Bref, on a travaillé dans une ferme
PubliÉ le Catégories : Costa Rica. Tags : ferme, marché, workaway.
Une fois n’est pas coutume, c’est un article audio qu’on vous propose !
Bonne écoute :
Et pour ceux qui n’auraient pas tout suivi, ou qui veulent relire tranquillement, voici le texte et quelques photos :
Bref.
On avait envie de travailler dans une ferme au Costa Rica.
On nous avait dit que chez Guillermo et Luz on pourrait vivre au sein d’une famille.
On nous avait dit, « Quand le bus arrive au pont, faut sonner. Quand le bus sort du pont, faut descendre. Ma mère sera là pour vous attendre. »
Le bus est arrivé au pont, on a sonné.
Le bus est sorti du pont, on est descendu.
Y avait personne.
On a marché, on a vu une maison, c’était délabré, c’était un poulailler.
On a continué, on a vu une ferme, y avait plein de monde.
Y avait : deux québécoises, un québécois, une suissesse, une américaine, un australien. Pas de costaricain.
Ils nous ont dit « Bonjour, vous voulez de l’eau ? »
On a dit « Oui« .
On a bu de l’eau. On a fait connaissance. Ils étaient sympas.
Une dame est sortie de la maison, elle a dit « Hola, me llamo Luz« .
Je me suis dit, « Ça doit être la propriétaire« .
J’ai dit :
« – Bonjour, je suis Sandrine.
– Comment ?
– Sandrine
– Comment ?
– Sandra
– Ah bueno »
Elle est partie.
Après, on a vu un homme. Il avait l’air vraiment jeune. Il ne parlait pas. Il s’appelait Guillermo.
Le soir, on a vu aussi deux filles. Les filles de Luz. L’une s’appelait Daniela, enfin Wendy, enfin elle avait deux prénoms. L’autre s’appelait Maria Fernanda, elle n’avait qu’un prénom, et elle avait un bébé.
Et il y avait aussi un homme plus vieux. Avec une moustache. On m’a dit que c’était le père, et qu’il s’appelait Guillermo. J’ai compris qu’il était le père du bébé. Ca m’a paru très bizarre, j’étais complètement perdu.
Deux jours après, j’ai compris que ce n’était pas ça. En fait, il était le père de Maria Fernanda, du jeune Guillermo et de Wendy, enfin Daniela. Et qu’il était donc le grand-père du bébé, et le mari de Luz.
C’est un peu compliqué, mais c’était plus logique comme ça.
Les autres volontaires nous ont dit : « Le matin, faut se lever tôt, y a la routine des animaux« .
A 5h45 le réveil a sonné, je me donc suis levée, j’ai mis mes bottes, on m’a envoyée vers les cochons.
D’abord, faut leur donner à manger.
Ensuite, c’est comme un jeu vidéo. Y a un jet d’eau, un balai et faut pousser les tas de caca vers la sortie. Mais y a des obstacles, c’est les cochons, faut tourner autour et s’ils te mangent les bottes ça fait des points en moins.
En tout cas avec l’odeur j’étais bien réveillée. Et Benoît, lui, il aimait bien ça. Du coup, il l’a fait tous les matins.
Après y a les cailles, faut les nourrir, faut leur donner à boire, c’est facile.
Parfois faut nettoyer leur cage. Là ça se complique. Y en une qui s’est pris un coup de pelle.
Elle a été propulsée 30cm plus loin.
Elle m’a regardée, je l’ai regardée, elle m’a regardée, je l’ai regardée. Elle est repartie manger. Je crois qu’elle va bien.
Y’a aussi une chèvre. C’est Marina qui s’en occupe. Parce qu’elle la trouve mignonne. Elle va lui chercher des feuilles de canne à sucre. Ca lui fait une balade avec Jarrad. Et pendant qu’elle nettoie l’enclos, on tient la chèvre, c’est rigolo.
Pour les poules, c’est souvent Marie-Eve et Derreck qui s’y collent. Y a deux enclos.
Les pollitas, elles ont 10 semaines, c’est des enfants, elles ne font pas d’œufs, faut juste les nourrir.
Les gallinas, elles font des œufs, faut les chercher. C’est comme à Pâques. Sauf qu’y a les poules.
Et les poules, ça caquette, ça picore les bottes, ça picore les jambes, ça picore les seaux, c’est trop bête.
Y en a 400. C’est moins drôle qu’à Pâques.
A 6h30, on a fini, Luz nous appelle, c’est le petit déj.
Le matin, on a du riz, des haricots et des bananes.
Le midi, on a du riz, des haricots et des bananes.
Le soir, on a du riz, des haricots et des bananes.
En fait, c’est pas vrai. Luz est une super cuisinière. On a toujours plein d’autre choses pour accompagner le riz, les haricots et les bananes.
Après on commence vraiment à travailler. Y a plein de choses à faire, ça change tous les jours, on ne sait jamais à l’avance.
C’est un peu comme une chanson en canon, Luz distribue les tâches. Y a en un qui part, y en a trois qui partent, moi je pars, tout le monde part.
Un matin, on a du refaire des chemins dans le jardin.
On a porté des pierres, du sable, on a fait une chaine parce que c’était lourd.
On a rangé les pierres dans l’allée, on a versé le sable dessus, on a tassé.
Maintenant on ne marche plus dans la boue quand on ramasse les salades.
Un autre matin on est allé cueillir les grains de café.
Y a les grains rouges qui sont mûrs, y a les grains jaunes qui sont presque mûrs, y a les grains verts qu’il faut laisser.
Mais c’est un peu subtil. Alors on a pris les rouges, on a travaillé pendant 2h, fallait prendre aussi les jaunes, on a du recommencer.
On était trois, on a travaillé 5h, on a fait deux rangées, y en a 18.
Le fils de la famille était tout seul, il a travaillé 4h, il a fait deux rangées.
On a fait le calcul, on a refait le calcul, on était toujours à la même conclusion, on est vraiment lents.
Parfois faut trier des haricots secs. Faut séparer les bons beans, des mauvais ou des déchets.
T’as un tas de beans, tu prends un bean, il te regarde, tu le regardes, il dit rien, il est bon.
Tu prends un autre bean, il te regarde, tu le regardes, il dit rien, tu le jettes.
Y a des jours on fait des haricots rouges, y a des jours on fait des haricots noirs, y a des jours on fait des haricots blancs.
Mais au fond c’est toujours la même chose.
Un jour il a fallu couper le bout du bec des pollitas, les petites poules. Parce que sinon elles se battent.
Le vétérinaire est venu, on a mis les poules d’un côté de l’enclos.
Marie-Eve a attrapé une poule, Saskia a tenu la poule à l’envers, je lui ai injecté des vitamines, le vétérinaire lui a coupé le bec.
Marie-Eve a attrapé 498 autres poules, Saskia les a tenus, je leur ai injecté des vitamines, le vétérinaire leur a coupé le bec.
Et y a eu une poule avec bec qui s’est cachée au milieu des poules avec demi-bec.
Il a fallu la retrouver. On avait l’impression de jouer au jeu des sept différences.
J’ai gagné. Je l’ai retrouvée, le vétérinaire l’a attrapée, il lui a coupé le bec. Ca l’a calmée.
Et puis y a eu Ebola.
Bailee, ne se sentait pas bien. Elle a lu un article sur Ebola dans un vieux journal.
Elle avait : de la fièvre, des douleurs, de la fatigue.
Elle a souligné dans le journal les symptômes d’Ebola : de la fièvre, des douleurs, de la fatigue.
Y avait plein d’autres symptômes encore, mais elle a cru qu’elle avait Ebola. Surtout qu’elle était à l’aéroport d’Houston trois semaines avant. Et à Houston, il y a avait quelqu’un qui avait eu Ebola.
Alors elle ne voulait plus travailler.
On lui a demandé si elle pouvait nous aider avec les poules. Elle nous a dit : « Non, avec Ebola, je vais les contaminer« . On l’a regardée, elle nous a regardés, on était dépités.
Deux heures après, son nez a commencé à couler.
Elle est retournée lire le journal. Ce n’était pas dans les symptômes d’Ebola. Elle est revenue. Elle nous a dit : « C’est bon, je n’ai pas Ebola, c’est juste un rhume« . On l’a regardée, elle nous a regardés, on était dépités.
Des fois faut désherber.
Faut se pencher, faut arracher les mauvaises herbes. On n’a pas d’outils, à part un vieux clou rouillé.
Au bout d’un moment tu te mets à genoux, parce que t’as mal au dos.
Au bout d’un moment tu te mets assis, parce que t’as mal aux genoux.
Au bout de 3h t’en peux plus parce que t’as mal aux fesses et que c’est vraiment ennuyant.
Le mercredi, faut cueillir la coriandre parce que le lendemain on va la vendre au marché.
Ici ils ont de la coriandre avec des dents. Ca pique, c’est pas très agréable, mais c’est toujours mieux que de désherber.
Le midi, faut recommencer la « routine des animaux ». Je ne vous refais pas le dessin.
Y a : les porcs, les cailles, la chèvre, les poules.
Ah oui et entre temps, faut laver les œufs. Plus exactement faut les frotter avec une gratounette pour qu’ils soient tous beaux. Tous les jours y en a 300. A gratter. A ranger. A peser.
L’après-midi, c’est repos.
On peut : lire, jouer, papoter, faire une sieste, faire sa lessive, écrire, manger des bananes, prendre sa douche, se baigner dans la rivière, égrener des maïs. Enfin on est libre.
Le jeudi on va à la ville. Parce que le jeudi, c’est la feria, c’est-à-dire le marché.
Tout le monde veut y aller. Pas pour le marché, mais pour aller au café internet.
On se lève à 3h, on part à 4h, on installe à 5h, on vend à 6h.
Y a plein de monde, y a plein de choses, y a pas de place.
On vend : des salades, des piments, des concombres, de la coriandre, des oignons, du céleri, des œufs, des bananes.
Pour les prix on a une liste. Pour le céleri faut peser. Pour les bananes faut estimer.
Et puis faut ré-achalander.
Nous on aime ça, on rencontre des gens, on sourit, on vend, on s’amuse.
Les autres, ils préfèrent Internet.
Le samedi on se couche tard. Parce que le samedi c’est les volontaires qui cuisinent. Et qu’on fait toujours des trucs compliqués.
On a fait : des currys, des gratins, des pizzas, des croustades aux pommes. Une fois, on a fait une tarte loupée. Mais c’était drôle.
Sinon les autres soirs, on se couche tôt parce qu’à 5h45 faut se lever.
Faut pas oublier qu’y a : les porcs, les cailles, la chèvre, les poules.
Bref, on a travaillé deux semaines dans une ferme.
Un grand merci à Luz & Memo pour nous avoir accueillis dans leur maison !
Pensées à Daniela/Wendy, Memito, Maria-Fernanda & David & Santiago, Nicole (aux US) et Dago.
Un coucou à Derreck, Marie-Eve, Loanne, Marina, Jarrad, Bailee, Saskia, Caroline qui ont partagé avec nous le travail et les fous-rire !
Retrouvez plus de photos sur Flickr.
13 novembre 2014 à 11:04
Sympa cet article audio
13 novembre 2014 à 17:41
Amusant !!!!
Qui aurait « pensé » » que Benoît trouve du plaisir à s’occuper des cochons !!!!!!!
13 novembre 2014 à 18:53
Je crois qu’il existe quelques témoins qui connaissait déjà l’existence de cette passion porcine !
15 novembre 2014 à 10:32
Ah oui moi ça ne m’étonne pas tout! Je vous imagine très bien faire tout ça ! Benoît, tu as vu le verrat ? Vu ?
27 novembre 2014 à 13:27
Oui, effectivement, j’ai pris du plaisir à m’occuper des ces cochons et de ces porcins. Mais comme on dit, quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. En l’occurence, il y en avait 8, dont la moitié de petits, ça allait…
Par contre, Sig, ma mémoire me fait défaut sur ton commentaire. Tu me rafraîchiras la mémoire à l’occasion ?
Et non Jbeu, il n’y avait pas de verrat, malheureusement, car la ferme se contentait juste d’acheter de petits porcins et de les revendre une fois gras et adultes. Pas vu le verrat, vu ?