Le jour où on a passé trois frontières

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Écoutant pour une fois les palabres d’un rabatteur, nous trouvons un bon plan pour rallier le Nicaragua directement d’Antigua. 55$, imbattable !

 

Mardi 9h. Un taxi nous amène d’abord à Guatemala City et nous retrouvons là bas un bus, local bien sûr, qui nous attend. Mais ma foi, il y a de la place pour les jambes, les sièges s’inclinent un peu, ça n’a pas l’air mal pour les 20 prochaines heures qui nous attendent.

Les gens arrivent peu à peu, nous sommes les seuls touristes. Les uns après les autres les vendeurs défilent dans l’allée. Il y a de quoi se constituer le parfait kit du voyageur en bus longue distance : des sachets de fruits, des chips de bananes ou des sachets de snacks, mais aussi des magazines, du déodorant, des oreillers Toy Story, des toupies et des balles lumineuses (pourvu que personne ne se mette à jouer dans l’allée !)

Et puis ils emmènent des chaises et des tabourets en plastiques. Et les gens commencent à s’installer dans l’allée. Quoi ???!!! Ces gens vont passer 20h sur ces tabourets ???!!! Oui.

Par contre à chaque arrêt c’est la foire, il faut faire sortir les premières personnes, puis empiler les tabourets et les chaises et les mettre sur des places libérées pour pouvoir faire sortir les personnes de derrière.

Et quand on monte dans le bus, même cinéma mais dans l’autre sens. Et au premier arrêt, on se fait avoir : nos places sont au fond du bus, mais on est les derniers à monter. Résultat, il faut se contorsionner et escalader par-dessus les gens qui sont déjà sur leurs tabourets. Mais personne ne râle, tout le monde semble habitué à cette situation et les personnes dans l’allée ne tardent pas ensuite à s’endormir, la tête sur le siège voisin.

 

20h de bus, c’est sacrément long, mais le trajet passe sans encombre, ponctué par les 3 passages de frontière nocturnes. Là encore tout est un parfait fouillis organisé. Les gars de la compagnie de bus collectent les passeports, établissent la liste des passagers, renvoient les passeports en les faisant passer de mains en mains. Sauf les nôtres. On flippe un peu, mais non à l’arrêt suivant on les récupère. Parfois on passe la douane nous même avec les passeports, parfois c’est eux qui gèrent, y compris le paiement des taxes. Du coup tout se passe sans encombre.

La dernière frontière est un peu plus longue à passer. On y arrive à 3h30 mais elle n’ouvre qu’à 7h, alors on dort encore un peu en attendant. Et puis là il faut décharger tous les bagages, ils contrôlent les importations au Nicaragua. Enfin contrôler est un bien grand mot, parfois le douanier ouvre des sacs et regarde la première couche d’objets, parfois il fait juste signe de passer. Pourtant les gens en transportent des affaires, beaucoup dans des grands sacs de type « sac à patates ». On serait bien curieux de savoir ce qui transite par notre bus. Et puis il faut recharger le bus, les soutes, mais surtout le toit qui portera nos bagages pour le dernier tronçon du voyage.

 

Le soleil s’est levé, nous roulons maintenant au Nicaragua. On aperçoit de beaux petits volcans entourés de verdure.

Fréquemment le bus s’arrête et quelques personnes descendent, enfin arrivées à destination. 20h de bus, c’est une petite vie qui s’est créée dans ce bus, les gens ont dormi, parlé, joué, regardé des films, écouté de la musique mais aussi mangé et bu. Et avec l’arrivée de la lumière, on découvre l’ampleur des dégâts : le bus est une véritable poubelle ! En fait, les gens jettent simplement leurs déchets par terre, des papiers de bonbon aux sachets de frites graisseux en passant par les écorces de ramboutan. Cela dit dans la gradation du pire, on est quand même un niveau en dessous du classique « je balance mes déchets par la fenêtre » que nous voyons depuis quelques semaines.

 

« Leon, Leon ! » Ca crie à l’avant. Ca y est nous sommes arrivés. On descend groggy par ce long trajet. On nous balance nos sacs depuis le toit de bus, on nous trouve un taxi pour nous emmener au centre ville parce que là nous sommes au milieu de nulle part. Nous sommes mercredi et il est bientôt 11h. Plus qu’à contacter notre hôte de couchsurfing, Rudy, prendre un bon petit déjeuner en l’attendant, faire 30 minutes de bus jusque chez lui et nous allons pouvoir apprécier cette bonne douche qui nous fait tant rêver.

 

12h30, on le retrouve enfin. Il est venu nous chercher jusqu’à Leon. Sympa ! En chemin, il nous explique qu’il a deux chiens et un chat. Sauf qu’un des chiens a disparu depuis quelques jours et que l’autre est très malade. Et son chat s’appelle Mussolini. Ca promet !

Il croise aussi un ami qui propose de nous emmener à l’arrière de son pick-up. Cool, on arrivera plus vite à la douche.

 

Sauf qu’au bout de 500m il se met à pleuvoir des cordes. On descend du pick-up, on attend 20 minutes que la pluie cesse. Elle ne cesse pas. On abandonne donc l’idée de rentrer en pick-up pour retourner à pied à l’arrêt de bus et attendre le prochain départ pour Poneloya.

 

Sauf qu’en arrivant chez lui, on découvre que son chien malade vient de mourir. Il pleut toujours des cordes. On sort les pelles, on creuse un trou.
« C’est quoi la bonne profondeur pour que les cochons des voisins ne viennent pas le déterrer ?« . Dans le doute, on creuse encore un peu. On rebouche le trou, paix à son âme de chien.

 

Sauf qu’en ouvrant notre sac on découvre que la crème solaire a coulé dans une des trousses à pharmacie. On lave, on essuie, on fait sécher.

 

Mercredi 16h30. Enfin les premières gouttes d’eau de la douche rebondissent sur notre dos. Pu*** on l’aura bien méritée celle là !
Aaaaahhh maintenant on va pouvoir apprécier les lieux et faire plus amples connaissances avec notre hôte. Mais d’abord une petite sieste.

 

Sauf qu’on s’aperçoit rapidement que Rudy est aussi sympa que sa maison est sale. Alors on se glisse dans des draps douteux et on a un peu de mal à trouver le sommeil. Mais on finit par s’endormir.

 

Sauf que Rudy nous réveille à ce moment là pour nous dire qu’un ami a besoin de lui pour aider dans sa pizzeria et qu’il ne rentrera que le lendemain. Alors on se retrouve seuls, et réveillés. Tant pis on va aller au resto wifi qu’il nous a indiqué pour travailler un peu.

 

Sauf qu’il se met à nouveau à pleuvoir, et pas qu’un peu. Tant pis on va d’abord travailler à la maison en attendant que ça cesse. Finalement une heure après on enfile les tenues de pluie et on se lance, à la frontale, dans le village. On a faim, il n’y a rien ici et la cuisine est digne de celle d’Inverness.

 

Sauf que le resto qu’il nous a indiqué n’est ouvert que du jeudi au dimanche. Nous sommes mercredi. Tant pis on fait demi-tour et on part trouver un autre resto dans les rues désertes de ce village aux allures apocalyptiques sous la pluie.

 

Sauf qu’on se fait embarquer par un passant dans un restaurant qui a aussi une hygiène douteuse. Ils ont voulu mettre des nappes pour faire joli, mais ont du oublier de les laver. L’important n’est pas le décor, voyons la nourriture. Ah, deux mouches mortes dans la sauce pimentée, elle doit être sacrément forte !

 

Et soudain un cheval passe. Seul.

C’en est trop de cette journée improbable ! On part dans un fou rire… Car oui il vaut mieux en rire…

 



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