Comme un cheveu sur la soupe – Est du Canada
PubliÉ le Catégories : Canada, Plats et traditions. Tags : arctique, culture alimentaire, Québec, tradition.
Entre le Nunavut, la Nouvelle-Ecosse, le New Brunswick et le Québec, difficile de définir ce qui caractérise la culture alimentaire canadienne. Ce pays est tellement immense ! Et encore, on n’a fait qu’une toute petite partie de l’est du pays. Mais voici ce qui nous a marqué.
Ce qu’on a retrouvé partout
Les grands supermarchés
La majorité des Canadiens fait ses courses dans des supermarchés de grande taille où on trouve, beaucoup de produits gras, sucrés ou salés, d’origine industrielle. Impossible d’en faire la liste. Mais rassurons-nous, il n’y a pas que ça. On a quand même réussi à trouver des fruits et légumes et d’autres produits frais.
La taille XXL (et le système anglo-saxon)
Des bouteilles de jus de fruits de 2L (enfin 1/4 Gallon pour être précis), des pots de yaourt de 1kg (2 lbs), des fraises vendues en pinte, des pots de crème glacée de 4L ! Oui, on est en Amérique du Nord et on a l’impression que tout est beaucoup plus gros. Les frigos, les plaques de cuisson, les pizzas, les feuilles d’essuie-tout, les paquets de céréales : tout est à la taille XXL. Même certains légumes paraissent énormes. Et en plus, on ne sait même pas vraiment la quantité que l’on achète, même si la conversion en système métrique est de plus en plus courante sur les emballages.
Le Tim Horton’s
On y a mis les pieds, plusieurs fois, mais on n’a jamais rien commandé finalement. Le Tim Horton’s, c’est LE fast food canadien ! Il y en a partout ! On y vend des sandwichs, normal, mais aussi des pâtisseries (toujours fraîches du jour, ils l’écrivent partout !) et du café. Les Canadiens peuvent donc y aller à n’importe quel moment de la journée, généralement pour prendre leur café, et l’accompagner d’un casse-croûte ou d’un bon en-cas sucré.
Et pour l’anecdote, dans les pays où Mc Donald’s est implanté, il n’y en a que deux où il n’est pas le fast food le plus représenté : la Belgique (ou Quick le devance, bravo :)) et le Canada, où c’est Tim Horton’s qui tient le devant de la scène.
Update du 27/08/2014 : on vient de voir sur CNN News aux US que Burger King serait en train de racheter Tim Horton’s, en vue de s’implanter au Canada et d’y bénéficier d’un meilleur régime fiscal… A suivre !
Heureusement, le Canada, ce n’est pas que ça ! Les différents territoires et états ont chacun leurs spécialités et leur identité culinaire. Voici nos impressions sur celle du Nunavut et du Québec, où nous avons passé le plus gros de notre temps.
La culture alimentaire Inuite au Nunavut
Lors de notre séjour à Iqaluit, et notamment à l’occasion de notre dîner chez Ellen, nous avons pu avoir un large aperçu de la cuisine Inuite. Celle-ci est assez proche de la culture Groenlandaise, ce qui n’est pas très étonnant vu que ces territoires se ressemblaient fort. Une alimentation issue de la pêche (en mer et dans les rivières, voire même sous la banquise) et de la chasse (caribou, phoque, baleine, morse, ours)
Le phoque
La chair de phoque présente deux couches très distinctes : une couche de graisse toute blanche, utilisée autrefois pour chauffer et éclairer en brûlant, et une couche de viande très sombre. Il faut donc d’abord séparer la graisse de la viande, ce qui peut être assez fastidieux. Puis on peut cuisiner la viande. Et on a eu l’occasion d’en manger deux fois. Une fois rôtie au four, comme des ribs, et une fois en soupe, comme on a pu manger le renne au Groenland. C’est d’ailleurs ce mode de consommation qui est le plus traditionnel d’après les Inuits. Mais le phoque peut aussi se manger cru et congelé. La viande de phoque a l’aspect de celle du bœuf, un peu comme de la bavette pour certaines parties. Et on a la même impression en bouche, sauf que le goût est plus proche de celui de la mer, plus proche du goût du poisson. Un mélange étrange mais quand même très bon. On préfère néanmoins quand la viande est bien cuite, car la texture crue est assez élastique et difficile à mastiquer.
Le poisson : l’omble de l’arctique (arctic char)
C’est le poisson roi ici ! Quand on parle de poisson, il s’agit souvent de l’arctic char. La première fois qu’on y a goûté, c’était sous forme de fines tranches gelées de poisson cru. C’est assez surprenant, mais finalement agréable de sentir la chair fondre en bouche. Très bon avec une petite sauce gingembre-soja ou de ce type là. On croirait manger un petit sushi très froid.
On a aussi pu le déguster cuit au four. Excellent également. La chair est aussi très fondante et le goût se rapproche de celui de la truite.
Le caribou
Comme le renne au Groenland, c’est l’animal le plus chassé et la viande la plus consommée, et on le mange aussi le plus souvent sous forme de soupe. Mais ici, on a aussi pu en manger au barbecue ! Et c’était très bon. La viande est assez fine et un peu goûtue. Et mention spéciale au foie (enfin pour Benoît, car Sandrine a préféré le steak).
Autre particularité, comme l’arctic char, la viande de caribou peut aussi se manger en fines tranches gelées. Mais on a quand même préféré le barbecue !
La baleine (beluga)
Alors qu’au Groenland, la baleine a un caractère très noble et n’est consommée qu’à de rares occasions, il est ici beaucoup plus courant d’en manger. On a donc eu le droit d’en goûter un tout petit bout. L’espèce la plus chassée est la beluga, une baleine à dents plutôt petite, assez proche d’un narval mais sans sa défense. On a mangé un petit morceau de muktuk (merci Anick-Marie pour cette info), qui correspond à l’ensemble peau + lard. La consistance est à la fois molle mais avec des morceaux très durs, comme du cartilage. Et le goût ne nous a pas marqués. Bref, comme ça, sans rien, c’était un peu spécial, mais c’est un peu meilleur avec de la sauce soja.
La tradition Inuite
On n’aura pas participé à ce dîner dans la pure tradition Inuite. En effet on nous a expliqué que leur coutume était de manger assis par terre, en cercle autour d’une seule grande assiette où chacun vient piquer les morceaux qui l’intéresse. Et pas trop de mélanges a priori, on se contente juste de l’animal qui a été chassé ou de la pêche du jour. Il est vrai que cette configuration semble particulièrement bien adaptée à la vie dans un igloo !
En vrac :
- Les Inuites chassent, et mangent, aussi du morse et de l’ours polaire
- Leur résistance à l’alcool est faible. Comme chez certains Asiatiques, il n’ont pas cette enzyme qui leur permet d’assimiler l’alcool, ce qui fait qu’il passe très vite dans le sang.
Le Québec, de la junk food au sirop d’érable
La poutine
C’est LA spécialité québécoise. Et disons le franco, c’est loin d’être raffiné ! Trois ingrédients constituent la poutine : les frites, le fromage en grain et la sauce gravy. Le fromage en grains n’a pas trop de goût mais apporte une consistance agréable en fondant. La sauce gravy est une sorte de jus de cuisson du poulet mélangé à du bouillon de viande et épaissi avec de la farine. C’est elle qui donne tout le goût. Et bien entendu, des frites maison feront de meilleures poutines.
On peut ajouter à cette base une grande variété d’ingrédients (viande, légumes, piments, fromage ou même du pop corn !) pour créer une infinité de poutines différentes.
Nous avons testé la plus célèbre adresse de Montréal : la Banquise. Et ça vaut le coup d’y passer. La poutine y est très bonne, mais surtout les recettes sont très nombreuses et originales. Par contre ne tentez pas la version large, la portion simple a suffi à nous caler pour un bon bout de temps ! Et soyez patients, il y a bien souvent plus d’une demie-heure de queue.
La smoked-meat (de chez Schwartz’s)
On nous l’a vendue comme l’autre grande spécialité de Montréal : la viande fumée. Et pour y goûter, une seule adresse : la charcuterie hébraïque de Montréal (chez Schwartz’s). Curieux, on y a été. Il devait être 14h30 en semaine, et une longue queue s’est présentée devant nous le long du trottoir. L’endroit semble effectivement très réputé. Une grosse demie heure plus tard, nous voilà à l’intérieur. Les tables sont toutes occupées, aucune place ne reste vacante bien longtemps. On est donc installé entre un couple de Chinois et deux américains. Au menu, le smoked meat sandwich. Pas question de commander autre chose lorsque l’on vient ici pour la première fois. C’est notre serveur qui le dit. On peut toutefois l’agrémenter de cornichons, de frites, de coleslaw, et choisir la qualité de la viande : plutôt maigre, medium ou grasse. Notre voisin chinois, qui ne fait rien comme les autres, insiste quand même pour commander une assiette de viande au lieu du simple sandwich, soit l’équivalent de 4 sandwiches. En mode gras bien sûr !
Le sandwich est on ne peut plus simple : 2 vulgaires tranches de pain blanc, sans intérêt, et entre les deux une quinzaine de fines tranches de viande fumée. Celle-ci est effectivement très bonne, très fondante et vaut le détour. En revanche, le pain n’apporte rien du tout. Le sandwich nous cale pour la journée, c’est encore une fois très copieux ! Ca n’a pas empêché notre voisin chinois, qui ne payait pourtant pas de mine, de s’enfiler son assiette de viande grasse à vitesse grand V. Impressionnant.
Impression mitigée au final, et si vous n’êtes pas trop viande, inutile de vous conseiller de passer votre chemin.
Les poissons et fruits de mer
Avec le Saint-Laurent qui le traverse, ses très nombreuses rivières, et son accès aux eaux froides de l’Atlantique Nord, le Québec est plutôt bien pourvu en poissons et fruits de mer. Sans compter que la pêche au saumon est probablement le sport numéro un en Gaspésie. On a eu l’occasion de goûter quelques produits frais du coin : des darnes de flétan, des crevettes et des bourgots (qu’on appelle chez nous bulots). Tout cela était vraiment excellent.
Il est aussi possible de manger du homard à un prix très correc. On peut en trouver sous plein de formes, on a même goûté un sandwich club au homard dans un petit restaurant. Bref, les produits de la mer et des rivières sont vraiment des valeurs sûres au Québec, à des prix très abordables.
Le sirop d’érable et ses dérivés
Comment parler des spécialités québécoises sans évoquer le sirop d’érable. On aurait pu faire un article complet sur cette culture, mais les cabanes à sucre étaient fermées en cette saison, hormis quelques lieux très touristiques ouverts toute l’année mais que nous n’avons pas pu visiter.
En effet, la saison des sucres est courte, de début mars à fin avril. C’est à ce moment que le jus des érables coule dans les érablières et que l’on fabrique le célèbre sirop dans les cabanes à sucre. Lorsqu’on les visite, un repas canadien traditionnel (au vu des menus, on pourrait même dire un festin) est proposé aux visiteurs, agrémenté de folklore local. Et bien entendu, tout le repas est arrosé du sirop sucré (les soupes, les patates et légumes, les viandes, l’omelette, les crêpes, le beurre, le pouding chômeur, etc.), sans oublier les tire sur neige, des sortes de sucettes à l’érable. L’occasion de voir tout ce qu’on peut faire avec l’érable, et probablement une sacrée expérience culinaire à vivre !
Mais nous n’avons pas été en manque de sirop d’érable avec le délicieux pudding chômeur que nous avons cuisiner avec Marie-Pier. On attend d’ailleurs de voir les photos de ceux qui essaieront notre recette !
Les cidres et vins de glace
Encore une spécialité québécoise que nous a fait découvrir Marie-Pier ! L’appellation cidre est un peu trompeuse, car la boisson ne pétille pas et est un peu plus alcoolisée que le cidre (10°). Mais dans le principe, c’est un alcool de pommes léger, fabriqué à partir de pommes cueillies en hiver lorsqu’elles sont gelées sur les arbres (ou plus souvent des pommes ramassées qu’on laisse geler dehors…). La boisson est à déguster très fraîche, plutôt au moment du dessert car très sucrée, comme un vin cuit au goût de pommes. On en a trouvé quelques variantes : cidre de glace aux poires (délicieux !) et vin de glace, à base de raisins gelés. Et un marchand nous a proposé une variante plus alcoolisée (20°) , destinée à ses clients français qui jugent le cidre de glace trop léger en alcool : un cidre de glace auquel on a ajouté du calvados local.
En vrac
- On trouve aussi des KFC au Québec, mais ceux-ci s’appellent ici PFK (Poulet Frit à la Kentucky). Ben oui !
- Les Québécois annoncent fièrement qu’ils ont plus de variété de fromage que la France ou la Hollande. En effet, il y a de nombreux fromages au Québec. Mais comme il n’existe pas de système d’AOC, chaque producteur de fromage peut donner le nom qu’il veut à ses produits (souvent le nom du village). Et même si on n’en a pas goûté beaucoup, il nous a semblé que la variété de goûts (et surtout d’odeur !) des fromages québécois est quand même assez restreinte en comparaison à ce que l’on peut trouver en France.
- Comme pour le fromage, pas de gros brasseurs ici, mais que des micro-brasseries. Après quelques dégustations au festibière de Québec, notre impression générale sur les bières québécoises est plutôt positive.
- Petite découverte proposée, encore une fois, par Marie-Pier : le maïs « blé d’Inde ». C’est un épi de maïs un peu sucré. Quelques minutes dans l’eau bouillante, un peu de beurre sur lequel on fait passer l’épi de maïs encore chaud et une pincée de sel. Simple et tellement efficace !
- Les tourtes sont aussi une spécialité très répandue : à la viande (ou aux viandes), aux légumes, salées ou sucré-salées, ou encore aux fruits (bleuet, fraise ou fraise-rhubarbe par exemple).
- Comme chez nous, on prend trois repas par jour, mais ils n’ont pas le même nom : le déjeuner le matin, le dîner à midi et le souper le soir. Le souper se prend d’ailleurs généralement assez tôt, vers 18h.
2 septembre 2014 à 06:06
Ouh là ! Quelques trucs m’ont fait dresser le poil dans cet article ! Voici ma liste de commentaires/rectifications tant attendue (avouez que vous avez hâte d’écrire sur les États-Unis… !)
– Les supermarchés/hypermarchés canadiens n’ont rien à envier aux hypermarchés français.. On y retrouve des produits certes différents, mais tout aussi transformés !
– La pinte liquide et la pinte solide ont un rapport du simple au double…
– Je n’ai jamais vu de yaourt en format 2 kg, les gros sont 750 mL et les plus gros (rares) 1 L !
– Seul le système métrique a cours légal au Canada depuis les années 70. vraiment étrange que vous n’ayez pas les valeurs en métrique ? On a tellement l’habitude : 227 g (8 onces), 454 g (une livre), 341 mL (la bière !)..
– On est 4 ici dans la pièce à dire en état de choc : « DES BURGERS AU TIM ??? » Y’a pas de burger au Tim. Il ont un sandwich au poulet, des panini… mais pas de burgers. C’est assez rare que l’on mange au Tim’s d’ailleurs, c’est le lieu café + beignes…
– Vous n’avez pas mangé de la chair de béluga, mais bien de l’ensemble peau/lard. Il s’agit de muktuk – http://en.wikipedia.org/wiki/Muktuk – La chair du béluga est très près des autres viandes rouges comme le boeuf, avec un goût de poisson plus léger que la chair de phoque. On la mange souvent en carpaccio. C’est délicieux ! Les Inuits du Nunavut mangent le muktuk en entrée ou à l’apéro, en le trempant dans la sauce soja. C’est une excellente source de vitamine C (la meilleure source d’origine animale).
– La sauce gravy (on l’appelle la sauce brune, gravy veut juste dire sauce ou fond en anglais), c’est moitié bouillon de poulet, moitié bouillon de boeuf, avec du beurre et de l’huile. Si on vous a dit épaissi avec du gras de poulet, on vous a raconté des bobards. Une simple recherche de recettes sérieuses sur le net vous en convaincra…
– Schwartz est le plus connu des deli de Montréal, mais il y en a plusieurs qui défendent bien leur place et où l’on peut déguster de bons smoked meats. Bon, il n’appartiennent pas au mari de Céline, mais ils sont pas mal quand même : Lester, Ben’s, Reubens…
– Quatre en coeur : « Des LÉGUMES dans une CABANE À SUCRE ??? » Bon oui, si on inclut la pomme de terre…
– Tite coquille – l’alcool ne se mesure pas en degrés Celsius… :P
– De grosses brasseries aussi au Québec, mais ce ne sont pas les bières qui nous rendent fières. À Montréal, les plus grosses sont Molson et Labatt. La saveur délicate de ces chefs-d’oeuvre rappelle la Kro et 1664 avec des relents de Budweiser :P
Qui aime bien châtie bien…. <3
19 septembre 2014 à 18:22
Avec beaucoup de retard, suite notamment à notre coupure internet à Cuba, je prends enfin le temps de te répondre, Anick-Marie.
Merci pour ces précisions, corrections et compléments. On a effectivement laissé passer quelques coquilles et s’entrechoquer les souvenirs des derniers pays :)
– Pour les supermarchés, c’est surtout à Iqaluit qu’on a été surpris par la quantité de produits transformés. Ce qui est finalement logique étant donné l’éloignement géographique du Nunavut.
– Peut-être une petite confusion avec les US concernant l’usage du système métrique. Les produits au Canada utilisent généralement les deux systèmes, en effet. Par contre, ce n’est pas toujours le cas dans les livres de recettes ;)
– Oui, il y a bien des sandwichs, des paninis, des wraps au Tim, et pas de burgers. Mais quand même, pour des néophytes, le crispy chicken, ça ressemble fortement à un McChicken :)
– Pas de gras de poulet dans la sauce gravy, mais du beurre et du jus de cuisson, en effet.
– On a souvent vu des fèves, des pois ou du chou dans les menus des cabanes à sucre. Ce que j’ai résumé par le mot légumes. Après, on n’a pas essayé, donc c’est peut-être symbolique.
Voilà, on a mis jour notre article. Merci pour tes messages constructifs, et rendez-vous bientôt pour nos impressions sur les US !
20 septembre 2014 à 00:09
Qui aime bien châtie bien. Je ne me cache pas – vous êtes un des seuls blogues que je suis, alors… :)
Bon appétit !