Vic Falls, entre Zim et Zam
PubliÉ le Catégories : Africa Truck, Zambie, Zimbabwe. Tags : merveille, nature, sensation.
Comme les chutes d’Iguaçu et les chutes du Niagara, les chutes Victoria marquent également la frontière entre deux pays : le Zimbabwe et la Zambie. Et de la même façon, des deux côtés de la frontière, chaque pays a son propre parc national et sa ville touristique pour exploiter au maximum le potentiel de ces merveilles de la nature. Pour la Zambie, c’est la ville historique de Livingstone et pour le Zimbabwe, c’est la ville de Victoria Falls, uniquement dédiée au tourisme et où nous allons séjourner deux jours et demi.
Day 34, le High Tea, un retour à l’époque coloniale
Deux jours et demi, c’est court finalement pour faire et voir tout ce que l’on a prévu. Entre les activités à sensation et les visites des deux côtés des chutes, il faut nous organiser et tout caler avec le reste du groupe. Mais après quelques moments de tergiversation, tout finit par se goupiller bien, en tout cas pour nous. Comme prévu, le programme va être serré, intense, surtout pour les deux derniers jours.
Alors en attendant, pour nous remettre de notre nuit en train, nous préparer tranquillement pour la suite, et faire connaissance avec Ryan, qui vient de rejoindre le groupe ici, nous nous accordons un moment de détente à l’anglaise, une tradition des plus huppées : un High Tea. Et pour ce faire, quoi de mieux que l’hôtel le plus emblématique de la ville, le Victoria Falls Hotel ? Un établissement très luxueux, dans un style britannique très colonial, avec ses différents salons, ses portraits de « héros » de la colonisation, ses publicités vantant les mérites des colonies et j’en passe.
En entrant dans l’hôtel, nous sommes éjectés très loin du Zimbabwe d’aujourd’hui. Nous faisons un bond de 60 ans en arrière, quand les riches anglais venaient passer leurs vacances dans les colonies, en l’occurrence ici la Rhodésie. Et qu’ils sacrifiaient alors, l’après-midi, à la tradition du High Tea, bien installés à l’ombre d’un parasol alors que le soleil était trop chaud pour leur blanche peau.
Mais c’est quoi, le High Tea ? Et bien comme son nom l’indique, c’est comme l’heure du thé, mais en mieux. Pour accompagner notre tasse de thé, que l’on doit tenir à l’anglaise, du bout des doigts, on nous sert un extraordinaire plateau d’amuse-bouches sur trois étages. Tout en haut ce sont les canapés salés : concombre et fromage blanc, saumon, poulet épicé, fromage. Après, on passe au plateau du bas : les scones, avec un petit pot de confiture et un petit pot de crème Chantilly maison. Et pour finir, sur le plateau du milieu, les douceurs gourmandes : meringue, tartelette au citron, gâteau poire-gingembre et brownie au chocolat. Inutile de préciser que tout est délicieux, au goût très fin et élégamment présenté. Mention spéciale pour le gâteau au chocolat, à tomber par terre ! Bref, un grand moment de gourmandise ! Et alors que sur l’autre table la majorité du groupe l’avale en moins d’une demi-heure, nous l’avons patiemment savouré en plus de 2 heures.
Et après tout ce temps, et quelques photos des chutes vues depuis les jardins de l’hôtel, ben oui, paraît-il que c’est déjà l’heure du cocktail : le Pimm’s. Enfin, ça c’est Anita qui le dit. Mais bon, pour un cocktail, nous on est toujours partant. Le Pimm’s est un alcool blanc anglais, que l’on mélange à de la limonade et quelques morceaux de pomme, de concombre et des cerises. Pour le coup, ça n’a rien d’extraordinaire, et on aurait dû se contenter seulement du High Tea.
Day 35, les gorges du Zambèze en rafting
La saison des pluies est juste terminée, le niveau de l’eau dans le Zambèze est particulièrement élevé, et le courant est fort. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas affronter ses eaux turbulentes, bien au contraire : car aujourd’hui, nous allons descendre une portion du Zambèze en rafting !
Nous sommes dans les gorges du Zambèze, un décor extraordinaire, avec deux parois rocheuses verticales, qui s’élèvent de 70 à 110 mètres de part et d’autre du fleuve en contrebas. Le beau ciel bleu est de retour, la nature belle et sauvage. Mais pas le temps de rêvasser, car il faut maintenant descendre dans les gorges, tout en bas, au niveau du fleuve. La descente est longue, très pentue et glissante sur la fin, et nous finissons par arriver au niveau d’une petite piscine naturelle, dans une baie protégée du courant du fleuve. L’endroit parfait pour apprendre à manipuler notre raft.
Dans notre raft : 7 personnes, dont 2 guides, et Gyles, un gallois qui vient de rejoindre le truck. 5 autres personnes du truck occupent un deuxième raft. Avec Sandrine, nous prenons place au deuxième rang du bateau, et devons suivre la cadence des deux personnes devant. Imanuel, le guide à l’arrière qui dirige le bateau, nous explique les ordres qu’il sera amené à nous donner : ramez normalement, ramez à fond, à gauche, à droite, en arrière. Et l’ordre le plus stressant, quand on arrive dans des rapides où il ne sert plus à rien de ramer car le courant est trop fort : à l’intérieur ! Pour éviter d’être projetés au milieu des rapides, il faut alors nous jeter le plus vite possible à l’intérieur du bateau, à genoux, le corps contre le boudin latéral, et les mains qui tiennent à la fois la rame et la corde à l’extérieur du boudin. Ca promet !
Après 15 minutes d’entraînement, on est fin prêt à affronter le Zambèze. Notre périple démarre un peu avant les rapides numéro 11, et se termine aux rapides 22. En cette saison, il n’est pas possible de naviguer plus en amont. Mais en saison sèche, quand le niveau de l’eau est bas, les rafts démarrent aux rapides 1, juste au pied des chutes !
Les premiers rapides sont assez modérés : on est un peu secoués, on se prend parfois quelques vagues dans la tête. Puis on arrive rapidement au rapide 15, surnommé la machine à laver. Un nom équivoque. Et juste derrière, en fait dans la même série, les rapides 16A et 16B, surnommés Terminator 1
et Terminator 2. Ces derniers sont de classe 5/5+. J’y connais pas grand-chose, mais comme l’échelle va jusqu’à 6, je sens que ça va secouer sévère. Le stress commence à monter en flèche. Imanuel nous explique que le risque d’être emporté dans le courant ou que le bateau se retourne est assez élevé, et qu’il faut suivre ses instructions. Et puis nous nous lançons. On pagaie à fond quand il nous le demande, on donne tout ce qu’on a, puis on se couche à son signal, en attendant que ça passe, en essayant de tenir cette corde qui nous lie au bateau. Ca secoue dans tous les sens, on tourne, on se prend des grosses vagues, on monte et on descend, mais le bateau ne se retourne pas. Ouf, on est passés ! Quel fun, quelle montée d’adrénaline !
Quand on ne navigue pas dans des rapides, on rame tranquillement et profite du décor fabuleux qui s’offre à nous, de ces falaises, de ces arbres, de ces oiseaux. Qu’il est agréable de faire du sport dans un tel environnement ! A deux reprises, notre guide nous indique qu’on peut passer des rapides en étant dans l’eau, accrochés au bateau. Une chouette sensation de fraîcheur après avoir pagayé sous le soleil, et le sentiment de se laisser emporter par le fleuve Zambèze tout en étant en sécurité, accroché au raft, est des plus plaisants.
Finalement, après 2h30, fatigués, mouillés et heureux, nous atteignons notre point final. Enfin pas tout à fait, car il faut remonter tout en haut des gorges maintenant… Une demi-heure de montée abrupte, sous le soleil de midi. Le prix de notre plaisir de la matinée.
Day 36, les gorges du Zambèze en saut pendulaire
Ce matin, on a une grosse boule au ventre depuis qu’on s’est levés. Nous sommes de retour en haut des magnifiques gorges, pour une nouvelle activité à sensation. Dans quelques instants, depuis le haut de ces falaises, nous allons nous jeter dans les gorges, avec une simple corde pour éviter de nous écraser bêtement 110 mètres plus bas.
Ce saut particulièrement insensé s’appelle le gorge swing, ou saut pendulaire. Dans le principe, un câble est tendu de part et d’autre des gorges, au-dessus de la rivière en contrebas. Au milieu de ce câble est attachée une corde. Et à l’autre extrémité de cette corde, sur un petit promontoire en bois surplombant les gorges, il y a le sauteur, c’est-à-dire nous. Après quelques instants de chute libre, nous nous balancerons au-dessus des gorges, tel un pendule.
En compagnie de Xander et Jerrick, deux des cadets du groupe, nous arrivons enfin sur les lieux. On nous équipe d’abord d’un premier baudrier. La tension monte. On nous explique les différentes manières de sauter. La plus simple, c’est de tenir la corde à deux mains et de rester plus au moins vertical. Sinon, on peut aussi y aller en plongeant, ou en se laissant tomber debout en arrière, ou en se laissant tomber à l’envers, c’est-à-dire depuis la position du poirier. Nous choisirons la méthode simple.
La première personne à sauter sera Sandrine. Elle s’avance sur le promontoire, se fait équiper d’un second baudrier, attacher au câble qui la remontera sur le promontoire après le saut, puis à la corde.
Je la vois ensuite s’avancer à tous petits pas jusqu’au bord du précipice, avant de se jeter dans le vide.
S’en suit un énorme cri !
Je suis de plus en plus tendu. Après quelques secondes qui paraissent une éternité, je la vois enfin remonter au loin, puis se balancer pendant quelques dizaines de secondes au bout de cette corde, avant de remonter le long de la falaise. Tout à l’air de s’être bien passé, et l’expérience semble absolument incroyable à en juger par ses émotions à son retour sur le promontoire. Mais elle ne veut pas m’en dire plus, pour que je découvre cela par moi-même. Justement, c’est mon tour.
On me passe donc les différents équipements, puis j’arrive au bout du ponton. Le guide me demande comment je veux sauter. Je lui réponds que oui, c’est la première fois. Apparemment, je suis perturbé. Il me dit alors de tenir la corde à deux mains, et de me laisser aller. Je saisis donc la corde et la serre très fort, comme si ma vie en dépendait. Par contre je suis un peu réticent à avancer plus. Il me dit qu’il va compter à 5 et que je vais sauter. Je veux lui dire que non, pas tout de suite, mais aucun son ne sort de ma bouche. Et il se lance dans un décompte à rebours extrêmement rapide : 5, 4, 3, 2, 1, ça y est, mes pieds ont quitté le ponton. Je suis parti !
La sensation de chute libre, sur environ 80 mètres, est incroyable ! La corde qui exerçait une traction quand j’étais sur le promontoire est maintenant détendue. D’un seul coup je ne sens plus rien qui me raccroche à la terre ! D’abord, aucun son ne sort de ma bouche, puis comme le sol se rapproche dangereusement, je commence à hurler. Et puis, très vite, la corde finit par se tendre et m’éloigner de la falaise. Ca doit faire 4 secondes que j’ai quitté le ponton, mais ça me paraît beaucoup plus. Enfin, la corde me remonte de l’autre côté. Je commence alors à rire, de très bon cœur, à évacuer toute cette peur qui s’était accumulée depuis le matin. J’essaye aussi de profiter de ce point de vue original sur les gorges du Zambèze, suspendu au beau milieu de celle-ci.
Et c’est toujours aussi beau, avec le ciel bleu au-dessus de moi, le fleuve en-dessous et ces falaises tout autour. Magique, tout simplement. En remontant sur le ponton, je peux enfin partager ce sentiment avec Sandrine. Car c’était vraiment un truc de fouuuuuuuuuu !
Pour la peine, on a monté une petite vidéo :
Les chutes Victoria, le côté Zim et le côté Zam
Mais si l’on peut profiter à Victoria Falls de nombreuses activités à sensation, dans un splendide décor, il ne faudrait quand même pas oublier d’y visiter les monumentales chutes qui sont à l’origine de la fondation de cette ville.
Nous sommes donc d’abord allés voir la partie zimbabwéenne des chutes. Un circuit linéaire avec une quinzaine de points de vue, aménagé de façon assez naturelle. On marche sur des pierres au milieu d’une dense végétation, avant de déboucher sur des parties dégagées d’où l’on peut observer les chutes. Ou pas, car la brume est par endroit tellement dense, surtout en cette saison humide, que l’on n’y voit rien et que l’on ressort juste trempé de certains points de vue. Mais ça donne au moins une idée de la puissance de ce fleuve et de ces chutes. On a même eu l’impression, souvent, qu’il pleuvait, malgré le beau ciel bleu au-dessus de nous. Une incroyable pluie qui vient d’en bas !
Et quand on a la chance d’avoir un point de vue dégagé, ce qui a été le cas environ une fois sur deux, c’est tout simplement magique. On découvre d’abord la cataracte, un rétrécissement qui donne lieu à un débit d’eau d’une puissance phénoménale, dans un bruit assourdissant. Puis on découvre la majeure partie des chutes, impressionnantes tant par leur largeur, que par leur hauteur et leur débit. Et pour sublimer le tout, le soleil vient contribuer à la formation de nombreux arcs-en-ciel.
Le circuit zimbabwéen se termine par un joli point de vue sur le pont des chutes Victoria, à quelques dizaines de mètres en aval des chutes. Un superbe ouvrage réalisé en 1905, à plus de 111 mètres de haut, pour relier la rive zimbabwéenne à la rive zambienne du Zambèze. Epatant.
Chaque jour, de nombreux piétons, cyclistes, voitures, taxis, camions et même trains le franchissent. Sans compter les badauds qui viennent juste pour se délecter de la vue sur les chutes et les gorges, et ceux qui viennent pour se jeter du haut du pont, accrochés à un élastique, pour une autre activité à sensation, le célèbre Bungee Jump de Vic Falls.
Ce pont, nous l’avons donc traversé à pied pour rejoindre la Zambie et visiter l’autre côté des chutes.
Mais d’abord, nous avons voulu visiter la ville de Livingstone, symétrique de Victoria Falls côté zambien. On pensait découvrir quelques aspects historiques de cette ville, notamment sur le docteur Livingstone qui lui a donné son nom. C’est en effet à partir de là que le célèbre docteur-explorateur fut le premier européen à découvrir le Zambèze et surtout ses chutes. Sauf qu’à part déguster une Mosi, la bière Zambienne, on n’a rien trouvé de spécial à visiter à Livingstone. Probablement que nous avons été mal informés…
Nous avons donc seulement été voir la partie zambienne des chutes. De ce côté, on est plus proches des chutes et donc encore plus mouillés que du côté Zim, bien que nous ne pensions pas cela possible ! La visite s’organise ici en différents petits circuits, dont le principal mène sur une île à la base des chutes, offrant encore de nouveaux points de vue. Les arcs-en-ciel sont aussi toujours là, le bruit également. Il est difficile de déterminer quel côté est le meilleur finalement, car les points de vue sont vraiment différents.
En revanche, un des circuits permet de se balader sur la partie supérieure du fleuve, juste en amont des chutes. Et d’y découvrir un cours d’eau très paisible, très tranquille. Sans le bruit et la brume qui remonte du pied des chutes, on n’imaginerait même pas la présence d’un tel enfer à quelques mètres en aval. Mais ce n’est pas pour rien que les locaux ont appelé les lieux : « la fumée qui tonne » !
Finalement, pour nous, le meilleur point de vue sur les chutes ne serait ni côté Zim, ni côté Zam, mais le pont entre les deux pays. Car de là, on a une magnifique vue d’ensemble, dégagée, et on est assez loin pour échapper à la brume, mais pas à quelques gouttelettes rafraîchissantes. Et en plus, on peut aussi contempler ces impressionnantes falaises verticales qui constituent le début des gorges du Zambèze, telle un forêt tropicale qui tombe à pic sur une hauteur de 120 mètres. Avec bien sûr ces arcs-en ciel toujours omniprésents. On avait dit magique ?
16 mai 2015 à 08:16
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