Sur les rives de l’éclatant lac Malawi

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Day 16, randonnée à Livingstonia

Après une autre grande journée de route, nous arrivons enfin au Malawi. Ce fin pays est tout en longueur. Il est bordé par le lac Malawi, qui occupe les 2/3 de la frontière Est du pays. C’est là que nous allons passer les prochains jours. Après la plage à Zanzibar, nous voici à la plage à Chitimba. Et finie l’eau salée, nous retrouvons avec plaisir de l’eau douce, surtout pour les douches !

 

Mais pour l’heure, pas question de batifolages aquatiques. Il est 6h00 du matin et Anita et nous allons démarrer notre journée de randonnée en direction de Livingstonia, village fondé en 1894 par des missionnaires écossais poursuivant les actions du fameux Docteur Livingstone. Mais à Chitimba en ce dimanche matin, la musique bat déjà son plein dans un bar du coin, c’est l’heure de la bière paraît-il !

 

IMG_2272Nous quittons la grande route et tournons à droite pour suivre une piste en terre et cailloux qui monte sinueusement. 16km nous séparent de la ville en haut de la montagne. Virage 20, c’est ce qu’indique un petit écriteau en bois sur un arbre. Le compte à rebours est lancé. Virage 18. Dickson notre guide nous propose de prendre un raccourci. On prend, bien sûr ! On commence alors à couper les virages en grimpant à travers la végétation. Le chemin est très pentu, le souffle est court mais on gagne pas mal de kilomètres. Virage 13. L’effort est récompensé, on avance bien. Virage 9. Mais qu’est-ce qu’il fait chaud ! Et pourtant il n’est pas encore 8h. Virage 1. Wahou, nous voici arrivés en haut de la montagne, le paysage est époustouflant. En face de nous, l’immense lac étend son drap bleu jusqu’à l’horizon. En contrebas, une plaine légèrement vallonnée, des champs, quelques habitations. Et puis de chaque côté, la terre se plie pour former quelques montagnes, comme la nôtre, qui surplombent le lac. Il est 9h, c’est l’heure du petit déj pour tous les autres du groupe qui sont restés au campement. Nous, on est là devant cette vue magnifique et on est vraiment ravis.

 

201503 - Malawi - 0016 - Panorama

 

Mais la route n’est pas finie ! On est désormais sur un plateau, la pente est plus douce, mais il nous faudra encore deux bonnes heures pour rejoindre et traverser Livingstonia.
Nous découvrons un village propret, chaleureux, calme, d’ocre et de vert. La marche est vraiment agréable. Les gens nous sourient, rient parfois quand on leur dit « Mawka« , « Bonjour » dans leur langue. La plupart sont bien habillés, ils vont à l’église ou en viennent. Nous la découvrons au bout du chemin, elle est sobre, joliment cachée derrière quelques arbres paraissant issus d’un croisement entre pins et sapins.

Un prêtre officie, nous entrons pour écouter et découvrir l’ambiance de cette messe célébrée dans le dialecte local.

 

A peine assise, quelqu’un vient s’asseoir à côté de moi et m’indique qu’il faut payer pour entrer dans l’église. What !?! Depuis quand doit-on payer pour écouter une messe ? Je lui dis qu’on verra ça en sortant, mais il reste assis à côté de moi, impossible de profiter sereinement des lieux avec cette épée de Damoclès latérale. Tant pis, on ressort. Et il nous montre le petit panneau mentionnant le prix de la « visite ». Grrrr.

Devant l’église, de nombreuses femmes vendent de quoi manger, l’occasion de profiter d’un délicieux repas local – poulet grillé, haricots blancs et sima (pâte de maïs) – mangé avec les doigts, au milieu des autres villageois.

 

Nous sommes ainsi bien rassasiés, mais il faut déjà songer à rentrer. On a choisi l’option bus pour le retour afin de prendre notre temps dans ce joli village, d’autant plus qu’il nous reste encore deux choses à voir. A commencer par le musée que l’on nous avait recommandé. Alors oui, il est intéressant, mais un peu cher pour les deux seules pièces qui le constituent. Surtout que la personne qui gère le musée nous indique que, justement, le prix vient d’augmenter. Mais bien sûr…

 

201503 - Malawi - 0037On en retiendra une chose. En 1954, le Malawi, alors colonisé par les Britanniques, est en plein conflit civil. L’Angleterre envoie un message par avion aux missionnaires vivant à Livingstonia. « Si vous voulez être évacués, rendez-vous à telle heure à tel endroit. Dessinez un V sur le sol avec des pierres pour confirmer, ou un I si vous préférez restez« . Les missionnaires, parfaitement intégrés et acceptés dans le village, ont voulu leur envoyer un message fort pour signifier qu’ils se sentaient particulièrement bien et en sécurité ici, qu’il n’y avait pas de séparation entre blancs et noirs. C’est ainsi qu’ils ont choisi d’écrire avec des pierres la référence du verset de la Bible des Ephésiens 2:14 reflétant ce sentiment. Et aujourd’hui on peut toujours voir ces pierres, symboles de la fraternité qui existait entre tous les habitants de ce village, d’où qu’ils viennent. Jolie histoire.

 

201503 - Malawi - 0050Place à la partie récréative maintenant : nous baigner dans une cascade. Et quelle n’est pas notre surprise de découvrir que nous ne sommes pas au pied mais bien en amont d’une immense chute d’eau d’une centaine de mètres de haut, qui se perd en contrebas dans la forêt tropicale. Impressionnant et majestueux. Et par cette chaleur, après l’intense effort de la matinée, l’eau glacée n’est pas désagréable dans cette petite « piscine naturelle à débordement ».

 

15h30. Cette fois-ci on rentre. On imagine déjà notre fin d’après-midi dans un hamac au bord de la plage à notre campement.

Sauf que le bus est déjà parti. Sans nous. On entame la descente en attendant le suivant, après tout il est encore tôt. Les minutes passent, les heures passent, rien. Pas un bus, pas une voiture qui descend. On est crevé, la nuit tombe peu à peu, nos jambes flageolent, mais on n’a pas le choix il faut avancer. Adieu l’après-midi de repos. Grrr. Notre guide appelle le camp pour qu’ils envoient un pick-up pour nous récupérer : pas de souci. On retrouve le sourire, dans quelques minutes on sera assis confortablement dans un véhicule. Ils rappellent. « Au fait, ça sera 80 USD, c’est bon ? ». « Non, mais c’est quoi cet abus???!!! Le bus local coûte moins de 2USD par personne ! »
On finira donc à pied, de nuit, rincés après près de 4h de descente infernale, et une trentaine de kilomètres de marche au total.

 

Mais ce qu’on retiendra c’est que jusqu’à 15h30, cette randonnée fut magique !

 

Day 18, c’est la fête à Kande Beach

S’il est une tradition des overlands trucks au Malawi, c’est la soirée cochon grillé à Kande Beach.
On part dans le village au petit matin, poursuivis sans répit par quelques artistes locaux qui cherchent à nous vendre leur production. Mais nous, ce qu’on veut voir, c’est le cochon.

 

201503 - Malawi - 0075Il est là, attaché à un arbre, pieds attachés et bouche fermée par une lanière. Il paraît petit et bien maigrelet. On demande qui veut le tuer, Benoît hésite, Nick moins que lui. On lui donne le couteau, et bim, un coup sur le flanc, en plein cœur. L’animal ne souffre pas trop longtemps. On observe ensuite les locaux le préparer : rasage à l’eau bouillante et au couteau, on l’ouvre sur toute la longueur et enlève tous les organes. On coupe aussi les pieds. Certains repartent avec, ainsi que le foie, le cœur ou les intestins. Ils mangent ça ici, généralement en bouillon.

 

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Puis l’animal est transporté jusqu’au camp, re-rasé finement au rasoir jetable. On plante de l’ail dans les cuissots, et on l’attache à une sorte de broche, les pattes bien écartées. Il paraît tout plat. Puis sur le feu, toute la journée, 30 minutes sur le dos, 30 minutes sur le ventre. Bien sûr on va vous mettre la recette en images.

 

 

 

En attendant, et aussi pour nous remettre de la grosse soirée improvisée de la veille, on se motive pour un peu de snorkeling dans le lac, au bord de l’île de Kande, toute proche. Ca démarre plutôt bien, Benoît est à l’aise pour une fois avec un masque et un tuba. Et puis après 1/4 h, une zone avec plus de courant. Il ôte son masque pour se rapprocher d’un rocher plat, mais une grosse vague le retourne et emporte masque et tuba. La lose. Fin du snorkeling…

On grimpe ensuite sur le petit îlot investi seulement par deux-trois pêcheurs locaux, pour un petit plongeon à 5-6 mètres. Et on rentre. On doit repayer l’équipement perdu, trois fois le prix de la séance de snorkeling. VDM.

 

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Enfin, LA soirée arrive. Ca y est, le cochon est cuit et on s’affaire à le découper. Les morceaux de chair dans un plat, ceux de gras et de peau craquante dans un autre. On mange de tout en même temps, dans une assiette vraiment énorme, avec à côté du coleslaw et une salade de pommes de terre. On découvre que la peau a été épicée avec un mélange saveur barbecue : c’est un vrai carnage !

 

 

 

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Surtout avec le punch assassin que nous a préparé Tabitha. Car le but de la soirée n’est pas seulement de se régaler de ce cochon, c’est surtout de boire beaucoup et faire la fête. Les incitations au « binge drinking » ne manquent pas : « Vite vite, la glace fond, il faut finir le punch !« . Benoît a du cochon partout sur lui mais contribue généreusement à descendre le délicieux cocktail. Au four et au moulin. Un coup de rhum, un morceau d’oreille avec du gras.

 

Et à peine fini de mastiquer cette maudite oreille que vient déjà l’heure des déguisements. Tout le monde en a déjà terminé avec cette assiette énorme, sauf nous. On ne nous laisse pas le temps de finir, il faut aller se changer. Pourquoi tant de précipitation alors qu’on a toute la nuit devant nous ? Pourquoi ne pas prendre le temps de profiter de ce repas que l’on a mis toute la journée à préparer ?

 

Quant aux déguisements, oui, ça aussi ça fait partie de la tradition. Il y a quelques jours on a tiré le nom d’une personne d’une groupe et on lui a acheté une tenue. Sympa comme concept. Benoît est tombé sur Pete, notre chauffeur, qui héritera d’une tenue à paillettes : un pantalon moulant blanc, une chemise dorée et un chapeau vert. Sandrine a acheté une sorte de pyjama pour Nick, avec les petites mitaines qui vont bien…

 

L’échange des tenues est bien plaisant, chacun vient au milieu du cercle et présente la tenue qu’il a choisie, et à qui elle est adressée. C’est très fun. Benoît hérite de quelque chose de relativement sobre, une chemisette léopard avec une petite jupe gris-argentée. Et Sandrine d’une tenue devant, soi-disant, rappeler le chic parisien. On repassera.

 

Pour entretenir l’ambiance « binge drinking », c’est ensuite au rituel du Old Monk qu’il faut sacrifier. Le record est paraît-il de 52 secondes pour descendre cette bouteille de rhum local de 75cl. On attaque, Benoît est en 3ème ou 4ème position dans le cercle. Sandrine juste derrière. Il y met un bon coup dedans, comme il aurait fait dix ans auparavant. La bouteille arrive un peu plus loin à Jerrick, le cadet du groupe, qui la finit. 43 secondes. Good job, guys !

La soirée se poursuit au bar en mode so crazy. On ne vous met que quelques photos…

 

 

 

Un peu de cuisine Malawienne

201503 - Malawi - 0034Nous avons passé la plupart de nos repas loin des restaurants locaux malheureusement. Notre seul véritable repas local aura été celui près de l’église à Livingstonia : du sima (purée de maïs) avec des haricots et du poulet grillet. A n’en pas douter, le sima est un constituant de base de la cuisine locale, comme dans les pays voisins.

 

Au bord du lac, le poisson, grillé ou séché, est souvent préféré au poulet ou à la chèvre. Le cochon grillé est plutôt réservé aux très gros événements ou aux touristes, le prix étant prohibitif pour les repas du quotidien. De toute façon, les malawiens préfèrent manger le cochon en soupe ou en sauce, avec du sima. Et dans le cochon, tout est bon : des pieds aux intestins !

 

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Dans les bars, on boit aussi du shake shake, une sorte de bière de maïs, servie dans des boîtes en carton comme des briques de lait. Certains attaquent dès 6 heures du matin. Moi, ça me rappelle la Jo’Burg Beer vendue à Soweto. Il y a aussi la bière de maïs, mil et sorgho, que l’on trouve dans des bouteilles en plastique cette fois et qui s’appelle le Chibuku. Existe en version gazéifiée ou non. Il paraît que c’est meilleur sans gaz, malheureusement on a acheté l’autre.

 

Mais notre découverte préférée, c’est le sobo « cherry plum », un soda violet aux goûts reconstitués de cerise et de prune. Original.

 

 

 

 

Par la fenêtre du camion, au Malawi

201503 - Malawi - 0001Ici les paysages sont vallonnés et verts, il y a beaucoup d’arbres.
Les petits commerces n’ont pas leurs enseignes au nom d’une marque de soda, certains portent néanmoins les couleurs d’une compagnie de téléphonie.

Ici les enfants sont très enthousiastes pour nous faire coucou et courir derrière le truck, les adultes aussi nous saluent avec le sourire.

 

A notre gauche, nous suivons le lac Malawi sur près de la moitié de notre traversée du pays. Un bleu profond et des montagnes qui se dessinent de l’autre côté, celles de Tanzanie puis du Mozambique.

 

 

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On traverse des villages de pêcheurs qui font sécher leur poisson sur de longues tables. Il y a aussi beaucoup de commerçants au bord de la route, avec des étals très spartiates : tout en branches, un abri avec en-dessous une petite table sur laquelle reposent les produits à la vente : tomates, vêtements…
On a l’impression de faire un bond de quelques années en arrière par rapport à la Tanzanie.
En arrivant près de la capitale, on croise aussi des rizières, au milieu des plantations d’ignames et de maïs.

 

Ce que nous voyons de Lilongwe, la capitale, nous paraît très fade. Une zone commerciale à l’occidentale, des magasins, des grandes enseignes, des supermarchés, des restaurants, des fast-food. Des malawiens mangent des burgers frites habillés en Friday wear. Définitivement, nous ne sommes plus au Malawi, nous sommes dans un quartier commercial comme il en existe dans presque toutes les capitales.

 

Par la fenêtre du camion, au Mozambique

On quitte la banale Lilongwe et nous dirigeons vers le Sud Est. En deux jours nous traversons la province du Tete, au Mozambique, sans vraiment nous y arrêter. C’est une route très empruntée, l’une des voies privilégiées pour rejoindre l’Afrique du Sud à l’Afrique de l’Est.

 

Le corridor du Tete se situe dans une vallée coincée entre les montagnes du Malawi au Nord et celles du Zimbabwe au Sud. Résultat, on est beaucoup plus bas que ces deux pays, il fait plus chaud et humide, il y a plus de moustiques et donc de risques de maladies. Les Anglais disent que c’est pour cette raison qu’ils n’ont pas colonisé la région, et l’ont laissée aux Portugais.

 

Malgré tout, la route est magnifique. On serpente entre des formations karstiques au loin qui nous rappellent les mogotes de Viñales à Cuba. Au milieu d’une dense végétation sortent de gros éléments rocheux, particulièrement abrupts.

 

 

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On constate aussi avec plaisir que très peu de déchets ornent le bord des routes. La seule différence avec le Sud du Malawi, finalement, ce sont les villages traversés. Les constructions paraissent encore plus spartiates, les murs sont en pierres recouvertes de terre séchée et les toits sont en paille. On croise aussi encore moins de bâtiments « modernes ». Les habitants ne témoignent pas d’un grand intérêt au passage de notre camion, seuls quelques rares enfants nous font des signes. Ce pays, ou en tout cas cette région toujours bien marquée par les récentes années de guerre civile, nous paraît plus pauvre et triste que le Malawi.

 

En traversant la ville de Tete, nous franchissons également pour la première fois du voyage le mythique fleuve Zambèze. Sur ses rives, quelques locaux font leur toilette ou leur lessive. Mais à cet endroit, bien qu’il soit censé se jeter dans l’Océan Indien à quelques centaines de kilomètres de là, il ne nous paraît pas très impressionnant. A n’en pas douter, notre sentiment devrait être bien différent dans 2 semaines, quand nous serons un peu plus en amont, aux chutes Victoria !

 

 



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