Brèves nippones #1 – Day one
PubliÉ le Catégories : Japon. Tags : couchsurfing, manga.
Ce jour-là nous sommes entrés dans la troisième dimension. Celle du pays du soleil levant. Et depuis on hallucine tous les jours.
La douane
La surprise démarre avant même de remonter sur le ferry, aux portiques de sécurité du port de Donghae. Là, on est accueillis non pas par des douaniers à l’air sévère mais plutôt par des adolescents fans de mangas. Surtout avec leurs petits épagneuls bretons comme chiens de détection.
Au Japon, ils paraissent encore plus accueillants. D’abord les douaniers ont le sourire, élément d’originalité non négligeable. Et c’est avec ce grand sourire qu’ils viennent nous voir dans la file d’attente pour nous aider à remplir les papiers d’immigration.
Ensuite on a droit à une fouille de nos bagages, mais ils n’osent pas ouvrir nos sacs eux-mêmes et nous demandent la permission à chaque fermeture éclair. « Ben oui bien sûr, allez-y, c’est votre boulot, faites-vous plaisir« .
« – Vous venez faire quoi au Japon ?
– Visiter.
– Oh super, combien de temps vous allez rester ?
– 2 mois.
– Oh 2 mois mais c’est génial.
Oh et vous êtes allés en Iran [en voyant mon visa], c’est joli là-bas ? Vous avez visité quelles villes ?
– Téhéran, le sud, le pays est très beau, les gens sont extrêmement accueillants.
– Oh, vraiment, c’est super, génial »
Quelque chose dans le genre. On est à deux doigts de lui proposer un café, mais bon on n’a pas trop envie de trainer à la douane. Nous, on veut voir notre première ville japonaise. Sakaiminato.
Mais, c’est comme ça partout au Japon ?
On n’est pas encore sortis du port que j’ai mon premier choc nippon : les toilettes ! Mais comme depuis on a découvert encore d’incroyables variantes de ce lieu commun, elles mériteront une brève à elles seules, plus tard.
Sakaiminato est la ville d’un – apparemment très célèbre – auteur de mangas, Shigeru Mizuki. Son manga le plus connu est Ge-ge-ge no Kitaro (Kitaro le repoussant), une histoire de monstres aux personnages un peu délirants.
Délirant, comme la ville de Sakaiminato qui tourne autour de son univers !
On retrouve les personnages de mangas partout : une centaine de statues en bronze dans la rue principale, des dessins au sol, sur les lampadaires, dans les vitrines de magasins, sous toutes formes, y compris alimentaires !
On peut même faire une chasse au trésor avec des tampons en libre accès disséminés sur les trottoirs. On en a trouvé 34 sur 37, pas si mal.
Et en plus une petite musique de jeu vidéo rode dans l’air. On se croirait vraiment dans un univers magique parallèle. Vraiment hallucinant. D’ailleurs Benoît n’arrête pas de me dire :
« Mais c’est comme ça partout au Japon ? C’est complètement fou ce pays ! »
Et puis soudain apparait une personne déguisée en monstre qui vient prendre la pose à côté de nous…
Malheureusement on ne pourra rester que trois heures dans cette ville, car nous sommes attendus ce soir. Alors après avoir mangé nos premiers udon, il est déjà l’heure de prendre le train. Un train aux couleurs des personnages du manga, bien sûr ! Jusqu’aux motifs des sièges et à la voix utilisée pour faire l’annonce des stations…
« Mais c’est comme ça partout au Japon ? »
Sakio, notre premier hôte japonais
C’est avec un franc sourire, un peu de timidité dans le regard et des gants blancs que Sakio nous accueille à la gare de la petite ville de Yodoe. Elle est belle cette ville de maisons en bois traditionnelles. Après l’exubérante Sakaiminato, nous voici plongé dans le calme de la campagne japonaise.
A peine nos sacs déposés dans le coffre que Sakio nous propose de visiter le coin : un arrêt au petit port de pêche, un autre près des ruines d’un village datant des années -100, puis un dernier au musée. Des visites « à la japonaise » , comprendre « au pas de course » … Mais notre hôte est tellement gentil.
Arrivée chez lui, on découvre une de ces maisons en bois traditionnelles. Elle est belle, simple, mais harmonieusement décorée. Les murs intérieurs sont tout fins, les fenêtres ont des rideaux de papiers, dans le salon on trouve un autel bouddhiste et de la calligraphie aux murs, dans notre chambre nous dormirons sur un futon, à côté d’une vitrine de poteries traditionnelles.
Le temps semble s’être arrêté ici. Il faut dire que Sakio a 63 ans. Et il vit avec son père de 99 ans ! Wahou. Cet homme qui marche, lit, a encore toute sa tête et surtout prie à genoux pendant de longues minutes nous impressionne.
Le soir Sakio nous a préparé un nabe. C’est comme une fondue, avec un bouillon dans un grand caquelon, et dedans cuisent divers légumes, racines, champignons, du poulet et du crabe. Un délice ! La nourriture est très fine et puis accompagnée de petits condiments présentés dans des coupelles individuelles. Un exquis raffinement, on se sent vraiment privilégiés avec nos deux grands-pères japonais.
Et quand on évoque notre voyage autour de la culture culinaire, Sakio nous embarque pour aller boire un verre de Sake dans une ancienne brasserie du village reconvertie – depuis longtemps – en bar. Une escapade nocturne – « à la japonaise » – dans un village endormi avant d’aller, nous aussi, nous jeter dans les bras de Morphée, des images plein la tête.
On ne pouvait pas imaginer meilleure introduction à la vie nippone que cette première journée dans ces petites villes de campagne !
25 novembre 2015 à 23:31
joli reportage !
26 novembre 2015 à 14:02
Merci Nirvan !
27 décembre 2015 à 08:10
[…] c’est d’abord, bien sûr, rencontrer des gens. On avait déjà parlé de Sakio, pour notre premier jour au Japon, puis de Josh et Mitsue, qui nous ont permis de vivre ces expériences uniques à Yamaguchi (making […]