A Zanzibar : épices et sable blanc

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Stone Town, symbole du singulier archipel de Zanzibar

Situé à une cinquantaine de kilomètres des côtes africaines, l’archipel de Zanzibar, du nom de son île principale, est un véritable carrefour culturel. Un mélange d’influences africaines, persanes et indiennes qui se ressent à la fois dans l’urbanisme, l’architecture, la cuisine, la religion, la langue, la population…

 

En débarquant à Stone Town, principale ville de l’archipel, par le ferry en provenance de la brouillonne Dar-Es-Salaam, on a donc vraiment l’impression de changer de monde.

 

 

Cela se ressent déjà au niveau de la qualité de l’eau : ainsi éloignés du grand port industriel et de la grande ville, la mer est plus claire, quasi-cristalline. Finis les déchets plastiques et les algues, place aux plages de sable fin et blanc. Dans la langue, l’arabe vient se mêler au swahili. Et parmi les édifices religieux, les mosquées dominent. La population de Zanzibar est en effet à 98% musulmane.

 

201503 - Tanzanie - 0365Et puis on commence à se balader dans Stone Town et son dédale de petites ruelles étroites où, inévitablement, on se perd rapidement. On a l’impression de passer et repasser devant les mêmes magasins, les mêmes portes. Mais en fait, à bien y regarder, ce n’est pas toujours le cas : certaines sont rectangulaires, d’autres plus arrondies sur le dessus. Des bâtiments indiens, des bâtiments persans et des bâtiments d’inspiration africaine. C’est notamment depuis la terrasse de l’Africa House que nous profitons de notre premier coucher de Soleil sur l’archipel. Tellement cliché, mais toujours magique !

 

 

Le marché nocturne, une chouette expérience culinaire

Après le coucher de soleil, le long de la jetée dans les jardins de Forodhani, c’est au marché nocturne que tout se passe. Plusieurs dizaines de stands dressés sur cette paisible place préparent et vendent de la cuisine de rue typique de Zanzibar. L’occasion parfaite pour y déguster des spécialités locales à bon prix.

 

C’est donc là que nous avons découvert la célèbre pizza de Zanzibar ! Une fine pâte, comme une feuille de brick, et une autre pâte un peu différente par-dessus. Pour renforcer l’ensemble, a priori. Ensuite, cette pâte à « pizza » est garnie de petits morceaux de bœuf, d’oignon, d’épices, d’œuf battu, puis refermée sur elle-même et cuite à la poêle. Simple et efficace ! Il y a aussi les versions sucrées. On a craqué sur la nutella-banane-coco. Un régal !

 

Parmi les produits locaux que l’on trouve en abondance sur place, il y a aussi les poissons tropicaux et les fruits de mer. Souvent préparés en brochettes sur le marché, le plus difficile est de faire son choix entre le barracuda, l’espadon, la pieuvre, le calamar, la crevette… mais aussi le bœuf ou le poulet. Surtout quand on a mangé une pizza avant !

 

Enfin, pour se rafraîchir après tout ça, rien de tel qu’un bon jus de canne à sucre. Le même que le caldo de cana du Brésil, à part que la machine est manuelle et non électrique. Mais surtout, en plus du citron, ils mettent également le petit morceau de gingembre qui va bien. Un verre pour deux le premier soir, deux verres chacun le deuxième, autant dire qu’on a adoré !

 

 

Day 9, à la rencontre d’une incroyable diversité d’épices et de produits locaux

Zanzibar est décidément très riche d’un point de vue gastronomique. A tel point qu’il existe un tour, très fréquenté, uniquement dédié à la cuisine locale : le Spice Tour. Pas question pour nous de le rater bien sûr !

 

Et ça démarre fort, à 08h30, sur le marché de la ville. Direction les étals de poisson.

Les pêcheurs sont rentrés avec leurs filets pleins au petit matin, et dans une petite salle, les meilleures pièces sont vendues aux enchères. De magnifiques espadons, barracudas, thons… A côté, les autres poissons sont préparés pour être vendus au détail. Ca coupe, ça vide, ça gicle, le sang coule par terre et surtout ça pue ! Car tous ces jolis poissons sont découpés sur des établis en béton, sans carrelage, sans glace, dans une moite ambiance tropicale. Voilà qui réveille !

 

A côté de la halle poissonnière, un petit coin de verdure, enfin de vendeurs de verdure. Petit mais très important car de l’autre côté, c’est le coin des viandes, une autre intense expérience olfactive.

Là, devant nous, les bouchers découpent des têtes de bœuf, toujours sur les mêmes plans de travail en béton, toujours sans carrelage ni réfrigération. L’odeur est terrible. Ah, un bout de viande vient d’atterrir – accidentellement cette fois – sur le t-shirt de Sandrine. Quelle manie de prendre les têtes de bœuf en photo, décidément !

 

 

Derrière ces deux pièces, à l’extérieur des halles, il y a enfin le gros des étals de fruits, de légumes et d’épices. Mais nous ne nous y attardons pas car on va voir tout ça de plus près dans la suite du tour.

 

Une vingtaine de minutes de route plus tard, nous voilà arrivés dans une grande plantation de fruits et d’épices, comme le centre de l’île en est recouvert. On observe les arbres, les plantes, les fleurs, les racines. On sent, on goûte, on regarde. C’est une longue et intense expérience sensorielle. Et diversifiée tant la variété des fruits est importante : des bananes, des plantains, des ananas (enfin un seul, qui était le modèle d’expo, car la saison était terminée), des mangues, des noix de coco, des jacquiers (et leur fruit, donc), des pomelos, des oranges, des caramboles, du corossol…

 

Quant aux épices : du curcuma, du curry indien, de la cardamome, de la cannelle sous toutes ses formes, différents gingembres, des clous de girofle, de la citronnelle, de l’aneth, du poivre. C’est passionnant de découvrir l’origine de ces petites poudres que l’on trouve dans les pots Ducros, de sentir leur odeur dans l’écorce d’un arbre, la tige d’une plante, une feuille, une fleur, une branche ou une racine.

Et enfin, il y a un tas d’autres produits comme le café, la vanille, le héné, l’hibiscus, l’aloé véra, le piment ou le coton. Bref, tout ce qui rend la cuisine locale colorée et savoureuse.

 

Nous assistons également à l’ascension d’un immense cocotier par un autochtone, à pieds et mains nus, sans corde et en chantant. Ce n’est pas un défi stupide, c’est vraiment la façon traditionnelle d’aller cueillir des noix de coco, en haut d’un arbre à 15 mètres au-dessus du sol – aux quelques acrobaties prétentieuses près.

 

 

201503 - Tanzanie - 0410La visite se termine par un repas traditionnel, dans la maison de notre guide Daniel. Nous nous lavons les mains et nous déchaussons avant d’entrer chez lui, puis nous nous installons dans une pièce complètement vide, à l’exception de quelques tapis tressés par terre. Arrivent alors des assiettes, des cuillères et quelques casseroles, rien de plus. Le tout posé à même le sol. La première contient des morceaux de bœuf bouillis, la seconde du riz « pilau », cuit avec des morceaux de cannelle et de cardamome, la troisième des épinards délicieux et tout aussi relevés et la dernière un curry de légumes à tomber par terre. Encore une fois, c’est une énorme tuerie ! C’est à la fois doux et un peu relevé, extrêmement parfumé. Tout s’accorde très bien et fond dans la bouche. Un mois après, on en rêve encore !

 

 

En dala-dala vers les plages du Nord

Pour rejoindre le Nord de l’île de Zanzibar, et ses plages réputées paradisiaques, nous avons refusé d’utiliser le minibus privé affrété pour le groupe – moyennant 9$. Nous optons pour un moyen de transport public et local, le dala-dala, pour un peu plus d’1$. C’est une sorte de pick-up où l’on tasse de nombreux passagers dans la benne – souvent ouverte – à l’arrière. En arrivant à la « gare routière » pour le nord de l’île, nous sommes déçus de découvrir un mini-van classique. Mais celui-ci, bondé, conforte ce que l’on imaginait des transports locaux africains. Sur chaque rangée de 4 sièges, dont un rabattable, on cale 5 adultes. Quant aux enfants, ils sont entreposés là où il reste un peu d’espace. Du coup, on est très très serrés ! On se dit qu’on a bien fait de confier nos bagages au reste du groupe, confortablement installé dans son minibus privé.

 

Dans le van, Sandrine essaye de parler à sa voisine, une jeune femme voilée qui tenait un tout jeune nourrisson, âgé au maximum de quelques semaines. Mais celle-ci, bien que paraissant comprendre l’anglais, n’a pas voulu se lancer dans une conversation. Elle a par contre allaité son enfant pendant le difficile trajet. Et sur cette petite fille à la peau claire comparée à celle de sa mère, nous avons remarqué des traces de khôl noires sur le front et sous les yeux. A priori un maquillage pour repousser les moustiques, mais nous n’en avons pas eu la confirmation.

 

Nungwi Beach, village-vacances

Nungwi est le village tout au nord de l’île, là où nous avons passé nos trois derniers jours à Zanzibar. C’est une destination touristique majeure de l’archipel en raison de ses magnifiques plages de sable blanc et de la clarté des eaux de l’Océan Indien, très prisée des Italiens, notamment. Et en effet, nous sommes restés subjugués par le décor de carte postale qu’offrent les lieux aux premiers rayons de soleil.

La belle étendue de sable clair et fin se poursuit dans une eau quasi-transparente, qui brille sous le soleil. Magnifique. En plus, comme nous approchons de la saison des pluies, la haute saison est terminée et il ne reste plus beaucoup de touristes dans le coin. Les plages sont donc presque désertes, un vrai bonheur.

 

 

Mais à côté de cela, il y a aussi les côtés sordides de l’industrie du tourisme. En cherchant un endroit local pour déjeuner, nous sommes rentrés dans un petit boui-boui où mangeaient un groupe d’hommes habillés en tenue Masai traditionnelle, avec tunique rouge et bijoux. Au premier abord, on s’est dit qu’on ne pouvait pas tomber sur plus local. Et puis, en les voyant se balader sur les plages, dans les zones touristiques, ça nous a paru bizarre. Leurs téléphones hi-tech et leurs lunettes fashion aussi. Ils vivent normalement sur le continent, avec leur troupeau de chèvres. Où est ce troupeau ? Que viennent-ils faire ici ? En fait ils ne sont pas tous Masaï, mais principalement des opportunistes qui essayent de gagner un peu d’argent en se faisant prendre en photo en tenue de guerrier avec des touristes peu regardant sur l’authenticité de leurs clichés. Et puis le soir, on les voit parfois se balader avec une femme blanche à leur bras. On découvre que certaines touristes, généralement italiennes et d’un certain âge, viennent ici pour passer un peu de bon temps avec ces hommes réputés virils, bien équipés et puissants, à l’image de ce qu’on imagine des guerriers Masai. Leur Thaïlande à elles en quelque sorte.

 

 

Day 11, à la rencontre des fonds marins

Parmi les autres activités de loisir dont l’on peut profiter dans le coin, il y a la plongée et le snorkeling. Sandrine et une dizaine d’autres personnes embarquent donc à destination de la réserve marine de l’atoll de Mnemba. Le bateau est rapide, le temps clair, l’eau cristalline, les quarante minutes de navigation pour rejoindre la réserve nous en mettent plein la vue. Nous croisons même quelques dauphins et nous jetons à l’eau pour nager avec eux. Malheureusement nous n’avons pas été assez rapides et eux n’étaient pas assez joueurs, c’est plutôt un acte manqué.

 

Puis vient le temps de la vraie plongée, en masque et tuba pour ma part. C’est plutôt une balade aquatique et nous suivons le moniteur qui longe le bord du récif. La visibilité est incroyable avec ces fonds en sable blanc. Au fur et à mesure, il nous montre des poissons qui nous auraient sûrement échappés, comme le dangereux poisson-pierre, le caméléon des mers. Les étoiles de mer sont mes préférées. Il y a d’abord les violettes et puis les grises à pois rouges. Wahou ! Il n’y a pas de très gros poissons, mais la variété et les couleurs de ce qu’on voit me ravissent. Certainement ma plus belle plongée en masque et tuba.

 

 

Nungwi village

Nous sommes également sortis de la zone balnéaire pour une balade dans le village de Nungwi et ses environs. Nous traversons d’abord des rues poussiéreuses, non pavées, entourées de maisons de terre cuite. Nous croisons quelques enfants en uniforme, sur le chemin de l’école. D’autres jouent au foot sur la grande place dans le centre du village, pieds nus sur un terrain de terre, avec trois branches de chaque côté pour former les buts.

Nous bifurquons ensuite vers une piste plus large, en direction de l’Est, vers les plages à l’opposé de la zone touristique. Pendant quelques hectomètres, ce sont les importants volumes d’ordures disséminés de part et d’autre de la route qui nous interpellent. Au milieu des ordures, des poulets, des chèvres et même des vaches cherchent de quoi se nourrir. Malheureusement pour la planète, le plastique ne fait pas encore partie de leur régime. Un petit abri avec 3 bennes, 2 pour les déchets plastiques et 1 pour les déchets organiques, témoigne également d’une volonté d’établir un semblant de tri sélectif dans la région. Mais visiblement pas suivi d’effets.

 

Et puis, dans le prolongement de cette déchetterie, d’autres hôtels apparaissent à notre grande surprise. On se dit qu’on ne doit pas être loin des plages de l’Est. Nous décidons de rentrer dans l’un d’eux pour accéder à l’Océan. Celui-ci a été bâti essentiellement en bois et en paille, des matériaux de construction locaux. Il s’intègre donc plutôt bien au paysage. Mais à l’intérieur, quel choc, quel luxe ! D’immenses salles climatisées bien que complètement ouvertes vers l’extérieur, finement décorées et équipées d’un mobilier abondant et élégant, de la vaisselle dressée sur toutes les tables. Sur un mur, une petite cascade d’eau. Dehors, une superbe piscine à débordement entourée de transats confortablement équipés, tous avec vue sur le magnifique océan derrière. Et enfin une longue passerelle privée en bois avec un petit bar au bout, juste au-dessus de l’eau. Et en tout et pour tout, seulement quatre ou cinq clients. L’endroit est vraiment somptueux mais quel contraste avec ce que nous avons croisé à quelques dizaines de mètres de là !

Pour rentrer vers Nungwi Beach, nous empruntons le front de mer, largement envahi par les algues de ce côté-ci, mais passé ces premiers mètres de végétation, l’eau est toujours aussi transparente. Nous croisons quelques pêcheurs et quelques-uns de leurs petits bateaux. Mais en plein midi, tout paraît bien calme.

 

 

Passer trois jours dans cette station a finalement été largement suffisant pour nous. Nous aurions aimé aller dans un autre coin de l’île, plus au Sud ou à l’Ouest. Mais malheureusement, le programme serré du truck nous oblige déjà à rentrer à Dar-Es-Salaam. Deux longues journées de route nous attendent désormais dans le sud de la Tanzanie.

 



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