22 jours en minivan, de yourte en yourte
PubliÉ le Catégories : Mongolie. Tags : culture, désert, paysages, roadtrip, tradition.
C’est par un frais jeudi matin de septembre que nous avons quitté Oulan-Bator pour enfin partir à la découverte de la Mongolie, de ses terres sauvages et de ses peuples nomades. Un road trip de 22 jours et de près de 4000 kilomètres, à bord d’un vieux minivan russe.
Ölzii et son minivan
Au Sunpath Hostel, Doljmaa nous l’a bien dit : « le minivan russe, c’est ce qu’il y a de mieux pour s’aventurer dans les profondeurs de la Mongolie » . C’est certes bien moins confortable qu’un 4×4 Nissan ou Toyota, mais la technologie russe, c’est robuste ! Et s’il y a un truc qui casse sur la route, il est toujours possible de bricoler quelque chose pour le réparer, à la McGyver avec de la ficelle ou du scotch. Alors qu’avec les jeeps japonaises… D’ailleurs, comme on dit en ici : « Un briquet n’est pas du feu, et une jeep n’est pas une voiture ! »
C’est donc dans un véhicule au design très gris et très soviétique qu’on a pris place pendant trois semaines. Et il en a de l’allure, ce minivan russe, ça c’est sûr, avec ses gros phares ronds, ses portières un peu bringuebalantes, sa toiture intérieure molletonnée, ses petits rideaux aux fenêtres et tous ses accessoires entièrement manuels : lève-vitres, essuie-glaces, condamnation des portes. Rien qu’à s’asseoir dedans, ça sent déjà le début d’une grande aventure !
Devant, sur le siège du conducteur, il y a Ölzii. Un sacré personnage, celui-là. Un mongol de 50 ans, déjà trois fois grand-père, tout fin et dégarni, avec des lunettes aux larges verres teintés. L’hiver, il conduit des bus à Oulan-Bator et l’été, des touristes dans le reste du pays.
Mais avec nous, il ne sera pas qu’un simple chauffeur. Grâce à ses quelques mots d’anglais, qu’il répète toujours deux fois, il sera aussi notre guide, notre intendant, notre chauffeur d’eau, notre interprète et notre DJ. Oui, notre DJ, car Ölzii emmène toujours avec lui sa playlist, qu’il a sûrement préparée il y a quinze-vingt ans. Un mélange de chanson mongole et de tubes français et internationaux des (terribles) années 1980-1990, une sélection musicale qui accompagne toutes nos journées de route.
Alors pour vous mettre dans l’ambiance, en mode road-trip en Mongolie, on vous en a mis ici quelques extraits. Montez le son et excusez-vous auprès de vos collègues, car c’est parti !
La Mongolie et ses infrastructures routières
Un jeu de pistes. C’est comme ça que l’on pourrait décrire la conduite en Mongolie. Car à peine sortis d’Oulan-Bator, finies les belles routes planes et asphaltées, finies les indications directionnelles écrites en mongol et même parfois en anglais.
Finies, vraiment ? Non, c’est un peu exagéré. Il y a bien des fois où on a eu de belles routes toutes neuves, mais très rares sont les routes entièrement asphaltées d’une ville à l’autre. Il y a toujours un moment où un tas de terre barre le passage et nous oblige à sortir, à emprunter une ancienne piste qui longe plus ou moins la nouvelle route, pendant 500 mètres, 10 kilomètres ou 200 kilomètres. Mais dans ces situations, au moins, on peut toujours se satisfaire d’avoir la route à portée de vue pour nous aider à nous orienter.
Car bien souvent, loin des axes majeurs (si on peut les qualifier ainsi), c’est plutôt une affaire de flair et de dextérité. De flair, car il n’y a guère que le soleil et les reliefs des paysages pour nous aider à nous orienter. On se lance sur une piste qui semble aller dans la bonne direction, en espérant ne pas avoir à rebrousser chemin ou à couper à travers la steppe si d’aventure elle bifurquait plus loin dans le mauvais sens. Et de dextérité pour passer comme il faut entre les trous et les bosses de la piste, afin de limiter les vibrations et les secousses du véhicule, pour le confort des passagers mais surtout pour éviter toute casse mécanique sur le minivan.
Mais une fois qu’on est accoutumé à ces vibrations, on peut se laisser aller à regarder par la fenêtre. Le début d’une grande évasion.
La Mongolie et ses grands, ses immenses espaces
La Mongolie est réputée pour être le pays le moins densément peuplé de la planète. Mais contrairement à l’image que l’on pourrait en avoir de prime abord, la Mongolie n’est pas une immense steppe toute plate qui s’étend jusqu’à l’horizon, uniquement recouverte de petites herbes vertes qui flottent au vent. En tout cas pas dans les régions que nous avons traversées, dans le Centre, l’Ouest et le Sud. La Mongolie est un territoire beaucoup plus diversifié que cela, aux reliefs nombreux et variés.
Dans le Centre, d’abord, nous avons traversé une multitude de paysages différents, allant du désert brun extrêmement sec et poussiéreux et à la végétation quasi-inexistante aux montagnes recouvertes de conifères, en passant par des dunes de sables, des lacs salés ou non et même des cratères volcaniques !
Un point négatif à soulever toutefois dans cette région : la présence plus que visible de nombreux déchets aux abords des axes routiers majeurs. Des bouteilles vides, de bière et de vodka, et des emballages plastiques jonchent parfois les bas-côtés. Un mal planétaire, décidément.
L’Ouest, quant à lui, est une succession de décors grandioses. Depuis le lac d’Uvs, aux abords blanchis par le sel et aux fleurs rouges dont se délectent les chameaux de la région. Jusqu’aux contreforts du massif de l’Altaï, traversés par la rivière Khovd, qui laisse dans son sillage une traînée d’arbres aux teintes jaunies par les premiers frimas de l’automne. Et puis des montagnes et un peu de neige. Et si on ne devait retenir qu’une partie de tout notre périple mongol, ce serait assurément cette route entre le lac d’Uvs et la ville d’Ulgii, avec ses magnifiques montagnes vertes et brunes et ses lacs cristallins qui brillent au fond de vallées encaissées.
Enfin, il y a eu le Sud, le fameux désert de Gobi. Un désert immense, ou plutôt un ensemble de vastes paysages désertiques : les dunes de sable de Khongorin Els, les falaises rougeoyantes de Bayanzag, l’impressionnant canyon de Yoliin Am… Cette partie de la Mongolie a pour nous comme des airs de Namibie, d’Iran et de Patagonie.
Et puis, lors de notre dernier jour, alors qu’on pensait être sur la piste du retour à Oulan-Bator, on s’est arrêté sur un dernier site. Un site sur lequel on n’avait pas trouvé beaucoup d’informations et dont on n’attendait pas grand-chose : Tsagaan Suvarga, ou White Stupa de son appellation touristique. Un ensemble de falaises blanches vieilles de 10 millions d’années, présentant d’étonnantes strates aux reflets violets, et qui surplombe un champ de bosses rouges, oranges, brunes ou vertes qui finit par se diluer dans la steppe. Un paysage vraiment unique, une curiosité géologique, impossible à rapprocher de quelque chose que nous aurions déjà observé ailleurs. Simplement magnifique.
Mais il y a quand même des points communs à tous ces paysages. Tous ces sites sont quasiment vierges de traces humaines, hormis le discret tracé des pistes et, parfois, quelques rares yourtes posées là, telles de petites pastilles blanches disséminées sur le panorama. Et encore, on a trouvé que le design des yourtes collait plutôt bien au décor. Ici, on a l’impression que l’occupation de l’espace par l’homme et ses troupeaux est plutôt en harmonie avec la nature. Et c’est un sentiment de profonde sérénité qui naît lorsqu’on se met à contempler l’espace environnant. Sérénité doublée, ou augmentée, d’une expérience rare de profond silence, lorsque seule une légère brise vient caresser nos tympans. Quel bonheur !
A un moment, j’ai même eu comme l’impression d’être de retour en Antarctique. Oui, carrément. La mer et les falaises enneigées remplacées par le lac Uureg et les montagnes toutes vertes, le bateau remplacé par le minivan. Mais une pureté presque comparable. Presque.
L’autre point commun à toutes ces régions mongoles, et un peu à l’Antarctique en fait, c’est l’extrême dureté de son climat. Partout, une grande sécheresse, une végétation rare, un ciel bleu presque omniprésent et des vents violents. Des tempêtes de sable, de poussières, mais aussi de neige. Une chaleur supportable en fin de journée mais un froid de canard au petit matin. La Mongolie est clairement une terre hostile. Et pourtant, contrairement aux terres australes, de nombreux nomades vivent dans ces conditions difficiles, selon des traditions séculaires. Et nous avons eu la chance de partager un peu de leur quotidien.
J’irai dormir chez vous
Tous les jours, à l’approche du crépuscule, c’est le moment pour Ölzii de nous trouver un endroit où passer la nuit. Dans les zones les plus visitées, comme en Mongolie Centrale ou vers le Gobi, pas de difficulté : on se dirige vers des camps de yourtes pour touristes, tenus par des familles mongoles. A proximité des villes, pas de problème non plus. On passe la nuit dans des petits hôtels ou chez des amis d’Ölzii. Il en a apparemment beaucoup dans tout le pays. L’avantage d’être chauffeur depuis quinze ans, sans doute.
Dans les zones plus reculées, en revanche, ça devient beaucoup plus intéressant. Sur la route, on se met à regarder partout, à la recherche d’une yourte. Une fois trouvée, c’est à Ölzii de jouer : il cherche une personne avec qui discuter, négocie le gîte et le couvert, et regarde l’agencement de la yourte ou de la maison pour vérifier qu’on pourra tous y tenir dans des conditions acceptables. C’est parfois cette dernière condition qui pose problème, mais jamais l’accord du propriétaire.
Car en Mongolie, l’hospitalité est une affaire sérieuse et qui remonte à des temps très anciens. Lorsque les familles nomades se déplaçaient à la recherche de meilleures terres pour leurs troupeaux, il était d’usage de les accueillir dans sa propre yourte si elles étaient dans les environs, la nuit venue. Ben oui, le prochain voisin étant souvent à plusieurs kilomètres, et les nuits bien rudes, il serait quand même bien moche de laisser dormir ses pairs dehors !
Cette tradition d’hospitalité perdure encore aujourd’hui, un peu comme dans toute l’Asie Centrale et Mineure en fait. Nos expériences en Iran et en Turquie ne nous feront pas dire le contraire !
Le monde de la ger
Ger, c’est le mot mongol pour désigner la yourte, cette tente ronde utilisée comme habitation par les populations nomades d’Asie Centrale.
Et c’est tout un rituel, presque un cérémonial, qui accompagne l’entrée en ger. Il faut d’abord passer par une petite porte, peut-être d’une hauteur d’un mètre vingt, sans se cogner. Oui, ici il est malpoli de se cogner ! Mais pourquoi diable les ont-ils faites si basses alors ? Dans notre maladresse, on a donc été quelques fois irrespectueux, malheureusement.
Ensuite, il faut entrer dans la ger du pied droit, sans poser le pied sur le seuil de la porte. Là aussi, ce serait un profond manque de respect. Du temps de Gengis Khan, il paraît qu’on punissait de mort les personnes qui posaient le pied sur le seuil de la ger. Et oui, ça ne rigolait pas à cette époque !
Dernière étape, en tant qu’invité, il faut circuler dans la ger dans le sens horaire, et s’installer du côté gauche de celle-ci, celui réservé aux invités et aux hommes, à l’endroit indiqué par notre hôte.
Une fois passé ce parcours d’obstacles, l’hospitalité mongole se poursuit par une récompense. Irrémédiablement, sans rien demander, on a droit aux honneurs de la ger : un bol de thé au lait salé (on y reviendra…). Mais attention à bien le prendre de la main droite, en soutenant son avant-bras de sa main gauche, ou avec les deux mains. Sinon, ce serait… irrespectueux !
Pour accompagner le thé au lait, un ensemble de produits laitiers séchés, voire très séchés (yaourt, fromage, crème) et de petits beignets neutres, ni sucrés ni salés, eux aussi très secs, sont disposés sur une table basse. Et évidemment, la tradition veut que l’invité goûte à tous les produits qui lui sont proposés… Dure dure l’hospitalité mongole !
Après ces instants de gastronomie, on peut enfin observer le monde de la ger. La ger est toujours orientée de la même façon, la porte en direction du Sud. Le côté gauche, l’Ouest donc, est réservé aux invités et aux hommes. C’est là que sont entreposées les affaires des hommes. Le côté Est est celui des femmes, avec notamment le matériel de cuisine et les produits alimentaires qui sèchent, fermentent ou reposent.
Quant au Nord, c’est le côté sacré. C’est là qu’on trouve les objets les plus précieux et ceux à caractère religieux.
Au niveau de la structure, celle de la ger est en bois. Les pans latéraux ont une ossature pliable, recouverte de fourrure et d’une couche en tissu à l’extérieur, et parfois décorés de tapis à l’intérieur. Quant à la toiture, elle est faite d’un ensemble de perches partant des pans latéraux et convergeant vers un cercle en bois qui fait office de sommet. La toiture est recouverte d’une couverture étanche et isolante, faite d’une couche de plastique, de fourrure et de tissu blanc à l’extérieur. En outre, l’espace entre les perches en bois et la couverture est utilisé pour ranger un tas d’objets plats (papiers, téléphone, tablette numérique, ustensiles de cuisine…)
Enfin, au centre de la ger, on trouve deux supports en bois sur lesquels reposent le cercle sommital, celui où aboutissent les perches de la toiture. Ces poteaux supportent donc toute la structure et sont souvent décorés, leur tête est même parfois sculptée. Car le cercle sommital n’est jamais complètement recouvert, afin de pouvoir voir le ciel et laisser passer la lumière naturelle. Les deux poteaux symbolisent donc un lien entre la terre et le ciel, et ont aussi un caractère sacré. A ce titre, il est alors interdit de passer ou faire passer des objets entre les poteaux.
Et puis, il y a aussi le feu, le poêle, le nerf de la ger. Un poêle qui sert à réchauffer l’espace et le thé au lait, et à cuisiner. Lui aussi a un caractère sacré, et il est interdit d’y jeter des déchets. Ne doivent y brûler que du bois, du charbon ou de la matière fécale animale séchée. Car non, ça ce n’est pas un déchet !
Vies nomades
La principale, voire même l’unique richesse des familles nomades, c’est leur troupeau. Chèvres et moutons, yaks ou vaches, chevaux ou chameaux, toute leur vie est régie par le bétail, et même en dépend. Leurs bêtes leur fournissent viande, huile, lait, laine, combustible (bouse séchée) et même jeux (osselets). Alors quand il n’y a plus assez de pâturages pour elles, il faut replier la ger et chercher de meilleures terres. Plusieurs fois dans l’année.
Au quotidien, tout tourne aussi autour du troupeau, et la répartition des tâches est assez simple. Les hommes s’occupent de tout ce qui se passe à l’extérieur de la ger, et les femmes de tout ce qui se passe à l’intérieur.
Et autant le dire tout de suite, ça nous a paru bien déséquilibré comme répartition ! On a ainsi vu les femmes à l’œuvre en permanence, entre l’entretien du feu, le ramassage des bouses séchées, la traite des bêtes et la préparation des produits laitiers (yaourt, beurre, crème, fromage, airag, vodka), la cuisine quotidienne où tout est fait à la main (les seuls produits achetés sont la farine et le sel !), les enfants, le nettoyage… Elles n’arrêtent jamais.
Quant aux hommes, ils s’en tiennent strictement au contrat : à l’intérieur de la ger, ils ne font rien. Juste manger, boire du thé, et parler avec les invités. Et pendant la journée, ils sont dehors, occupés à ramener le troupeau près de la ger pour la nuit, et à couper du bois quand il y en a à proximité. Toutefois, aux abords des villes, certains hommes ont maintenant un emploi salarié.
D’ailleurs, en ville, la balance semble pencher un peu plus en faveur des femmes. Elles passent en effet, en moyenne, un an de plus que les hommes sur les bancs de l’école, et sont deux fois plus nombreuses qu’eux dans les universités. Une tendance assez singulière pour un pays encore si attaché aux traditions.
Et puis il y a les chiens. A chaque ger, son ou ses chiens. Eux, ils ne servent vraiment à rien : rares sont ceux qui daignent se bouger ou aboyer quand quelqu’un arrive. Et dès lors qu’il s’agit de regrouper les chèvres ou les moutons, là, il n’y a carrément plus personne !
A la ger comme à la ger
L’intérêt de ce road trip qui sort un peu des circuits touristiques traditionnels, c’est de pouvoir partager de vrais moments de vie au sein de familles nomades traditionnelles.
Dans un circuit classique, avec un guide, le temps passé au contact des populations est plus que restreint. Déjà, l’hébergement se limite le plus souvent à des camps de gers pour touristes, tenus par des familles. Celles-ci reçoivent les voyageurs à leur arrivée pour le traditionnel thé au lait, avant qu’ils ne rejoignent leur yourte pour y prendre le dîner, un dîner d’ailleurs un peu occidental préparé par leur guide, et y passer la nuit. Rien de bien palpitant.
Dans le désert de Gobi et au début de la Mongolie Centrale, c’est d’ailleurs ce genre de situation que l’on a majoritairement rencontré. A la différence près, toutefois, que n’ayant pas de guide-cuisinier, on prenait le dîner avec les familles. Un léger mieux du côté partage, un léger moins bien du côté potage…
Mais dans l’Ouest et sur la route vers le Sud, point de touristes, et donc point de camps de gers. Juste de vraies gers occupées par de vraies familles. Et là, l’expérience est franchement toute autre. Passé le thé au lait d’accueil, nous n’avons en effet rien d’autre à faire que de rester avec nos hôtes. Alors parfois, on se contente juste de rester assis là, inconfortablement mais en souriant, à écouter Ölzii discuter en mongol avec l’homme de la famille et à observer les femmes à l’ouvrage en cuisine.
Mais bien souvent, on arrive à échanger quelques mots, par l’intermédiaire d’Ölzii, de ses dictionnaires anglais-mongol / mongol-anglais et son guide de conversation. Les échanges sont limités, on essaie juste de savoir qui est qui, le nom de chacun, son âge, les animaux qu’ils ont dans leur troupeau, ce que font les enfants qui ne sont pas là, etc. Mais cet échange verbal permet à chacun de mieux se connaître, de briser la glace, d’ouvrir des portes. Ça nous a donné parfois l’opportunité de passer du côté droit, celui des femmes, pour aider à préparer les traditionnels buuz. Ou de les observer traire les yaks et les chèvres, ou de jouer aux osselets avec les enfants, ou aux cartes avec les adultes. Ou de se lancer dans une yourte-party bien arrosée de vodka locale. Ou, à la demande d’une sympathique famille, de faire une séance photo en tenue mongole et de monter sur leur cheval ! Et même de passer une très belle soirée d’anniversaire dans la chaleur d’un foyer mongol.
Tellement de beaux moments d’échanges et d’authenticité !
De beaux moments d’échange contrebalancés par la dureté de la vie en ger. Car ça aussi, ça fait partie de l’expérience, assurément. Et de tous nos voyages, la Mongolie est clairement celui qui nous aura poussé le plus loin hors de notre zone de confort.
Des nuits passées par terre, serrés à cinq dans le fond de la ger. Des nuits passées dans des gers froides, glaciales même, quand le feu s’est doucement éteint au milieu de notre sommeil, pour n’être rallumé qu’au petit matin. Surtout quand les familles n’ont pas pour habitude de fermer complètement le toit en cette saison, laissant toute la chaleur du foyer s’échapper dans l’immensité du ciel mongol.
Des repas passés à manger immanquablement la même chose, des soupes de nouilles avec toujours le même goût de mouton, toujours les mêmes morceaux de gras.
Des journées sans eau courante, sans pouvoir se doucher ni se laver, et avec pour seules toilettes deux simples planches posées au-dessus d’un trou profond.
Des jours et des nuits passés avec toujours les mêmes vêtements, sans pouvoir les nettoyer. Nos seuls vêtements chauds, dont il est impossible de se séparer si on ne veut pas finir frigorifié par le vent, la sécheresse et la rudesse du climat mongol.
Et entre deux gers, des journées passées sur des routes cahoteuses, à être bringuebalés dans tous les sens dans notre bon vieux minivan, pas encore tout à fait remis de notre mal de dos de la nuit, ni de celui de la veille. Et quand on sort du véhicule pour aller profiter d’un de ces magnifiques paysages, il faut encore résister au froid et au vent, parfois même aux tempêtes de poussières ou de sable.
Oui, un tel voyage est une expérience magnifique, extrêmement intéressante et enrichissante, mais il se mérite. Il faut savoir supporter des conditions de vie difficiles et méconnues, et accepter de prendre le temps nécessaire pour réellement sortir des sentiers battus, ou, comme on dit en Mongolie, pour sortir des sentiers tout court.
En tout cas, nous, on a adoré et de notre point de vue, on pouvait difficilement imaginer un meilleur moyen de visiter la Mongolie !
Et dire qu’on ne vous a même pas encore parlé de la raison initiale de ce road trip : le festival des aigles de l’Altaï !