La culture Balinaise, c’est carrément ubu(d)esque !
PubliÉ le Catégories : Indonésie. Tags : culture, festival, insolite, tradition.
Mais où sont les Balinais ?
C’est la question qu’on s’est posée lorsqu’on a voulu faire le trajet Denpasar – Ubud en transport local à notre arrivée sur l’île. La gare routière de Batubulan est déserte alors qu’il est à peine 9h du matin. Et bien sûr cela n’arrange pas nos affaires puisque le minivan ne partira que lorsqu’il sera plein. Au bout d’une heure d’attente, toujours pas un seul Balinais intéressé par ce trajet. Et ce n’est pas les touristes qui vont faire la différence : nous ne sommes que trois à attendre patiemment.
Mais où sont les Balinais ?
C’est la question qu’on s’est posée lorsque nous sommes arrivés à Ubud après avoir finalement fait le trajet à trois dans le minivan. Pas un arrêt sur la route pour prendre un passager dans ce transport appelé local. Mais surtout, une fois arrivés dans la ville, on est accueillis par une succession d’occidentaux déambulant dans les rues. Des têtes grisonnantes aux habits bien repassés, des jeunes en marcel au look branché ou des jeunes filles en débardeur et boum boum short. C’est sûr on n’est plus à Java !
Capitale culturelle de Bali, Ubud est le paradis des yogis, des bobos, des bobos apprentis-yogis et inversement. Elle est supposée être une ville relaxante où il fait bon vivre.
Mais la réalité est un peu différente : un trafic incessant sur les grandes rues, des klaxons, des moteurs, des pots d’échappement, des « Taxi, Sir ? Taxi ? And how about tomorrow ?« . Difficile de se relaxer ici.
Et on ne voit pour ainsi dire pas de Balinais dans les rues, à part les vendeurs, commerçants – petits magasins chics, artisanat, galeries d’art, vêtements -, agents touristiques et chauffeurs de taxis.
Pourtant il y a quelque chose de différent dans cette ville. Les couleurs peut-être. On remarque d’abord l’abondance de statues dans les rues, représentant diverses divinités, parfois au corps animal. La plupart sont revêtues d’un tissu coloré autour de la taille, majoritairement jaune ou à carreaux noirs et blancs. Certaines ont aussi de jolies fleurs blanches et jaunes de frangipanier derrière les oreilles.
Ensuite on pose les yeux sur une première offrande, un petit panier carré d’une dizaine de centimètres en feuille de palmier qui contient un camaïeu de fleurs très colorées, un peu de riz, parfois un biscuit, une cigarette ou de la nourriture. Rapidement on découvre qu’il y a en a partout, mais alors vraiment partout. Au pied des statues dans les temples, dans de petits autels qu’on trouve à hauteur d’homme accrochés aux poteaux électriques ou sur les façades des maisons, mais aussi par terre sur les trottoirs, dans les voitures ou accrochés aux scooters et même devant la porte de notre chambre à notre auberge. En plus de slalomer entre les innombrables scooters il nous faut aussi éviter les offrandes sur les trottoirs.
Il y a aussi de grandes tiges de bambou arquées de 10m de haut disposées régulièrement dans la rue. Elles sont finement décorées de feuilles de palmier séchées et à leur extrémité pendent une longue liane tressée en feuille de palmier séchée elle aussi, qui vole au gré du vent.
Tout cela confère à la ville un charme très particulier.
La ville est truffée de temples hindouistes. Il y a d’abord les gros temples répertoriés dans les guides et remplis de touristes et les temples plus modestes qu’on découvre au hasard de nos balades dans les rues s’éloignant du centre. Il y a aussi les temples privés qu’on retrouve dans toutes les maisons familiales ainsi que dans notre auberge.
Ils sont en général bicolores : des briques orangées et de la pierre grise, dont les tons varient du blanc au vert suivant le niveau de mousses qui les recouvrent. Ils se marient ainsi parfaitement avec la végétation qui pousse souvent autour.
La pierre est sculptée très finement avec des motifs décoratifs ou des représentations de divinités. Les cadres de portes sont aussi particulièrement travaillés.
Si tout cela peut paraitre très chargé de prime abord, la subtile alliance de couleurs entre les pierres et la nature nous plonge dans une ambiance sereine. Un côté mystique qui intrigue, qui questionne tout autant qu’il ravit.
En terme de choc des cultures, Ubud s’est posée là. Tellement différente de ce que nous avions connu à Java. Ou ailleurs d’ailleurs. Surtout par sa religion, l’hindouisme balinais, extrêmement présente, colorée, ritualisée mais surtout très peu connue, très complexe et donc très obscure.
Benoît s’est pris le choc en pleine face et s’est retrouvé submergé par cette extravagance de couleurs et de divinités, par toutes ces questions sans réponses dans cet univers ultra touristique. Beaucoup trop perché à son goût.
Mais où sont donc les Balinais qui pourraient nous expliquer tout ça ?
« Bonjour, je m’appelle Made »
Je m’appelle Made parce que je suis le second de la famille.
Parce qu’à Bali il n’y a que 4 groupes de prénoms, garçons et filles confondus.
Le 1er enfant s’appelle Wayan, Putu ou Gede.
Le second, Made ou Kadek.
Le troisième, Nyoman ou Komang.
Le quatrième, Ketut.
Et le cinquième ? A partir de là on recommence au premier.
Finalement dans la rue on a une chance sur 8 d’appeler quelqu’un par le bon prénom…
« Bienvenue dans notre famille »
C’est avec ces mots que Made nous fait entrer dans sa maison familiale. On vient y faire un cours de cuisine, mais heureux dommage collatéral, c’est là que nous allons faire un pas de géant dans notre découverte de la culture balinaise et en particulier de la vie dans une maison familiale.
Première surprise, l’entrée de la maison est identique à celle des temples. On est donc surement rentré chez des gens alors qu’on pensait visiter des temples, la veille en déambulant dans la ville…
L’entrée a une forme très caractéristique : comme si le mur avait été ouvert en deux et écarté pour laisser une ouverture. Jamais de porte, mais juste derrière l’ouverture on retrouve… un mur, qu’il nous faut contourner pour entrer. Tout simplement car les mauvais esprits, amateurs de lignes droites, seront ainsi cantonnés à l’extérieur.
La maison – ou plutôt le terrain – est ensuite divisée en 3, tout comme l’homme, et sa construction suit des règles très précises d’orientation.
La partie sacrée, la tête, est réservée au temple familial.
Elle doit se trouver au nord et dans la direction du Mont Agung, la plus haute montagne de l’île, considérée comme le point le plus sacré. Alors évidement cela devient une notion mouvante suivant notre position par rapport au Mont Agung. Ou comme dirait Perceval : « Une fois pour toutes, le nord, suivant comment on est tourné, ça change tout !« .
Le temple – qui est en fait un ensemble d’autels – est toujours surélevé par rapport au reste de la maison, puisque les hommes ne sauraient vivre au-dessus des Dieux.
Ensuite on trouve la partie principale, le corps, dédié aux zones de vie, chambres et cuisine.
D’abord un pavillon ouvert qui contient un lit – de mort pour veiller les défunts – et un canapé pour fêter le mariage d’un fils – là où on va limer les dents des fiancés – ou la première fois qu’un enfant posera le pied à terre – à l’âge de trois mois.
La maison de l’aîné de la famille se situe à côté du temple. Oui parce que traditionnellement toute la famille vit au même endroit, seules les filles partent vivre dans la maison de la famille de leur mari. Ainsi ils peuvent facilement être une cinquantaine de personnes à partager le même espace de vie, heureusement divisé en plusieurs maisons.
L’aîné a donc la maison la plus au « Nord / Mont Agung », car il a la position la plus importante. Et c’est aussi là que se tiennent toutes les grandes discussions de famille ou que l’on reçoit les invités de marque.
Devant la maison on retrouve des pierres sur le sol, surmontées d’offrandes. Une pierre pour chaque garçon de la maisonnée d’un côté et une pour chaque fille de l’autre. Une fois devenus adultes, les pierres sont retirées.
Enfin au sud, qui correspond aux pieds, on trouve les lieux impurs, comme les toilettes ou la poubelle.
Cette introduction – largement vulgarisée – à la composition d’une maison familiale était passionnante. Elle nous a fait entrevoir toute la complexité de cette culture / religion, basée sur la recherche constante d’un équilibre entre les forces du divin, du démoniaque et de l’homme.
« Venez vendredi, j’organise une crémation »
On avait retrouvé Loïc et Maude, nos compères charentais de Java (ou inversement) et on les avait emmenés dans ce restaurant où on avait sympathisé la veille avec sa truculente tenancière.
« Venez vendredi à 11h, je vous offre le repas, je vais préparer du Lawar Nangka car j’organise une crémation. »
Le vendredi on s’est pointé. On se demandait à quoi s’attendre. Si on pourrait assister à la cérémonie. Si ça se passerait dans son jardin. En tout cas le Lawar Nangka, un mélange de viande hachée, d’herbes, de légumes, de noix de coco et de fruit du jacquier était délicieux. Quant à la restauratrice elle s’était esquivée depuis longtemps, nous indiquant seulement que la crémation se passait dans la forêt aux singes et que bien sûr nous pouvions venir. Ne nous restait plus qu’à trouver le lieu exact…
Une fois dans la rue on a vite été rassurés : un immense cortège s’était formé et avançait doucement.
Et pour cause, des dizaines d’hommes portent un énorme trône doré sur lequel on retrouve le portrait d’une vieille dame aux cheveux blancs et au visage plissé. Surement une personne importante pour avoir une telle cérémonie.
Et ce n’était que le début.
On remonte le cortège et on découvre que d’autres hommes portent une énorme sculpture d’une vache blanche et or. Elle est chevauchée par un homme et d’autres sont accrochés à ses pattes, rajoutant surement un poids non négligeable à l’ensemble.
Entre les deux, un homme porte un cochon de lait sur sa broche et des femmes des offrandes sur leurs têtes. Les hommes sont tous vêtus d’un polo blanc et d’un sarong foncé et portent un foulard blanc ou brun attaché dans leurs cheveux. Les femmes ont aussi un chemisier blanc sur un sarong foncé mais agrémenté d’une ceinture jaune.
Les porteurs avancent au son très rythmé d’une fanfare de percussions qu’ils accompagnent de leurs chants / cris. La vache sur son promontoire vacille, se prend parfois les cornes dans les fils électriques malgré l’intervention des « leveurs de fils » mais l’ensemble avance sans encombre en direction de la forêt aux singes.
La dernière montée est particulièrement raide, mais tout le monde semble porté par la musique frénétique et par l’arrivée sur ce lieu sacré. On se rend vraiment compte de la foule immense qui est là aujourd’hui.
L’ambiance n’est pas du tout triste, au contraire. On sent que ce moment revêt une grande importance pour l’âme du défunt et que tout le monde veut l’accompagner dans son passage vers ailleurs.
Une fois sur le lieu de la cérémonie, le dos de la vache est découpé. Et on vient y placer le corps de la défunte enroulé dans un drap, qui était avant transporté dans un cercueil dans le trône doré. Tout un tas d’offrandes sont déposées dans le ventre de la vache avec la défunte. Le cochon de lait est, lui, posé au pied de la structure. Le tout est très ritualisé, accompagné par plusieurs prêtres pendant une bonne demi-heure.
Une personne s’empare alors d’un énorme lance-flammes et embrasse la structure. Pendant de longues minutes il continuera à nourrir le brasier au lance-flammes. Jusqu’à ce que le ventre de la vache cède, laissant le corps et les offrandes s’effondrer sur le socle.
Le moment est fort.
Glauque ? Non.
Pourtant la plupart des touristes a déjà quitté les lieux. Mais les Balinais, femmes et enfants compris, regardent la scène sans sourciller. Leur rapport à la mort est bien différent du nôtre.
Un corps humain met en moyenne 90 minutes à se consommer sous une chaleur de 850°C, alors on voit encore une jambe quasi intacte de la défunte dépasser du socle. Chez nous on aurait cherché à la dissimuler au plus vite (si tant est en qu’on puisse voir le corps brûler, ce qui n’est pas le cas en France). Ici pas du tout, l’homme s’affaire avec son lance-flammes sur d’autres éléments en tournant autour du pied.
La foule s’est dispersée et seule la famille assiste jusqu’au bout à la crémation. Derrière nous, les singes ont repris leurs droits dans la forêt et viennent manger les offrandes déposées sur les quelques tombes présentes ici. Seules les personnes importantes sont brûlées quelques semaines après leur mort. Une cérémonie d’une telle ampleur a un coût que peu de familles peuvent se permettre. Alors pour toutes les autres, les corps sont enterrés en attendant qu’une cérémonie de crémation ait lieu pour le quartier, tous les 3 ans environ.
Cette cérémonie était résolument forte en émotions et nous a permis, enfin, de découvrir les Balinais dans leur « quotidien », du moins dans une activité non touristique.
Loin de nous éclairer sur leurs rites hindouistes, nous découvrons encore une nouvelle facette de leur culture décidément bien loin de la nôtre.
Mais on n’avait encore rien vu.
Intermède calendaire
C’est le lendemain que nous avons eu la chance de participer à une des plus grandes cérémonies de l’année : Kuningan. On se doutait qu’avec toutes les décorations en feuilles de palmier dans la ville il se tramait quelque chose.
En fait nous sommes arrivés pendant les fêtes de Galungan qui marquent la victoire du bien sur le mal. C’est une période de 10 jours où les âmes des ancêtres incinérés redescendent sur Terre pour rendre visite aux vivants. Ces derniers ont pour rôle de bien les accueillir à grand renfort de prières et d’offrandes. Et en particulier avec tous les penjor, les grandes perches de bambous décorées qu’on voit partout en ville.
Et quand les âmes s’apprêtent à rentrer chez elles, on fête leur retour en grande pompe : c’est Kuningan.
A savoir que Galungan a lieu tous les ans… balinais. C’est-à-dire tous les 210 jours d’après le calendrier Pawukon. C’est ce calendrier qui règle la majorité des fêtes traditionnelles et des cérémonies de l’île. Un calendrier divisé en 30 semaines de 7 jours.
Plus simple que le nôtre alors ? Pas du tout car il est aussi divisé en 42 semaines de 5 jours. Formant ainsi 6 mois de 35 jours à la conjonction de ces deux systèmes.
Vous suivez ? Alors on continue. On peut aussi le diviser en semaines de 1, 2, 3, 4, 6, 8, 9 ou 10 jours. Bon là j’ai perdu le fil des cycles et de comment on divise 210 jours par 4. Toujours est-il que toute une numérologie et de nombreuses croyances sont associées à ce calendrier, déterminant les jours propices ou non à certaines actions.
C’est aussi un calendrier perpétuel qui se répète invariablement chaque année. Et du coup ils ne tiennent pas compte du nombre d’années. Les Balinais n’ont donc pas d’âge ! Du moins les anciennes générations. Ils savent juste qu’ils sont nés le 3ème jour de la 11ème semaine de 7 jours, par exemple.
Mais attention le nouvel an Balinais est, lui, régit par le calendrier Saka. Un calendrier lunaire de 12 mois de 30 jours (!) auquel ils ajoutent de temps en temps un mois pour se recaler sur l’année solaire.
Parce qu’ils utilisent aussi le calendrier grégorien pour les interactions avec le reste du monde…
« Donc, si le mec il dit après-demain à partir de dans deux jours, suivant s’il le dit à la fin du mois, ça reporte. » Ou pas.
« Kuningan, c’est par où ? »
Kuningan c’est partout !.
Nous voilà bien avancés ! Du coup nous décidons de nous éloigner d’Ubud et de sa horde de touristes pour s’enfoncer dans les rizières de l’arrière-pays. Et c’est ainsi que nous avons atterri sans le savoir au temple de la Lune, où se déroule la plus grande cérémonie du coin car justement nous sommes un jour de pleine lune. Après vérification il semblerait que la pleine lune soit le surlendemain mais nous n’en sommes plus à une incompréhension près.
Une centaine de personnes sont déjà assises sous des tonnelles éphémères dans la rue, une fanfare de percussions anime les lieux et un homme annonce des choses au micro que nous ne comprenons pas.
On en profite pour visiter le temple. Il est assez grand, organisé en plusieurs cours, avec un grand nombre d’autels, tous décorés de tissus blancs et jaunes.
Dans un coin on découvre d’énormes masques colorés et dorés avec de grandes guirlandes de fourrure en guise de cheveux ou barbes.
Ailleurs on tombe nez à nez avec une tête de porc ! En s’approchant de plus près, il s’agit en fait d’une sculpture en gras de porc. Oui oui ! Et puis une autre en pâte de riz, plus colorée. Elles font facilement deux mètres de haut et pourtant sont d’une finesse incroyable. Il y a tant de détails représentés dans l’une comme dans l’autre. Combien de temps et de patience a-t-il fallu pour créer ces sculptures éphémères. Et pourquoi ? On sent encore une fois l’importance de tous ces rituels dans la vie des Balinais.
Autour de nous c’est d’ailleurs l’effervescence. Un va et vient continu de femmes en tenues traditionnelles qui portent des offrandes ou d’hommes affairés. Ils sont beaux tous avec leur hauts blancs, leurs sarongs colorés et leurs bandeaux dans les cheveux. Mais où vont-ils ? Que font-ils ? Mystère.
Dehors le spectacle a commencé. On voit deux jeunes et minces hommes exécuter une danse d’une extrême finesse et féminité. Chaque position des doigts – et des doigts de pieds semble étudiée.
Vient ensuite une série d’hommes au ventre bien rebondis qui exécutent une danse moins fine dans la gestuelle mais avec une telle intensité dans l’expression du visage. Ces hommes parlent – ou chantent – aussi. On a l’impression d’atterrir dans une comédie musicale baroque et burlesque. Et encore une fois on ne comprend rien. Mais le public semble apprécier.
Viennent alors des groupes de danseurs, puis danseuses pieds nus sur le bitume brûlant. On voit certaines danseuses essayer tant bien que mal de préserver leur plante de pied tout en respectant la chorégraphie.
Impassibles nos danseurs burlesques continuent leur comédie, car tout se passe en même temps. On ne sait plus où donner de la tête.
Surtout qu’en face de nous il semble se passer quelque chose d’important. Une homme revêtu d’un drap a sorti un demi masque brun d’une boite, déclenchant les applaudissements de la foule. Un attroupement se forme autour de lui. Il exécute des danses frénétiques, il sue à grosses gouttes, le public est fasciné. Les hommes de sécurité sont plus tendus, il ne faut pas photographier cet homme et surtout ce masque. Tout le reste pas de problème, mais pas ça. Pourquoi ? Nous n’en saurons pas plus.
Roulement de tambours. Silence.
Tout le monde s’assoit ou se met à genoux et commence à prier. Avec une fleur entre les deux mains jointes qu’ils élèvent au-dessus de leur tête. Les gens psalmodient en cœur, mettent de l’eau bénite sur la fleur, prient puis la mette derrière l’oreille. Et recommencent ainsi une dizaine de fois avec d’autres fleurs.
Et aussi soudainement tout le monde se lève et vaque à de nouvelles occupations rituelles de ci de là.
Cela fait maintenant 4h que nous sommes debout sous un soleil de plomb sans eau à observer ébahis toute cette cérémonie qui se poursuivra certainement tard dans la journée.
C’est à la fois beau, hypnotisant, fascinant, surréaliste.
Complètement perché, dirait Benoît tant on ne peut s’accrocher à rien dans notre système de référence.
Retour sur terre
Alors pour notre dernier jour à Ubud on a voulu faire une activité plus conventionnelle : un spectacle de danse. Mais que nenni, la danse balinaise aussi est très perchée !
La brochure nous explique dans un anglais très approximatif l’épopée dont il va être question. On ne s’y retrouvera pas du tout. Mais peu importe. La beauté des danses nous fait rapidement oublier l’histoire.
Il y a d’abord ces premiers danseurs avec des petites plumes sur la tête qui vibrent à leurs mouvements et qui portent un costume qui relève leurs épaules jusqu’aux oreilles. Viennent ensuite les femmes, gracieuses, l’homme au masque blanc, intrigant, les hommes aux mâchoires de loup qui portent des femmes aux ailes d’aigle.
Dans toutes ces danses on retrouve deux constantes : les mains et le regard.
A l’image de ce que nous avions pu observer dans les danses javanaises, les positions des doigts, des mains, des pieds sont d’une incroyable précision. Mais en même temps ces positions sont d’une grâce infinie, y compris lorsqu’il s’agit de danseurs.
Quant au regard, accentué par le maquillage, il est hypnotisant. Le mouvement des yeux et de la bouche fait partie intégrante de la chorégraphie, et tient même un rôle important, ce qui est assez original.
C’est sans parler des costumes chatoyant, parés de dorures et de fleurs fraiches…
Et que dire de ce joueur de flûte capable de jouer son morceau sans jamais s’interrompre pour reprendre son souffle. Je découvre la technique de la respiration circulaire et c’est carrément surréaliste !
Vraiment à Ubud on aura été transportés dans un monde irréel, plein de démons et de gentils Dieux, de fleurs et d’offrandes, de danses et de grâce. Loin, très loin de la Terre.
17 mai 2016 à 09:59
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