Comme un cheveu sur la soupe – Etats-Unis
PubliÉ le Catégories : Plats et traditions, USA.
De la cuisine locale
Contrairement à notre passage sur la côte Est il y a deux ans, on a cette fois eu quelques occasions pour fouiller le sujet des habitudes alimentaires aux Etats-Unis. Mais en discutant avec quelques locaux, leurs réponses nous ont parfois un peu déboussolés :
« – Vous connaissez un coin sympa pour manger local dans le quartier ?
– Manger local ? … Le mieux, si vous voulez, c’est cet indien à deux blocs. Sinon, il y a toujours le mexicain un peu plus loin. Ou un japonais, si vous aimez ça. »
Ou encore :
« – Avant de partir en mission en Europe, notre fils voulait profiter une dernière fois de la nourriture locale.
– Ah oui ? Super ! Alors, vous lui avez préparé quoi à manger ? C’est quoi ses plats préférés ?
– Eh bien, on est allé plusieurs fois manger des pizzas, et aussi dans ce restaurant thaï qu’il aimait tant. »
Super. Nous voilà bien avancés !
En même temps, voilà qui pourrait être simple : au lieu de vous parler de la nourriture locale aux USA, lisez – ou relisez ;) – simplement ces quelques articles :
Mais ce n’est pas si simple. Car un restaurant mexicain en Californie n’est pas la même chose qu’un restaurant de Cancun, comme un restaurant indien dans le New Jersey n’a rien à voir avec un restaurant de New Delhi. Les produits et les épices utilisés peuvent différer, et ne sont pas toujours cultivés de la même façon. On a donc plutôt affaire à de la nourriture « mexicano-américaine » ou « américano-indienne », pour reprendre ces deux exemples.
La « cuisine américaine » ne serait donc qu’une cuisine internationale adaptée aux conditions locales et au « goût » américain ?
Non, pas que. Il existe aussi une gastronomie et des habitudes alimentaires propres à la culture américaine.
Ce jeune pays s’est en effet construit par l’immigration, ses habitants amenant avec eux leurs cuisines, leurs recettes, leurs influences. La cuisine locale tire donc son origine de ce mélange. Un mélange toutefois altéré par certaines spécificités agricoles, sociales et économiques du pays.
Le maïs, couteau-suisse de l’industrie agro-alimentaire américaine
Si l’on considère plutôt la France comme un pays producteur de blé, les USA sont assurément un pays de maïs. Ils en sont même les premiers producteurs (1/3 de la production mondiale). Celui-ci est principalement utilisé dans l’élevage, comme aliment de base, et pour les bio-carburants. Mais il est aussi très présent dans l’alimentation de tous les jours, que ce soit directement ou indirectement :
- Dans une grande partie de la nourriture mexicaine
- Dans la cuisine des Native Americans, notamment dans les Etats du Sud : le grits, une sorte de gruau à base de maïs moulu, très prisé pour le petit-déjeuner. Ou encore le maïs doux, bouilli, ou grillé avec du sel et un peu de beurre (corn on the cob)
- Dans le pop corn ou les corn flakes, bien sûr
Mais ce n’est pas tout. La farine de maïs (maizena en France, ou cornstarch aux USA) a également de nombreux usages alimentaires. Elle est notamment largement utilisée pour la confection de pains, de gâteaux ou de pâtes. Ou encore comme épaississant ou liant, notamment dans les soupes, crèmes ou les sauces. Ou encore dans la fabrication du sucre-glace, dans la chapelure du poulet ou du poisson frit, dans les yaourts et les fromages, parfois pour d’obscures raisons.
L’amidon de maïs sert aussi de base à la fabrication du sirop de maïs, un liquide sucré très utilisé tant à la maison que dans l’industrie agro-alimentaire. C’est notamment ce sirop, ou l’un de ses dérivés, que l’on verse abondamment sur les pancakes et les gaufres, par exemple. En effet, il coûte bien moins cher à produire que le sirop d’érable. Mais c’est aussi bien moins bon.
Dans l’industrie, on le retrouve ainsi dans tout un tas de produits, comme les boissons gazeuses, les boissons « énergisantes », les pâtisseries, le ketchup, la mayonnaise, le pain, les soupes, les céréales, la « sauce spaghetti »…
On extrait aussi l’huile du maïs pour en faire de l’huile de cuisson, et elle intervient largement dans la composition de certaines margarines. Son impact sur la santé est « discutable » .
L’huile de maïs a aussi de nombreux autres usages extra-alimentaires que je ne détaillerai pas.
Et pour terminer, le maïs sert aussi de base à la fabrication de certaines bières, ainsi que du whiskey Bourbon.
Oui, le maïs est partout, mais son utilisation ne va pas toujours dans le bon sens pour la qualité intrinsèque du produit final, et pour son consommateur.
Un petit tour au supermarché
Il n’est pas non plus toujours évident de trouver des alternatives à ces produits industriels. Quelques options à prix compétitifs, quoique toujours un peu plus chers que la grande distribution, existent bien dans certaines grandes villes (petits supermarchés de quartier, marchés locaux). Mais ailleurs, si l’on veut acheter à manger sans se ruiner, il ne reste bien souvent que les grands magasins de type Walmart ou Safeway. Ceux qui travaillent exclusivement avec l’industrie agro-alimentaire, sur des gros volumes. Avec non seulement une qualité dégradée, mais également un sérieux souci sur les quantités.
Quantités et unités de mesure
Est-ce à cause de leur système de mesure unique et étrange que les quantités sont bien souvent trop importantes pour nous ? Ne peuvent-ils pas faire un contenant plus petit qu’un demi-gallon (1,89 L) pour le lait ou le jus de fruits ?
Et c’est comme ça pour beaucoup de choses. Faire les courses s’avère parfois un vrai casse-tête quand on n’a pas de voiture pour transporter de tels volumes, ni de place dans nos sacs-à-dos pour stocker. Et encore moins de frigos ou de congélateurs !
Avant de revenir sur les quantités, il faut évoquer un des aspects les plus troublants, obscurantistes et réactionnaires des USA : les unités de mesure. Passons sur les surfaces (leurs incompréhensibles acres), les températures (° Fahrenheit) et les distances – quoique les sandwichs peuvent se mesurer en pieds – ils ont peu d’influence sur l’alimentation quotidienne.
Mais quand on parle de quantités, de volumes et de masses, c’est un vrai fouillis. Des onces liquides par-ci, des tasses par-là, des livres, des gallons, des pintes sèches… Tout est mélangé, et sans grands rapports entre toutes ces unités. Et en plus, ça ne tombe pas toujours rond.
14,4 onces le paquet de biscuit (408 grammes) par exemple. Ou 13 onces le pot de Nutella (371 grammes)… On pourrait en citer plein.
Et même quand c’est à l’unité, ils font des paquets bizarres : 7 donuts, 11 tranches de fromage… Un moyen d’apprendre les nombres premiers peut-être ?
Quand on mange à l’extérieur, on rencontre aussi ce problème de sur-quantité. Dans un diner basique, on ne fait plus l’erreur de commander un plat chacun. Quand il y en a pour un, il y en a pour deux.
Surtout qu’on trouve souvent des formules avec un plat, une soupe ou une salade et du pain. Et la boisson à volonté !
Servie avec beaucoup de glaçons pour que ça paraisse moins sucré.
Un sérieux déséquilibre
Outre la quantité, l’équilibre des menus pose question : la nourriture est trop souvent trop grasse, trop sucrée ou les deux.
Fritures, viandes grasses, sauces grasses et sucrées (ketchup, barbecue, moutarde, mayonnaise…), sodas et desserts trop sucrés… Avec en plus le manque de légumes frais, et un excès de féculents (pain, patate sous toutes ses formes, maïs, pâtes…) : que ce soit au restaurant ou dans les grands supermarchés, trouver quelque chose de sain et équilibré n’est pas toujours évident – du moins il faut y mettre le prix et ces produits ne sont pas les plus mis en avant.
Et même si les industriels de l’agro-alimentaire ont l’obligation légale d’indiquer les données nutritionnelles sur chacun de leurs produits, il leur est très facile de duper tout le monde. Par exemple avec les produits « diététiques ».
Il y a déjà les édulcorants (aspartame, stevia…), dont on ne développera pas les nombreuses controverses qu’ils soulèvent. On trouve ces édulcorants dans tous les produits sucrés portant la mention light ou zero (boissons, desserts, crèmes…). Cela dit, c’est la même chose en France.
Mais les entourloupes ne s’arrêtent pas là. Il y a aussi les produits low fat ou fat free. Et bien souvent, la part de gras en moins se retrouve dans les sucres. C’est flagrant pour les yaourts notamment : soit ils sont low fat et donc plus sucrés, soit ils sont light et ont un mauvais goût d’aspartame. Trouver un bon yaourt nature, sans sucres ajoutés, est très difficile : le yaourt individuel ne se vend généralement pas nature. Il est toujours au miel, à la vanille, aux fruits… donc sucré.
Le yaourt nature, en fait, ça se trouve au rayon ethnic food. Et il est généralement importé du Moyen Orient…
Et surtout, un problème de goût !
C’est sans doute ça le plus dramatique. C’est qu’en dehors des produits frais, le reste manque cruellement de goût. De nombreux produits ont l’air de ressembler à ceux de chez nous, mais une fois en bouche, il y a quelque chose qui cloche.
Cette impression qu’on retrouve souvent, qu’il manque quelque chose. Non, ce n’est pas le gras, ni le sucre ni la cannelle (pour les desserts). Tout ça, on le sent beaucoup trop. Non, ce qu’il manque, c’est le véritable goût des choses.
Là-bas, une compote de pommes (industrielle, car il n’y a que ça) n’a pas le goût de pommes. C’est frais, c’est sucré, ça ressemble à une compote de pommes, mais on sent surtout le sucre, la cannelle et … l’eau. C’est d’un fade, d’un ennui à manger ! Et c’est comme ça pour beaucoup de produits.
French ? Vous êtes sûrs ?
Voilà encore quelque chose qui nous a surpris. On a trouvé de nombreux produits, mets ou plats, qualifiés de « french » . Est-ce pour faire plus vendeur, en utilisant la bonne réputation à l’international de la cuisine française ? Eh bien, ils n’y font pas vraiment honneur.
Il y a bien sûr les french fries (frites). Jusque-là, ça va, même si l’on pourrait argüer de leur origine française. Mais d’autres fois, ça n’a pas grand-chose à avoir avec ce qu’on connaît.
- French toast : censé être l’équivalent de notre pain perdu, sauf qu’ils utilisent plutôt du pain de mie que du pain, peu de lait et beaucoup de cannelle.
- French onion soup : c’est l’équivalent de notre soupe à l’oignon, avec un bouillon de bœuf ou de poulet, des oignons caramélisés, des croûtons et du fromage gratiné par-dessus.
- French onion dip : là, on passe du côté obscur. Car déjà, on l’appelle aussi California dip. C’est une « trempette », c’est-à-dire une sauce pour les chips, à base de crème aigre. A laquelle on adjoint… un mélange déshydraté pour soupe à l’oignon !
- French roll : un petit pain en forme de boule
- French dressing : originellement, c’était le classique assaisonnement huile-vinaigre. Mais le terme a évolué vers un assaisonnement de couleur allant du jaune au rouge et au goût sucré (nous y revoilà), à base de paprika et de tomate… Ben voyons.
- French dip sandwich : un sandwich avec un pain quelconque, de très fines tranches de rosbif et le jus de cuisson du rosbif qui arrose tout ça…
Dans un registre non culinaire, citons aussi : les french tails (nattes de cheveux) et les french letter – l’équivalent de nos capotes anglaises… Excuse my french (pardonnez mon langage grossier) !
En fait, on a lu que les colons Anglais des XVIIème – XVIIIème siècles détestaient la cuisine et les habitudes alimentaires françaises. Ils trouvaient cela dégoûtant. Alors, peut-être est-ce que c’est resté ?
Le snacking, une sale habitude
C’est une habitude historiquement liée au rythme du travail. Les USA ont longtemps été un pays essentiellement agricole, qui suivait un rythme alimentaire rural : la journée démarrait par un petit-déjeuner riche, et un dîner, pris assez tôt, à la fin de la journée de travail.
Les entreprises ont suivi ce même rythme, travaillant en continu jusqu’au coucher du soleil, sans véritable pause pour midi. Les employés ont donc pris l’habitude de prendre un déjeuner léger et rapide (d’où la prolifération des fast food, des sandwicheries, hot dogs, plats micro-ondables ou déshydratés etc.) ou même de snacker en travaillant, de picorer tout au long de la journée sans s’arrêter pour déjeuner.
Voici quelques exemples de snacks « prêts à manger » que l’on trouve dans toute chaîne de supermarchés et les convenience stores :
- Les jerkys : des morceaux de viande (souvent bœuf, mais marche aussi avec gibier – cerf, bison) séchés, salés et coupés en lanières. Aujourd’hui, la viande est souvent marinée avant déshydratation, donnant des variations de goûts aux jerkys
- Les chips et crackers
- Le pop corn, plutôt salé avec un peu de beurre, sinon sucré au caramel
- Les barres de céréales énergétiques, barres chocolatées et barres au peanut butter…
- Les lunchables : un pack contenant des biscuits salés, des tranches de « fromage » et des tranches de pepperoni (ou saucisse équivalente). Celui-là, il ne fait pas rêver. Et il y en a plein de versions différentes, plutôt sucré ou salé ou les deux, avec ou sans boisson, et même des spéciaux pour les enfants. Ouch !
- Le Protein Pack P3 : une idée similaire, voire pire. Trois petits récipients avec dans l’un des cubes de poulet, dans l’autre des cubes de cheddar, et dans le troisième des cacahuètes…
Les boissons sont aussi une source « nutritionnelle » importante. Dans les supermarchés, les boissons énergisantes occupent même des rayons entiers. Des bouteilles de toutes les couleurs, de tous les goûts, censées apporter l’énergie et les minéraux perdus lors de l’activité physique. Mais encore faut-il en exercer une… Au goût, ce n’est finalement pas si sucré que cela, comme un sirop de fruit très dilué.
Autrement, il y a les sodas. Dans les convenience stores, ils sont vendus au verre, que l’on vient remplir auprès d’une grosse machine à sodas. Et il y a le choix ! On a vu, une fois, une machine proposant 99 sodas différents.
Taille minimale : 16 onces (1/2 L). Mais c’est presque aussi peu cher de prendre 44 onces (1,3 L), alors pourquoi se priver ?
Heureusement, de façon un peu plus marginale néanmoins, il y a des choses moins déséquilibrées. Des légumes crus avec une petite trempette, des fruits frais ou des bars à salades et à soupe dans les supermarchés. Plutôt bons en plus.
Repas à la maison ou dans les traditionnels diner
A la maison, le dîner familial complet se compose généralement de plusieurs éléments, tous servis en même temps :
- une salade (laitue, tomate, oignon, concombre, mais aussi noix, fromage bleu, œuf dur, avocat, chou, pommes de terre, bacon, carottes…) avec un dressing (assaisonnement) à part
- une soupe, par exemple de pois, de champignons, de maïs, de fruits de mer, de citrouille, de poulet, de haricots…
- un plat principal, souvent à base de viande
- un ou plusieurs accompagnements (légumes cuits, pommes de terre, maïs grillé…)
- des fruits
- du pain
Oui, ça fait un gros menu. Mais quand on n’a pas déjeuné, ou juste grignoté, on a faim quand vient l’heure du dîner (vers 18h) !
Les restaurants traditionnels type diner sont aussi particulièrement intéressants. Ils sont généralement ouverts du matin au soir, et proposent donc des petits déjeuners en plus des plats typiques du dîner.
Les clients mangent soit sur le zinc, au bar, soit dans des petits kiosques ouverts avec banquettes en cuir, généralement pour 4 personnes.
A table, on y trouve du sel, du poivre, parfois des sauces, du sucre, de l’édulcorant, des confitures en portions individuelles… Aussi, les boissons (soda, thé glacé) sont servies à volonté.
Par contre, on n’y sert jamais d’alcool. Pour cela, il faut aller dans les pubs (plutôt pour la bière) ou les restaurants plus chics (pour le vin). Et là, on a été agréablement surpris par la qualité des plats. Parfois simples mais correctement préparés, d’autres fois originaux et savoureux, imaginatifs… Les burgers y sont omniprésents mais côtoient des plats plus élaborés à base de viande, de fruits de mer, ou même de légumes !
Et l’alcool, justement ?
On ne s’attendait pas à découvrir une telle culture de la micro-brasserie aux USA et au Canada. Pourtant, dans chaque Etat du pays, des bières sont produites à l’échelle locale, pour le marché local, en plus ou moins petites quantités. Partout où on est passé, on a donc pu découvrir de nouvelles marques. Et le résultat est plutôt satisfaisant, tant en qualité qu’en variété : bières belges, à double ou triple fermentation, blanches, ambrées, lager, weissbier et kölsch allemandes, ales anglaises, blondes, dorées, stouts, porters, fruitées… Mais ce qu’on trouve le plus, c’est l’India Pale Ale. Une bière particulièrement amère, qui n’est pas, pour nous, la plus agréable à déguster. A part avec certains plats peut-être.
Au niveau national, en revanche, c’est la déception. La bière la plus vendue est la Bud Light… Une bière juste bonne à pisser. Heureusement, certaines brasseries ont aujourd’hui atteint une portée nationale, comme la Sierra Nevada ou la Samuel Adams, avec une variété et une qualité un peu plus intéressantes.
Et puis, évoquons les réglementations en matière d’alcool aux Etats-Unis et au Canada, qui ont parfois suscité un agacement certain. Voire même de l’irritation.
Il est notamment interdit de boire dans la rue, ou de transporter un contenant ouvert. Pour cela, les commerçants vendent les bouteilles avec un papier marron autour, afin qu’on ne voit pas que c’est de l’alcool. Et ça passe très bien comme ça, ce qui est un peu hypocrite quand même…
Mais quand il s’agit d’acheter de l’alcool, là ça peut devenir plus compliqué. Au niveau national, la vente d’alcool est interdite aux moins de 21 ans. Soit.
Du coup, les vendeurs, serveurs ou videurs se doivent de demander une preuve d’identité pour tout achat d’alcool, même si on paraît de toute évidence bien plus que 21 ans. Alors, on montre nos cartes d’identité. OK.
Ça nous a fait un peu drôle la première fois, à Hawaï, mais on a très rapidement pris le pli.
Mais la réglementation dépend aussi des Etats.
En Pennsylvanie, par exemple, elle est très stricte. Alors quand on tombe sur un vendeur… disons zélé, pour rester poli, et bien… Pas d’alcool ! Car ils ne reconnaissent pas la carte d’identité française comme un ID valable ! Il y a pourtant une photo – récente, bien moins de dix ans -, et une date de naissance. Et puis nos bonnes têtes de trentenaires accessoirement. Mais non, ces messieurs veulent un permis de conduire américain. Ou à la rigueur, un passeport… Et puis quoi encore !
Dans un pays où on peut faire tirer une fillette de 9 ans avec un automatique dans un stand de tir. Enfin, c’est un autre sujet…
Breakfast time !
En dehors des petits déjeuners « snacks » ou « fast-food », on peut considérer qu’il existe deux types de petit-déjeuner aux Etats-Unis.
Plutôt en semaine, pour faire simple et rapide, on peut se contenter : de fruits, d’un yaourt sucré, de céréales. Eventuellement accompagnés ou remplacés par des donuts et des cinammon rolls (des roulés pâtissiers pleins de cannelle), des fritters (pâte feuilletée avec de la gelée de fruits) ou autre pâtisserie/viennoiserie
Mais le plus intéressant, c’est le véritable american breakfast. Celui qu’on prend en famille, le dimanche, et qui fait même office de brunch. Ou celui qu’on peut avoir dans un diner, en semaine, quand on a envie de prendre son temps.
Dans ce dernier, on trouve :
- du café ou du thé (moins courant), servi à volonté, et souvent consommé en grandes doses. Un café avec peu de caféine, assez fade, et complété de lait et/ou de crème, et de sucre (ou édulcorant). Une sélection de jus de fruits (souvent industriels) est aussi proposée
- des œufs, cuits de différentes façons : brouillés, omelettes, au plat d’un seul côté ou au plat « retourné ». Ils peuvent être accompagnés de fromage, de poivrons, d’avocat… enfin, tout ce qu’on peut caser dans une omelette
- des saucisses grillées, du jambon ou du bacon. Mais du vrai bacon américain, à savoir des fines tranches de poitrine de porc grillées au four jusqu’à devenir croustillantes
- des hashbrowns (de la patate râpée rissolée) ou du grits (gruau de maïs…)
- des toasts de pain de mie – blanc ou complet – grillé, accompagnées de beurre et de confitures
- des pancakes lourds, des gaufres ou des french toasts, qu’on arrose abondamment de sirop de maïs (ou d’érable au Canada… hmmm !)
- des biscuits, une sorte de petit pain au beurre levé au bicarbonate de sodium et cuit au four. Le biscuit peut se manger avec du beurre et de la confiture, en remplacement des toasts, ou avec une sauce gravy (sorte de béchamel épaisse, au poivre) : le biscuits & gravy
- des muffins
- de la salade de fruits
Pour faire encore plus chic, le brunch peut s’accompagner de cocktails spéciaux, comme le mimosa (mousseux et jus d’orange) ou le bloody mary (jus de tomate, vodka, épices et condiments divers et variés, et surtout la branche de céleri pour mélanger !). Plutôt un truc du dimanche matin, cependant…
Quelques plats de portée nationale
En dehors d’Hawaï, qui a une cuisine vraiment à part, on retrouve toujours plus ou moins les mêmes choses dans les diners traditionnels des 49 autres Etats. Parmi ces spécialités répandues sur tout le territoire, on a fait ces quelques découvertes… intéressantes, mais pas toujours gourmandes :
- Le meatloaf : un plat très apprécié pendant la crise des années 1930, car utilisant de la viande de bœuf hachée bon marchée et des restes alimentaires (graines de céréales ou mie de pain, oignons, épices). On mélange tout ça pour en faire une préparation homogène, que l’on fait cuire au four dans un moule rectangulaire profond (moule à pain). Le meatloaf est aujourd’hui arrosé d’une sauce gravy et d’oignons caramélisés, et souvent accompagné d’une purée de pommes de terre.
- Les mac’n’cheese : des macaronis au fromage, mais à l’américaine… les macaronis sont souvent trop cuits, trop mous, et la sauce au cheddar plus grasse et salée que savoureuse. Enfin, c’est l’expérience qu’on en a eue. Originellement, on passait la casserole de macaronis au fromage au four. Aujourd’hui, on les trouve beaucoup en packages déshydratés, prêts en quelques minutes avec juste de l’eau chaude, du lait et de la margarine. Et franchement, c’est mauvais !
Les mac’n’cheese peuvent se manger comme plat principal, ou être servis en accompagnement.
- Les tater tots : c’est une marque commerciale du groupe Heinz. Ce sont des morceaux de pommes de terre râpées, compactés en forme de petits cylindres, puis frits. Un accompagnement que l’on peut trouver dans les cafétérias, les fast food et certains restaurants. Encore meilleur avec du cheddar fondu dessus !
- Les twice baked potatoes : découvertes dans le Kansas grâce à Paula, la maman de Phil. De grosses pommes de terre cuites au four. Puis coupées en deux dans le sens de la longueur. Après refroidissement, on mixe la chair cuite – en gardant à part la peau entière et croustillante – avec de la crème, de l’oignon vert et du fromage. Puis on farcit le fond de pomme de terre de ce mélange, et on recuit au four. Délicieux !
- L’apple pie : la véritable tarte aux pommes américaines, spécialité de la ménagère – en l’occurrence Paula – et servie bien chaude comme dans les films. Un symbole de la cuisine américaine. En fait, c’est plus une tourte qu’une tarte, car la pâte est à la fois en-dessous et au-dessus. Et la garniture, simplement des pommes, du sucre, de la cannelle et éventuellement un peu de noix de muscade. Idéalement, elle est servie avec un filet de crème légère ou une boule de crème glacée par-dessus.
Tour d’horizon de quelques spécialités locales
En Alaska et chez son voisin canadien, le Yukon
Les eaux prolifiques du Pacifique Nord, et les rivières du Nord-Ouest américain, sont réputées pour leurs délicieux poissons. Parmi eux, le saumon royal d’Alaska et le flétan du Pacifique (halibut). Délicieux, mais aussi très chers. On peut les préparer en burger, ou frits façon fish & chips (halibut), ou séchés et fumés façon jerkys (saumon). Pour un fish & chips à un prix plus abordable, la morue (cod) est une bonne alternative.
Les fruits de mer sont également abondants : crabe royal d’Alaska, moules, mollusques, coquillages et crustacés… En les mélangeant dans une soupe épaisse au bon goût de poisson avec quelques morceaux de flétan, du céleri croquant au fond, du cheddar et du bacon croustillant par-dessus on obtient un succulent clam chowder !
Le gibier sauvage, caribou ou orignal, est assez populaire, sous forme de saucisse ou de steak. Néanmoins, le plus souvent, il s’agit en réalité de rennes d’élevage (caribou domestique).
Les baies : framboises, myrtilles, mûres, salmonberries (baies de ronce remarquable)… Comme au Groenland, les seuls fruits susceptibles de pousser en ces terres froides sont les petites baies sucrées, que l’on trouve en été. On en fait des tartes, du même style que l’apple pie, ou des sauces qui accompagneront une viande ou un morceau de flétan, par exemple.
Au Yukon, les Québecois ont amené leur célèbre poutine. Toujours aussi gourmande.
Niveau micro-brasserie, Alaska et Yukon se défendent bien. Citons en Alaska : 49th State, Alaskan, Homer, Midnight Sun…
Et au Yukon, la Yukon Brewing Company de Whitehorse, que l’on a eu plaisir à visiter.
Pour terminer, faisons mention de ces deux cocktails :
- Le duck fart (Alaska), un mélange de kahlúa (liqueur de café sucrée), de Bailey’s (liqueur à base de whiskey irlandais et de crème), et de Crown Royal (whiskey canadien d’assemblage)
- Le sourtoe cocktail (Yukon)… mais on en a déjà parlé !
En Californie
Comme l’Alaska, la cuisine Californienne sait profiter des richesses du Pacifique Nord. On y déguste donc du crabe, des huîtres, des ormeaux, des palourdes ou encore des moules. Celles-ci sont un peu plus grosses que chez nous. Dans un restaurant chic de Los Angeles, on a d’ailleurs été surpris de ne compter que 12 moules dans notre cassolette !
Au rayon snacks et restauration rapide, on a :
- Le french dip sandwich, à Los Angeles. On en a parlé un peu plus haut
- Le it’s-it, à San Francisco, un gâteau glacé extrêmement gourmand. La couche de crème glacée (on recommande celle au potiron !) est prise en sandwich entre deux excellents cookies moelleux à l’avoine, et le tout est recouvert d’une couche de chocolat. On vous l’avait dit, c’est gourmand !
Au niveau des bières, la Californie a sa palanquée de micro-brasseries. L’une des plus connues est la Anchor Steam.
Mais la Californie, c’est surtout un état de vin. Alors, même si on n’a pas visité de vignobles ni fait de dégustations, on s’est quand même régalé de leur zinfandel. Que ce soit en magnums ou en box de 3L… Un cépage qui donne des vins puissants à la couleur très sombre et au bouquet très épicé. Très bon avec une viande grillée au barbecue.
En Arizona et Utah, un peu de nourriture Navajo
La nourriture Navajo s’apparente beaucoup à celle du Mexique. On y mange des tacos, des haricots, du maïs, des piments… Ou encore des figues de Barbarie, les fruits du cactus.
Le maïs se mange aussi sous forme de grits, ou grillé.
Mais la principale spécialité Navajo, c’est le fry bread. Un pâte à pain à base de farine de maïs et de gras de porc, que l’on laisser légèrement lever puis cuire dans le même gras de porc.
Les Navajos mangent ça avec tout, toute la journée. Ca remplace aussi la tortilla pour les tacos ou les burritos.
Et une petite bière de l’Ouest pour terminer, que l’on trouve surtout en Nevada, en Arizona et en Californie : la Fat Tire.
L’Idaho, et ses famous potatoes
C’est le slogan qu’on trouve sur toutes les plaques d’immatriculation de l’Idaho : les « famous potatoes » . Mais à part les patates, ils n’ont pas grand-chose dans cet Etat rural du Nord-Ouest.
Dans un diner d’Idaho Falls, la spécialité du coin, c’était d’ailleurs l’Idaho nachos. Comme des nachos mexicains, en remplaçant les triangles de tortilla par de la gaufrette de… patate.
Un seul autre Etat a aussi fait le choix d’un slogan « alimentaire ». Le Wisconsin, sur la rive Nord du lac Michigan : l’Etat des produits laitiers.
Kansas City, la capitale du barbecue du Midwest
Le barbecue façon Kansas City se caractérise par une cuisson lente sur la fumée (généralement celle du feu de bois) et la viande est très régulièrement arrosée de sauce barbecue : un mélange de tomate, de mélasse, d’épices et d’un peu de piment.
Ce barbecue du Mid-West utilise toute sortes de viandes : poitrine de bœuf (beef brisket), effiloché (pulled pork) ou saucisse de porc, blanc de dinde, poulet… Mais le roi du barbecue, c’est bien sûr le travers de porc (pork ribs).
En accompagnement de ce choix de viande, on trouve toujours les mêmes choses :
- Salade de pommes de terre, avec beaucoup de mayonnaise
- Salade de macaronis, avec de la mayonnaise
- Purée de pommes de terre
- Mac’n’cheese
- Maïs grillé
- Haricots rouges
- Coleslaw (chouette des légumes ! et de la sauce…)
Chicago
La troisième ville du pays est « gastronomiquement » célèbre pour deux choses :
- Les hot dogs : une saucisse pur bœuf dans un pain aux graines de pavot, avec un peu de moutarde jaune américaine (celle qui ne pique pas), du relish vert (sorte de sauce en petits dés type piccalilli), un énorme cornichon, de l’oignon blanc, de la tomate fraîche, un petit piment mariné, et du sel de céleri. Et attention, jamais, ô grand jamais, de ketchup ! Finalement, le hot dog de Chicago est un excellent plat de fast food qui a du goût, qui est plutôt équilibré, et pas trop gras.
- La deep dish pizza : une pizza très très épaisse, cuite dans un plat profond. L’ordre des ingrédients est inversé par rapport une pizza classique : on met d’abord la mozzarella, beaucoup, tout au fond, puis la garniture (viandes et/ou légumes) au-dessus, et enfin la sauce tomate tout en haut. Une pizza très généreuse, qui nourrit facilement 4 personnes !
Enfin, pour accompagner ces deux spécialités de la windy city, rien de tel qu’une bonne Goose Island, la bière la plus célèbre de l’Illinois.
Philadelphie
La dernière étape de notre voyage, à Philadelphie, ne nous a pas laissé la meilleure impression culinaire du pays. Pourtant, la réputation des Philly Cheese Steak sandwichs a largement dépassé la Pennsylvanie. Mais nous, on n’a pas été convaincu. Un sandwich garni de fines tranches de rosbif grillées avec des oignons et du fromage (cheddar, provolone ou sauce au fromage). Trop simple et trop rapidement préparé pour être bon : ça n’a aucun goût !
Quant à la bière locale de Philly, le Yuengling, elle m’a surtout rappelé la Kro. A oublier également…
Alors après 3 mois aux USA, on peut quand même dire qu’on est plutôt content de rentrer en France : on va pouvoir réapprécier le goût de certains aliments !
12 septembre 2016 à 14:11
Quand je pense que vous avez du ingurgiter toutes ces m….s alimentaires pour faire ce super reportage! Merci a vous et bon retour.
14 septembre 2016 à 11:51
Salut Christian ! C’est clair qu’on a mangé du gras ces derniers mois ! Même en essayant de cuisiner des légumes dans notre van et en évitant les sodas et tout le « prêt à bouffer » et autres fast-foods. On a sacrifié une taille de pantalon pour les besoins de l’enquête :)