Le Chili, cette curieuse île tout en longueur

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Géographiquement parlant, le Chili est quand même un pays bien étrange : 5000 km du Nord au Sud tout au long de l’Argentine, sur à peine 100 km d’Est en Ouest, parfois même beaucoup moins. Une petite bande de terre coincée entre les Andes et le Pacifique. Mais ce que beaucoup de monde ignore, c’est que le Chili, en fait, c’est une île ! Si, si, c’est même eux qui le disent. Avec le désert d’Atacama au Nord, les grands glaciers au Sud, la cordillère des Andes à l’Est et l’Océan Pacifique à l’Ouest, le Chili est en effet entouré de quatre barrières naturelles qui en font une île.

 

Et d’ailleurs, en arrivant à la frontière, le SAG veille au grain ! Le SAG, ce sont les services qui contrôlent tout ce qui a trait à l’agriculture et l’élevage au Chili. Et à chaque poste frontière, tels la CTU de Jack Bauer, ils traquent les terroristes des produits frais, les inconscients qui auraient pour but de faire entrer un ananas, un yaourt, voire même un morceau de fromage sur leur île !

D’abord, c’est l’interrogatoire poussé : « Vous transportez des fruits ? »

Ensuite, c’est une fouille minutieuse de tous les sacs. Ils sont même allés jusqu’à déplier le maillot de bain de Sandrine pour vérifier qu’il n’y avait pas une pomme oubliée qui traînait.

Autant dire que pour les Boliviens qui voyageaient avec nous, avec toutes leurs feuilles de coca, c’était l’hécatombe.

 

Mais une question reste aussi en suspens : que font-ils donc de tous les produits alimentaires qu’ils confisquent à leurs frontières ? Y-a-t-il, derrière les bureaux des officiers des douanes, des empanadas ou des tartes tatin qui cuisent clandestinement ? Le mystère reste entier…

 

Heureusement, au Chili, on n’a pas fait que traîner aux postes frontières, quoique avec 4 entrées/sorties au total, on pourrait se le demander. On a aussi exploré trois facettes, trois territoires bien différents, de cette île toute en longueur.

 

L’aridité fascinante du désert d’Atacama

Au cœur du désert d’Atacama, le plus aride de la planète, une ville : San Pedro de Atacama. Plutôt « village-vacances » que ville d’ailleurs, car San Pedro est purement destinée aux touristes. La rue principale n’est même qu’une succession de tour-opérateurs, entourés de bars, restaurants et hôtels. Des rues propres, des bâtisses bien finies et entretenues, une atmosphère particulièrement aseptisée, le choc est total quand on arrive de Bolivie ! Et le coup de massue est aussi économique : San Pedro de Atacama est la ville la plus chère du Chili !

 

Du coup, pas évident de trouver des activités à y faire à moindre frais. Alors après une journée de repos, on a décidé de se lancer en VTT dans l’exploration de la Valle de la Luna. Une excellente option pour découvrir les paysages du désert d’Atacama sans se ruiner : la location d’un bon VTT ne revient qu’à 5000 pesos la journée (7 €), en négociant un peu, auxquels il faut ajouter 2000 pesos (3 €) pour l’entrée dans le parc. Et ce faible investissement en vaut la peine !

 

201411 - Chili - 0005Il faut d’abord rouler une petite demi-heure depuis San Pedro pour arriver sur le site. Puis sur place, une multitude de paysages différents se succèdent.

D’abord un petit canyon, devant lequel on abandonne une première fois nos vélos. Les rayons du soleil y font briller les cristaux incrustés dans la roche. Le canyon débouche ensuite sur une grotte, mais après quelques mètres, on doit rebrousser chemin : on a oublié nos lampes de poche ! Dommage.

On reprend la route et nos vélos vers une immense dune de sable et de pierre, suivie d’impressionnantes formations rocheuses, puis de petits lacs de sel. Les paysages incroyables s’enchaînent au fur et à mesure de nos coups de pédales.

 

L’apothéose intervient un peu plus loin, en suivant un petit sentier qui passe derrière une dune. Après une vingtaine de minutes de marche, on arrive au sommet d’un promontoire. Impossible d’aller plus loin, c’est bien trop pentu. Mais le paysage qui se dessine alors devant nous est à couper le souffle ! Un condensé de ce que regroupe le désert d’Atacama : des montagnes gris-brun, des déserts de pierre, de sable, de sel, une vallée aride où s’engouffre le vent, soulevant des nuages de poussière sous un magnifique ciel bleu azur. Pas un nuage à l’horizon, pas une trace d’humidité. Époustouflant !

 

201411 - Chili - 0020 - Panorama

 

On est aussi marqué par l’absence quasi-totale de vie : hormis un ou deux insectes volants, on ne voit pas un oiseau, ni même un bout d’arbre ou un arbuste. L’aridité est totale, l’humidité dans l’air quasi-nulle. Malgré la forte chaleur et l’effort physique, on ne transpire même pas.

Le retour à San Pedro sera un peu plus difficile, avec un long faux plat montant et du vent de face sur une bonne partie de la route. On aura au final parcouru une cinquantaine de kilomètres sur la journée.

Fatigant, asséchant, mais sublime.

 

 

Un peu plus près des étoiles

La quasi-absence de nuages tout au long de l’année et les hauts reliefs de la région font aussi du Nord Chili un endroit particulièrement favorable pour deux activités : l’observation des étoiles et l’ascension de hauts sommets. Là encore, les agences proposant ce type d’activités pullulent à San Pedro. Certaines sont spécialisées, d’autres non, mais toutes proposent plus ou moins la même chose.

Pour le tour d’astronomie, Sandrine est passée par l’agence SPACE (San Pedro de Atacama Celestial Explorations), qui semblait l’une des plus sérieuses et dont le tour est animé régulièrement par un astronome français Alain Maury, donc parfois en français. Une référence en la matière. Durant les 2-3 heures que dure le tour, tout y passe : observation du ciel à l’œil nu, puis avec différents télescopes, le tout agrémenté de nombreuses explications non dénuées d’humour sur les différentes étoiles et constellations, et pour finir une moment d’échange scientifique au domicile de l’astronome, autour d’un chocolat chaud. Une belle soirée dans les étoiles. Sandrine regrettera l’absence de tour adressé spécifiquement à un public de connaisseurs, de passionnés. Tous les tours proposés, dans chaque agence, sont accessibles aux néophytes. Un peu dommage car certaines personnes ne vont à Atacama que pour l’observation du ciel.

 

Le lendemain, c’était au tour de Pascal et Benoît de se rapprocher des étoiles. A pied cette fois. A l’aube, on est partis avec un guide s’attaquer au Cerro Tocco et ses 5604 mètres d’altitude. Après 1h50 d’ascension sans difficulté, le sommet est déjà là. La vue là haut est impressionnante, aux confins de 3 pays : le Chili, la Bolivie et l’Argentine. On distingue aisément le début du désert d’Atacama, les hauts sommets et volcans à la frontière chilo-argentine, la laguna Blanca et le volcan Licancabur que l’on avait déjà vus côté bolivien quelques jours plus tôt.

On est juste un peu déçus de ne pas avoir eu plus de mal à grimper, de ne pas avoir eu à fournir plus d’efforts pour atteindre ce sommet. Mais quel plaisir quand même de s’être aventurés à cette altitude ! Et maintenant, on peut se fixer un 6000 m comme prochain objectif.

 

 

Dernière soirée avec Pascal

1497865_373233616184430_7552340164273198928_oCette ascension marquait aussi notre dernière journée avec Pascal. Pour fêter ça, on s’est fait une parillada, un énorme plateau de grillades : deux steaks de bœuf (malheureusement trop cuits), des blancs de poulet, des escalopes de porc, une gigantesque saucisse et trois petits boudins. Avec toute cette viande, on se serait presque cru à un mariage roumain… Et pour accompagner cela, deux patates et une bonne bouteille de rouge. Voilà qui nous donne un bon avant-goût de ce qui nous attend en Argentine !

 

Au retour du restaurant, on croise un grand chien noir parmi les nombreux chiens errants de la ville. Mais celui-ci décide de nous suivre, sans qu’on lui ait rien demandé. Il nous accompagne jusqu’à notre hostel, et se couchera même devant la porte de notre chambre ! Au moins, on sait qu’on peut dormir tranquille. Le lendemain matin, Pascal est surpris de le voir toujours au pied de notre porte. Il repartira d’ailleurs avec lui. Jusqu’où ont-ils été ensemble ? L’histoire ne le dit pas…

 

C’est ainsi que notre bout de chemin avec Pascal s’est terminé. Lui a décidé de repartir vers le Nord, en direction du Pérou, comme il l’avait initialement prévu. Quant à nous, nous prenons la direction du Sud pour quelques jours au bord de la mer, à Valparaiso.

Ciao l’ami ! Ce fut un plaisir de passer ces 3 semaines ensemble. Bon vent à toi, et on te souhaite bien d’autres belles aventures en Amérique du Sud !

Valparaiso, « ville-bohème »

Après 27 heures de bus, nous arrivons à Valparaiso fatigués, et pas du tout préparés. Voire même complètement à l’arrache : pas de plan de la ville, pas de réservation d’hostel, et un peu plus tard que prévu. La ville paraissant assez grande, et le quartier des hostels plutôt éloigné du terminal de bus, on décide de se lancer aveuglément dans la jungle des bus urbains. On monte dans l’un d’entre eux, affichant « Carcel », car on avait repéré une auberge proche du Cerro Carcel. Après 45 minutes, nous ne sommes plus que 2 dans le bus, on grimpe dans la montagne et on a l’air bien éloignés du centre. Le chauffeur nous annonce « El Carcel », terminus. Malheureusement, rien à voir avec le Cerro Carcel ! On reprend donc un autre bus dans l’autre sens, et trouvons finalement un hostel pour la nuit, après deux tentatives infructueuses.

 

Ce soir-là, on retrouve Cédric et Fantine, les mêmes qu’à Copacabana et Potosi, pour se raconter autour d’une bière la fin de nos aventures boliviennes et chiliennes. Pour eux, c’est en effet déjà la fin de leur séjour de 3 mois en Amérique du Sud, riche en rencontres et en anecdotes. On a eu grand plaisir à faire votre connaissance et gardons un beau souvenir des moments passés ensemble. Bonne continuation en Europe, et à une prochaine !

 

En ce qui concerne Valparaiso, on n’a pas vraiment succombé à son charme. Cette ville nous a été présentée comme une « ville-bohème », sale, avec beaucoup d’art urbain, d’animation et de chiens errants. Soit. On a donc fait un « free walking tour » de la ville pour s’en faire une meilleure idée. Mais celui-ci ne nous a pas emballés, loin de là. Le tour donne effectivement un aperçu intéressant de la ville et de son histoire, mais la récitation rapide du texte appris par cœur par notre guide gâche l’ensemble. La ville n’est pas si sale qu’on le dit, les chiens errants sont bien là, mais comme partout en Amérique du Sud finalement et les couleurs du street art n’auront pas suffit à nous faire succomber aux charmes annoncés de cette ville. Bref, une déception urbaine.

 

 

En revanche, on gardera un bon souvenir de notre soirée vins-fromages organisée par Peter de l’auberge Casa Verde Limon, précédée d’une dégustation de bières et suivie d’autres bières avec le groupe de dégustation. L’occasion de découvrir quelques noms de vins chiliens plutôt méconnus, et d’apprécier enfin quelques bonnes bouteilles après quasiment 5 mois de vide œnologique.

On a aussi apprécié notre hébergement à la casa Verde Limon, où nous avons quasiment eu un appartement équipé pour nous tous seuls pendant 3 jours. Ca nous a fait du bien d’avoir comme un petit chez nous et de rester posés quelques jours.

 

Opération Antarctique dans le Sud Chilien

Mais voilà, comme depuis le début du voyage, le temps file vraiment vite et nous sommes déjà le 30 novembre. Initialement, on voulait être à Ushuaia avant fin novembre pour optimiser nos chances de trouver un bateau pour l’Antarctique. C’est raté !

On a donc filé en avion à Punta Arenas, tout au Sud du Chili, sur le détroit de Magellan, pour y commencer nos recherches. Malheureusement, de là-bas, il n’y a quasiment pas de bateaux qui partent pour l’Antarctique. On n’en a même trouvé aucun.

En revanche, il y a des avions qui y vont ! Oui, des avions qui vous emmènent sur une base chilienne sur King George Island, une île à l’extrémité Nord de la péninsule Antarctique, avec retour possible le jour-même, le lendemain, ou quelques jours plus tard si on veut naviguer un peu en bateau dans les alentours. Effrayant.

Et en plus ça a l’air de bien marcher auprès d’une certaine clientèle de gens pressés, et fortunés, puisque quasiment tous les vols affichaient complets pour la saison !

 

Ce n’est donc pas à Punta Arenas, au milieu de ses vents violents, que nous allons trouver notre bateau. Pour cela, il faut bien aller à Ushuaia. Mais avant de nous y rendre, on voulait faire un dernier stop au Chili, à Puerto Natales un peu plus au Nord, pour y rencontrer un couple de français, Alexis et Sigolène, amis d’amie.

Alexis et Sigolène ont voyagé un long moment autour du monde, sur leur voilier, passant notamment trois mois en autonomie au large de l’Antarctique. Ils ont fini par se poser à Puerto Natales il y a quelques années. En découvrant l’endroit, ça leur a semblé comme une évidence à tous les deux. Et depuis, Alexis travaille comme guide dans la région. Ils connaissent donc un tas de choses sur la Patagonie, le sud du Chili et de l’Argentine, et l’Antarctique. On a même découvert que Sandrine avait fait la même prépa qu’eux, « le monde complote » comme disait notre cher Mouts. Et au-delà des nombreux et précieux conseils reçus, on retient surtout leur grande générosité et la richesse de nos échanges sur le voyage, l’expatriation, la France et le genre humain.

 

Un super moment la veille de l’anniversaire de Benoît, qu’il passera en grande partie dans un bus pour le bout du monde…



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