On rentre en cargo !
PubliÉ le Catégories : France, Préparatifs, USA. Tags : cargo, retour, slow travel.
Génèse
Nous aimons voyager en train, en stop, pas trop vite, pas trop brusquement, changer de pays par les frontières terrestres.
Nous aimons aussi les terres reculées, les îles, les lieux qu’on n’atteint pas facilement. Alors les mois passant, sans vraiment s’en rendre compte, nous avons finalement accumulé 33 déplacements en avion ! Sans compter celui qui nous a emmené faire un saut en parachute.
Qui l’eut cru !
Et pourtant on a essayé de limiter le nombre d’avions. On a préféré le bus pour quitter Paris en direction de Glasgow ou Berlin, on a préféré le train pour traverser l’Afrique du Sud, on a préféré le bateau pour relier la Russie au Japon…
Parce qu’on aime voyager autrement.
Justement il y a un an et demi quand on cherchait les différents moyens de rejoindre l’Antarctique, on a découvert qu’il était possible de se déplacer en cargo. Par pour l’Antarctique mais dans beaucoup de mers de monde. Plus ou moins partout où il y a des ports commerciaux.
Et ce moyen de transport nous a plu, on a eu envie d’essayer.
Rapidement on s’est heurté à la problématique du budget. Un voyage en cargo ça coûte cher, bien plus cher qu’en avion et ce n’est pas du tout aussi simple à organiser. Mais il y a un déplacement où on s’est tout de suite dit qu’on serait prêt à investir cet argent, ce temps de préparation, ce temps de trajet : le retour.
Le retour, un trajet pas comme les autres
Depuis deux ans on parcourt les routes du monde. Chaque jour est un mouvement, une découverte, un fourmillement d’actions. On se déplace d’une ville à l’autre, on visite, on prépare la suite, on cherche la meilleure option pour ci pour ça, le moins cher, le différent, l’intéressant. On rencontre, on est surpris, on apprend à connaître, on s’acclimate, on quitte. On déballe, on replie, on remballe.
On a le temps, mais on est rarement posé. Même les fois où on a voulu rester quelques temps au même endroit, on a toujours eu de nouvelles choses à voir, découvrir, appréhender, assimiler, préparer.
La vie est un mouvement et cela n’a jamais été aussi vrai.
Et dans quelques jours on va rentrer en France et ce mouvement-là, celui du voyage, celui qui nous porte depuis tant de jours, va s’arrêter. D’un coup.
7h d’avion depuis la côte est des Etats-Unis et puis…
(Appuyer sur play)
Bienvenue à Paris et son RER B.
Non.
On voudrait du temps, plus de temps, une transition, un sas, un caisson étanche entre deux milieux différents.
Une grotte, coupée du monde, où on pourrait se retrouver avec nous même pour faire un bilan de cette aventure. Commencer la cérébro-synthèse. On a vécu tellement d’émotions, picoré à droite à gauche tellement d’idées et d’envies, qu’il nous faut maintenant les ordonner pour nous créer la vie qui nous rendra heureux, comme on s’est créé le voyage qui nous faisait rêver.
Certes cela ne se fera pas en quelques jours, mais on voudrait lancer le processus, faire un premier tri.
Ordre et méthode, vous aurez remarqué qu’on aime ça et que c’est ce cadre qui nous permet d’envisager les idées les plus folles.
Parce qu’une fois le pied en France, c’est à nos familles et nos amis qu’on a envie de penser et pour qui on veut être disponibles. Et puis ensuite on veut se lancer à la rechercher de nouveaux emplois, d’un lieu de vie, se créer un environnement qui nous ressemble.
Car si cette aventure se termine, d’autres prendront le relais, sous d’autres formes bien sûr, et on est plein d’enthousiasme à l’idée de ce que l’on va pouvoir façonner avec tout ce que nous avons emmagasiné depuis deux ans. On est loin d’être triste !
Alors un cargo, c’est lent, c’est plusieurs jours de traversée, c’est un nombre de gens restreints, c’est une chambre rien que pour nous, sans courses à faire, sans repas à préparer, sans logistique, sans téléphone, sans Internet, c’est un océan autour de nous, à perte de vue. C’est une grotte-mobile.
Et comment on trouve une grotte-mobile ?
Pas si simple. On aurait presque envie de dire qu’il est plus facile d’acheter un billet de train en Inde qu’un billet de cargo…
Il faut d’abord obligatoirement passer par une agence de voyage spécialisée. Il en existe plusieurs évidemment dont les sites sont plus ou moins clairs et ergonomiques pour trouver le cargo de vos rêves. Voici quelques-uns des ceux que nous avions consultés :
- Maris freighter cruise (avec qui nous sommes partis finalement)
- Mer et voyages
- Sea Travels Ltd
- Freighter expeditions
- Freighter trips
- Freighter travels
- A la carte freighter travel
Il y a des cargos pour tout type de destinations, sur tous les continents et pour des durées et des prix assez variables.
Mais il faut compter environ $100 par jour et par personne, frais de port et de dossier inclus, en pension complète.
Généralement on a directement envoyé un mail pour savoir s’ils avaient des transatlantiques prévus cet été, cela n’apparaissant pas toujours très clairement sur les sites.
Car le trajet d’un cargo n’est pas réglé comme du papier à musique. Ni en temps ni en lieu. L’accueil de passagers n’est qu’un à côté et c’est les cargaisons qui déterminent les lieux et dates de départ.
Les routes sont en général prévues avec des ports fixes et des ports potentiels qui peuvent être ajoutés ou enlevés au besoin.
Quant aux dates c’est encore plus aléatoire, elles peuvent changer jusqu’à la dernière minute et varier jusqu’à une semaine avant ou après.
Par contre le prix reste fixe, que le voyage dure plus ou moins longtemps que prévu.
Un mot d’ordre donc lorsqu’on veut voyager en cargo : flexibilité !
Et anticipation car si peu de personnes voyagent en cargo, il n’y a aussi que très peu de places pour des passagers, moins de 12 en général. Donc mieux vaut s’y prendre plus d’un mois à l’avance, si on veut être sûr d’avoir une place.
Par ailleurs, il faut aussi remplir un certain nombre de formalités administratives, dans notre cas :
- Payer et signer les divers documents.
- Faire remplir un questionnaire médical. Il n’y a pas de médecin à bord.
- Fournir une attestation d’assurance. Notre assurance voyage Chapka nous couvre.
- Vérifier les visas. Dans notre cas on rentre en France, c’est simple, mais par exemple, il n’est pas possible de débarquer en cargo aux Etats-Unis avec un simple ESTA, il faut un visa.
Et c’est ainsi qu’il y a quelques mois nous avons réservé notre billet. Notre grotte s’appellera le Rickmers TOKYO. Joli clin d’œil à ce pays que nous avons tant aimé.
Le Rickmers TOKYO
Il est arrivé hier, le 31 juillet, au port de Philadelphie. Cette après-midi, le 1er, on vient lui rendre visite. Wahou, beau bébé. 193m quand même.
L’avantage c’est qu’on peut embarquer dès aujourd’hui et aller et venir du bateau comme nous le souhaitons.
La date de départ est prévue le 3 août. Pour l’instant. Elle a déjà bougé 7 fois depuis que nous avons pris nos billets il y a 3 mois et demi.
La route a changé aussi. Ils ont ajouté un arrêt au port de Morehead City, au sud de Philadelphie, avant d’entamer a proprement dit la traversée de l’Atlantique.
14 jours, c’est le temps qu’il nous faudra pour atteindre notre destination, le port de Montoir-en-Bretagne (Saint Nazaire) en France. A moins qu’ils n’aient rien à charger/décharger dans ce port et dans ce cas nous irons directement à Anvers, arrêt obligatoire, celui pour lequel nous avons en fait notre billet.
Nous aurons donc la surprise de notre lieu d’arrivée, et nos familles aussi…
Mais il est où le cargo là ?
C’est la question qui brûle les lèvres. Comment savoir où nous sommes et où nous arriverons. Pas de panique, les marins ont tout prévu.
D’abord sur le site du Rickmers TOKYO l’itinéraire est mis à jour régulièrement avec les dates d’arrivée et départ de chaque port.
Et pour savoir en temps réel où est le cargo il suffit de regarder la carte :
On est parti le 7-7-14, on rentrera un peu après le 8-8-16.
L’arrivée du Rickmers Tokyo en Europe marquera la fin de cette belle aventure. Mais ce n’est pas encore tout à fait la fin de VPP, il nous reste plein de choses à vous raconter…
Rendez-vous en France !
2 août 2016 à 22:08
Génial!!! :)
3 août 2016 à 17:15
Eh oui Jub, c’est quand même bien mieux que prendre l’avion, tu ne crois pas ?
Et puis, là, ils nous laisseront peut-être monter dans le cockpit de temps en temps. Sans compter, les hôtesses, de fiers matelots Philippins en combinaison orange. Et on les a rien que pour nous pendant 2 semaines. Alors si c’est pas la classe, ça…
Des bises à vous et à très bientôt sur Paris !
3 août 2016 à 13:48
Encore deux petites semaines grosso-modo et ce sera la fin de votre fantastique périple .
Ces deux années ont vite passé , c’est peut-être aussi ce que vous penserez avec du recul .,
Bravo pour ce grand voyage qui vous faisait rêver , et pour tous vos commentaires qui nous ont aussi , d’une autre façon , fait rêver . Et je me répète auprès de vous , mais quel plaisir de lire votre style et façons de commenter vos expériences vécues .
A votre retour , y aura-t-il une page -récit dans La république du centre?. Et envisagez – vous de faire un livre ou gros album-photos de votre voyage ?.Au plaisir de vous lire encore un tout petit peu et profitez en dernier lieu de cet ultime retour en cargo .
19 août 2016 à 17:03
Bonjour Maryse, et merci beaucoup pour vos commentaire réguliers et votre enthousiasme à nous suivre et à nous lire. Nous en sommes très touchés.
Ces deux années ont été très denses en expériences et en émotions fortes, mais sont aussi passées vite… Et nous voilà « déjà » rentrés ! Depuis deux jours.
Pour la suite, nous avons encore quelques récits à vous faire partager sur le blog, ceux de nos derniers mois de voyage et de ce très enrichissant retour en cargo. Donc l’aventure ne s’arrêtera pas tout de suite.
Le blog restera ouvert encore un bon moment, mais nous cherchons un moyen de garder une trace plus concrète de nos récits et photos. Nous avons envie d’utiliser la masse de souvenirs et d’informations qu’il contient pour faire un travail de synthèse autour des aspects socio-culinaires, sous une forme qui reste à définir.
Merci encore pour vos messages encourageants, et peut-être à bientôt sur Orléans.
Sandrine et Benoît
17 août 2016 à 15:33
Bonjour,
je suis journaliste à l’écho de la presqu’île à Saint-Nazaire, donc à deux pas de Montoir.
Votre aventure m’intéresse.
Quand arrivez vous à Montoir ?
Meric de me contacter au 0615192374