre bien !
La vieille ville de la Havane
La Havane devait être une ville sublime il y a quelques décennies : des maisons très colorées, des façades finement travaillées, des petites ruelles ombragées… Mais tout cela n’est plus ! Aujourd’hui, nombre de ces maisons, pour celles qui tiennent encore debout, sont écaillées, grises, délabrées. Les fils électriques s’entrecroisent de partout au-dessus des ruelles. Et certains blocs ont laissé place à de bien moches bâtiments en béton de style soviétique, eux-mêmes en très mauvais état.
Sur les grandes avenues circulent bruyamment des voitures anciennes, qui ont perdu beaucoup de leur éclat. Un Cubain assis sur le pas de sa porte avec un cigare, une ’54 Plymouth qui passe lentement dans une rue colorée : l’image d’Epinal de Cuba est bien là, mais terriblement défraîchie.
La Coppelia
Apparemment, les Cubains sont fans de glaces. Avec la chaleur qui y règne toute l’année, on les comprend aisément. Et à La Havane, le meilleur lieu pour apprécier ces glaces s’appelle la Coppelia. Enfin, c’est ce qu’on nous a dit. Car quand on est arrivé là-bas, un agent nous a redirigé vers la mini Coppelia dédiée aux touristes. La vraie Coppelia serait réservée aux Cubains. Précisons que, comme tout plein de choses à Cuba, la Coppelia est un magasin géré par l’Etat, avec par conséquent des tarifs très préférentiels pour les Cubains. En tout cas, la Coppelia du touriste, en plus d’être bien plus chère, est une grande déception. Seuls quatre parfums ultra-originaux sont proposés (vanille, fraise, chocolat et mantecado, proche de la glace au yaourt). Et au goût, ces glaces nous ont même paru plutôt mauvaises. On est quand même curieux de savoir si c’est toujours comme ça, ou si nous n’avons pas eu de chance… Et dire qu’on s’était fait une fête de cette première glace !
Dîner Cubain
Nous avons retrouvé Ania chez ses parents, qui nous ont invités à découvrir quelques spécialités cubaines. Et pour commencer, bien sûr, un bon rhum ! Du jus de citron, du miel, de la glace, le tout généreusement arrosé de Havana Club : nous découvrons la Canchanchara. Tellement rafraîchissant !
Ensuite, Benoît est nommé, pour sa plus grande joie, responsable de la préparation des bananes plantains. De larges tranches de banane plantain que l’on fait frire dans une bonne poêle d’huile, un régal ! Et pour le plat principal, nous avons eu droit à un riz aux crevettes accompagné de salades de chou et d’avocat. Une combinaison typique de la gastronomie cubaine.
Nous terminons la soirée en donnant des nouvelles d’Ernesto, par une petite vidéo qu’on avait faite à Miami. Nous enverrons en retour à Ernesto une nouvelle vidéo que l’on a faite avec sa sœur et ses parents. On aime bien faire les petits messagers.
Les monnaies à Cuba : et mon CUC, c’est du poulet ?
Sur le plan social, économique, politique, Cuba est un pays vraiment unique. On ne rentrera pas dans la complexité de son histoire et du système communiste qui le régit, des tas d’ouvrages expliqueront cela bien mieux que nous. Néanmoins, il est important de préciser qu’à Cuba, deux monnaies coexistent aujourd’hui.
Les Cubains utilisent majoritairement le peso cubain (moneda nacional) et les étrangers le peso cubain convertible (CUC). Le CUC a parité fixe avec le dollar (1 CUC = 1 USD). Mais attention, ne venez pas avec des dollars américains à Cuba, leur change est surtaxé de 10%. Et le peso cubain a parité fixe avec le CUC : 1 CUC = 24 pesos.
Avec ces taux de change, on voit tout de suite pointer le bout du nez d’une économie à deux vitesses.
En effet, les Cubains sont majoritairement payés en pesos, avec un salaire moyen de 350 pesos par mois (environ 15 CUC, soit 15 $US). De l’autre côté, l’industrie touristique ne fonctionne qu’avec les CUC. Par exemple, un dîner chez un particulier coûte entre 6 et 10 CUC, 1 cours de danse d’une heure 5 CUC par personne, etc. Il en ressort une importante différence entre les Cubains qui ont accès aux touristes et leurs CUC, et les autres. Pour autant, on n’a pas du tout vu d’étalage de richesse dans le pays, chez personne.
Cette économie à deux vitesses fonctionne dans de nombreux secteurs. On l’a vu à la Copelia, où les étrangers n’avaient pas accès aux glaces des Cubains. C’est aussi le cas dans les transports.
Pour les grandes distances, il existe deux bus : celui pour Cubains, qui se paie en pesos et qui est interdit aux étrangers, et celui qui se paye en CUC, ouvert à tous mais financièrement inaccessible à la majorité des Cubains.
En ville, c’est un peu différent. Il n’y a pas de bus payable en CUC. Les étrangers peuvent donc prendre les bus locaux, même s’il leur est conseillé de prendre le taxi. Nous, on a voulu essayer le bus, bien sûr…
Le système de transports en commun de la Havane est une chose très complexe : pas de plan du réseau, pas d’horaires et les arrêts sont difficilement identifiables. On a d’ailleurs eu beaucoup de mal à trouver l’arrêt du bus 27, celui qui nous permettait d’aller à la gare routière. Mais on a réussi à monter dedans après un petit sprint. Et moyennant 2 pesos (0,1 CUC), on y a pris place, serrés contre la porte avec nos gros sacs. Benoît a même failli y laisser son pied gauche, qui s’est retrouvé coincé lors de la première ouverture de porte. Les bus locaux sont en effet bien bondés, très vétustes et à la décoration parfois bien étrange. Dans le notre par exemple, des canettes de bières vides pendouillaient devant le chauffeur. Mais c’est aussi ce qui fait le charme de Cuba, et rien que pour cela, ça vaut le coup d’essayer les transports locaux.
Les casas particulares
Autre particularité de Cuba, il est interdit d’y héberger des étrangers chez soi. Cela est seulement possible pour les casas particulares, qui ont l’obligation de déclarer à l’Etat qui et combien de temps elles hébergent, et doivent lui reverser une partie de l’argent perçu. Nous avons opté pour ce mode d’hébergement, cela pouvait représenter l’occasion de découvrir un peu la vie dans une famille cubaine. Et puis on n’allait pas prendre des chambres d’hôtel quand même.
En plus de l’hébergement, les casas particulares proposent généralement le petit déjeuner et le dîner, qui se paient en CUC et ne font pas l’objet d’une déclaration officielle… Un bon moyen de mettre des épinards sous le beurre, donc.
Elles proposent aussi quelques « services touristiques » : excursions, cours de danse, massages, manucure, taxi… Ces services sont réalisés par la famille ou les amis de la casa. Ici tout marche par réseau, et d’ailleurs les propriétaires sauront toujours vous proposer une casa pour votre prochaine destination.
Au final, nos expériences auront été plutôt mitigées dans ces casas. En effet, on ne partage pas vraiment la vie de la famille, on ne prend pas les repas avec eux, on ne sait même pas ce qu’ils mangent d’ailleurs. Dans certaines casas, les propriétaires ne nous parlent même que des services qu’ils ont à vendre, et rien d’autre. Pas très intéressant. Mais on peut aussi tomber sur des familles très sympathiques. Question de chance.
Cela reste quand même une très bonne alternative à l’hôtel, plus économique et dont les retombées financières restent majoritairement locales.
Séjour à Viñales entre les mailles des filets attrape-touristes
Viñales est une petite ville très charmante située dans la région de Pinar del Rio, la plus occidentale de Cuba. Les touristes y affluent en masse pour profiter de la nature environnante, des plantations de café, de tabac qui entourent les mogotes, ces formations calcaires qui façonnent de magnifiques reliefs verts et blancs.
A l’arrivée du bus depuis la Havane, on est tout de suite mis dans l’ambiance. Ou plutôt jetés dans la fosse aux lionnes. Une trentaine de femmes brandissant des photos de leur maison se précipitent en hurlant sur les portes du bus tout juste arrêté. Pourquoi ? Elles cherchent à mettre le grappin sur les touristes qui ont fait l’erreur de ne pas avoir réservé de casa particular avant d’arriver. Comme nous par exemple, qui nous étions dit qu’on prendrait tranquillement le temps de visiter le village en sortant du bus et de choisir la casa qui nous plairait. Mais ça ne marche pas du tout comme ça ici, voyons ! Un simple regard hésitant en sortant du bus et c’est fini, Tamara le pot de colle ne nous lâche plus. Elle a compris qu’on n’avait pas encore d’endroit où aller, et elle est prête à tout pour nous emmener chez elle. On y passera quatre nuits…
Une fois installés à la casa, plutôt correcte finalement, on pensait enfin en être débarrassée. Que nenni ! Pendant tout notre séjour, c’est la déferlante des excursions organisées. Pas un jour sans revenir à la charge pour nous en vendre un tour à cheval, à vélo, à la plage… Cela s’est avéré extrêmement contre-productif, car elle nous a passé l’envie de faire quoique ce soit d’organisé dans cette ville.
Nous avons donc visité les alentours de Viñales par nous-mêmes, allant chaque jour marcher dans une direction différente. Ce faisant, nous avons rencontré un jour une plantation de café, un autre une plantation de tabac, les mêmes que nous aurions vues dans les tours guidés. Mais avec ce petit supplément d’aventure et de liberté dont on se délecte au moment de choisir au hasard un premier chemin, ou quand on commence à douter de la direction à prendre pour rentrer au village. Seul petit regret : on a dû faire demi-tour devant le chemin extrêmement boueux menant à la Cueva de Palmerito. Cette grotte où l’on peut se baigner nous aurait bien plu mais pour le coup, il fallait bien un cheval pour y aller, comme tout le monde nous le disait en fait !
Un dimanche à la cubaine à Viñales
Ce jour là, on a pris un minibus pour voir ce qu’il y avait un peu plus loin de la ville. Nous passons d’abord par quelques hôtels qui offrent de jolis points de vue sur la zone, puis par quelques curiosités touristiques : une fresque représentant des animaux de la préhistoire (digne d’un tatouage de François Damiens…) et une grotte sans grand intérêt.
Déçus par ce tour express, on décide de suivre une route qui doit mener à un lac qu’on avait vu sur une carte, mais qu’aucun guide touristique ne mentionne. Cette route nous paraît interminable sous le soleil de plomb.
C’est alors qu’une camioneta s’arrête à notre hauteur et nous propose de nous emmener. 7 hommes sont dans le véhicule, et vont au lac justement. On monte donc avec eux.
Une fois au lac, on découvre qu’ils sont tous plus ou moins de la même famille : il y a le grand-père, son fils, son gendre et quatre plus jeunes, dont on n’a pas trop compris les parentés.
Mais que sont-ils donc venus faire au lac, entre hommes, ce dimanche midi ?
Comme nous, ils viennent se rafraîchir un peu, mais surtout ils viennent nettoyer la camioneta. Le gendre amène le véhicule jusque dans le lac, avec de l’eau jusqu’au milieu des roues, et tout le monde se met au nettoyage. Benoît arrive juste trop tard pour aider à pousser pour ressortir le véhicule du lac, mais juste à temps pour boire l’apéro avec eux ! Et oui, ils ne sont pas venus qu’avec un seau pour le nettoyage, ils ont aussi amené une bouteille. Et, on vous le donne en mille, ce n’est pas une bouteille de rhum, mais bien une bouteille de vodka cubaine ! Grosse découverte : on ne pensait pas retrouver des vestiges soviétiques jusque dans les bouteilles d’alcool. En fait, la vodka cubaine est faite avec du sucre de canne, et on a trouvé que ça avait surtout le goût d’un mauvais rhum blanc, mais ça nous a permis de discuter un peu avec cette sympathique famille. Nous sommes aussi rentrés avec eux, ils nous ont déposés à l’entrée du village, devant leur maison. Et nous ont même présenté les femmes de la maison et proposé de venir prendre un café. Peut-être aurions nous dû accepter, mais la vodka sous cette chaleur, ça nous avait bien assommés.
Cette même après-midi, après la sieste, on se laisse guider par l’ambiance festive venant du centro cultural. C’est l’effervescence là-bas ! Un groupe de musique cubaine, un animateur, et pleins de cubains attablés, bouillants, avec une bouteille de rhum Havana Club à chaque table ! Wahou, c’est dimanche, ils se lâchent ! Mais on comprend vite que ce n’est pas un dimanche comme les autres. Havana Club organisait ici, ce jour-là, un grand événement, et les habitants sont venus de tout le village pour en profiter. En même temps, on les comprend : de la musique, des danseurs, une chanteuse et pleins de bouteilles de rhum à gagner, ça change du quotidien !Du coup, on s’est aussi mis dans l’ambiance. La musique était sympa, et les danseurs plutôt bons. C’était très chouette de voir tous ces sourires, d’entendre tous ces rires, de sentir le plaisir qu’avaient les jeunes à danser ensemble la salsa, la rumba ou à se lancer dans des ruedas vraiment impressionnantes. Même si on n’a pas participé au tirage au sort pour gagner des bouteilles de rhum, on en a quand même bien profité, avec un mojito à la main bien sûr !
Salon de coiffure « Chez Sandrine »
Une après-midi à la casa, Benoît a eu droit à un beau cadeau de la part de Sandrine : une coupe de cheveux ! Cela faisait des semaines qu’il se plaignait de son volume capillaire, qui lui tenait particulièrement chaud sous le soleil Cubain. Sandrine s’est donc improvisée coiffeuse, pour le plus grand plaisir des deux. Avec les moyens du bord : ses doigts, la tondeuse à barbe et des ciseaux à ongles, elle se lance à l’attaque du crâne de Benoît. L’homme de la casa, surpris que l’on fasse cela dans son salon, nous dit que ça ne coûte que quelques pesos chez le coiffeur du coin. Mais voyant qu’on est décidé à faire cela nous-mêmes, il nous prête alors gentiment une paire de ciseaux de cuisine. Précieuse aide. On vous laisse apprécier le résultat final, après un petit coup de tondeuse pour rafraîchir aussi la barbe de 9 semaines qui en avait bien besoin. Plutôt réussi non ? Depuis, Benoît respire enfin, et Sandrine se tient prête pour la prochaine coupe !