Le Botswana au fil de l’eau
PubliÉ le Catégories : Africa Truck, Botswana. Tags : faune, nature, pirogue.
Day 37, Chobe : un safari en bateau
A peine arrivés au Botswana qu’un safari nous attend déjà, dans le parc national de Chobe. Chobe, c’est aussi le nom d’un affluent du Zambèze qui sépare le Botswana de la bande de Caprivi, une enclave de la Namibie. Et dont le point de confluence avec le Zambèze marque l’un des rares points à 4 frontières de la planète, en l’occurrence avec aussi celles de la Zambie et du Zimbabwe.
C’est donc sur cette rivière importante d’un point de vue géopolitique que nous sommes partis en safari, sur un large bateau à fond plat, avec à la louche une centaine de passagers. Rapidement, nous croisons quelques crocodiles parfaitement immobiles, comme momifiés sur terre. Mais il paraît qu’ils sont bien vivants. Certains ont la gueule grande ouverte, pas pour chasser mais pour des questions de régulation de température. Curieux.
Puis dans les eaux peu profondes de la rivière, quelques éléphants qui broutent en continu, les pieds dans l’eau. Encore une belle approche de ces magnifiques pachydermes. A leurs côtés, et sans rivalité apparente, de nombreux hippopotames broutent également. Apparemment, il n’y a pas de conflit alimentaire entre les hippos et les éléphants, et donc pas d’agressivité, car ils ne mangent pas exactement les mêmes plantes ou les mêmes parties de plantes. Mais difficile de voir la nuance depuis le bateau. En tout cas, ça donne des images sympas. Et surtout, c’est enfin l’occasion d’apercevoir en entier, sur terre et de plein pied, les hippopotames. Jusqu’à présent, ils ne nous étaient apparus qu’en mode iceberg, avec juste une partie du dos et le haut de la tête sortis de l’eau. Et bien comme attendu, la partie immergée est bien plus impressionnante !
Cette rivière avec ses îlots sablonneux, ses hautes herbes qui nourrissent tous ces mastodontes et son eau claire qui brille sous le soleil est aussi un paradis pour les oiseaux. Des petits, jolis et de toutes les couleurs, des gros au long bec, des vautours qui attendent patiemment au bout d’une branche… Il y en a de toutes sortes. Encore une fois, je regrette de n’y rien connaître en ornithologie…
Enfin, en approchant d’une rive, la ménagerie africaine « habituelle » apparaît : une girafe qui passe au loin, un petit groupe d’impalas et quelques kudus tranquilles, et un bébé crocodile qui se balade juste devant nous. Et derrière, au milieu des grands arbres, on se prend à imaginer les quelques fauves qui doivent dormir là, à attendre la tombée de la nuit pour aller chasser. D’ailleurs, le ciel commence à prendre une belle teinte rouge, des nuages de toutes tailles se sont formés et plus au Sud, il a l’air de pleuvoir. Il est temps de rentrer car la nuit arrive.
En mokoro sur l’Okavango
L’Okavango est le troisième plus long fleuve d’Afrique australe. Mais il a comme particularité étonnante de ne jamais atteindre la mer ! A la suite d’un accident géologique, les eaux de son delta viennent se perdre dans le désert du Kalahari, formant au passage un labyrinthe d’îles, de canaux et de lagunes propices au développement d’une exceptionnelle vie sauvage.
C’est dans les eaux de ce Delta que nous sommes partis pour trois jours de retraite paisible au cœur de la nature, et deux nuits de camping sauvage, avec pour seul moyen de locomotion le mokoro. C’est une sorte de longue pirogue peu profonde, traditionnellement construite dans un tronc d’ébène ou « d’arbre à saucisses », que l’on vide. Mais aujourd’hui, ils sont plus fréquemment faits en fibre de verre. Le mokoro se conduit à l’aide d’une longue perche en bois d’environ 5 mètres. Pour avancer, le piroguier l’enfonce jusqu’au fond de l’eau et pousse sur le fond de la rivière. Il s’en sert aussi pour guider l’embarcation.
Je me suis initié une après-midi à la conduite du mokoro, et ça ne m’a pas paru du tout évident. Déjà, il faut arriver à trouver son équilibre, debout sur le frêle bateau, avec la perche dans les mains. Et ensuite, il faut réussir à la manipuler bien parallèlement à la direction du bateau pour aller tout droit, sinon le mokoro part de travers. Dernier hic, je confonds tout le temps le sens dans lequel il faut manœuvrer la perche pour revenir dans la bonne direction. Du coup, rien n’est vraiment simple en fait ! Je pense que je peux faire une croix sur une future carrière de piroguier. Dommage.
Mais quand c’est un professionnel qui conduit, c’est bien plus agréable. On se laisse guider au fil de l’eau, entre roseaux, nénuphars et hautes herbes, au milieu des grenouilles et des oiseaux. Et avec le déplacement particulièrement silencieux du mokoro sur l’eau, on arrive même à percevoir le son de la nature, calme et paisible. C’est encore plus remarquable en fin de journée, alors qu’il n’y a plus que nous sur les canaux, au moment de savourer notre coucher de soleil le plus serein d’Afrique !
Quant à notre camp de bivouac, c’est aussi une oasis de tranquillité, sur une des grandes îles du delta. A quelques mètres de l’eau pour se rafraîchir quand le soleil tape trop au plus fort de la journée, mais aussi bien planqué à l’ombre des arbres. Ainsi, nous sommes relativement protégés de l’abondante vie sauvage qui nous entoure. Relativement, car quand vient la nuit et que le groupe réussit enfin à atteindre un état de silence satisfaisant, chose peu aisée dans un groupe de 10 personnes, on parvient à écouter la vie nocturne du Delta. Les grenouilles qui s’agitent dans l’eau, les hippopotames qui ronflent, les hyènes qui hurlent et même les lions qui rugissent ! Et dire que nous, nous sommes là, au milieu de tout ça, et que toute cette faune est susceptible de passer dans notre camp au milieu de la nuit. Impressionnant, mais ça ne nous a pas empêchés de dormir sur nos deux oreilles…
En journée, nos piroguiers-guides nous emmènent aussi en balade à pied sur l’île, à la rencontre notamment de nos voisins. D’abord un troupeau de zèbres accompagnés de leurs inséparables gnous. A petits pas, on parvient à s’approcher d’eux assez près. Mais trop peureux, les gnous partent très vite. Ne restent donc que les zèbres, qui broutent tranquillement à quelques mètres de nous. Superbe. Plus loin, ce sont quelques éléphants que l’on peut observer faire leur vie, encore une fois. Mais l’impression de faire un safari à pied rend les rencontres encore différentes, bien plus intenses. Il n’y a plus un véhicule pour nous aider et nous transporter, il n’y a que nous, la faune, et le seul son de la nature. Magique.
Enfin, je suis impressionné par le sens de l’orientation de nos guides au milieu de cet environnement sauvage. Déjà dans les méandres du delta pour parvenir à cette île, et maintenant sur cette grande île. Tous les éléments environnants leur servent de points de repère : une termitière orientée de telle ou telle manière, un baobab au milieu d’une clairière, un ensemble d’arbres, le soleil. Mais encore plus fort, ils arrivent aussi à trouver certains animaux en suivant leurs traces : empreintes de pas bien sûr, mais aussi excréments et aspects de la végétation environnante. C’est ainsi que sur une piste, nous avons trouvé des traces de hyènes et de lion, mais a priori trop anciennes pour être suivies. En revanche, la girafe est passée il n’y a pas très longtemps. Ses crottes toute fraîches le confirment. Après une bonne marche, on finit effectivement par l’apercevoir au loin. Mais elle a l’air de boiter, on ne s’en approchera pas trop. Balaises les gars en tout cas !
Par la fenêtre du camion
Nous n’avons traversé que le nord du Botswana, loin des populations du Sud et du désert du Kalahari à l’Ouest. Cette partie du pays nous a proposé des paysages inexorablement plats. On alterne entre des sections à la végétation assez dense, sans être trop haute, des buissons secs, des grandes herbes et des paysages plus arides, de couleur plus jaune et à l’aspect plus sablonneux.
Sur la route, on découvre les panneaux triangulaires de danger avec le dessin d’un éléphant au milieu. Ca nous fait sourire, mais quelques dizaines de mètres plus loin, ça se vérifie : quelques éléphants se baladent le long de la route. D’autres fois, ce sont des girafes ou des antilopes. Il est vrai que la protection de la faune est quelque chose d’important dans ce pays, et ces routes où elle peut circuler librement en sont la preuve !
Mais déjà apparaît la frontière namibienne…