Across America
PubliÉ le Catégories : USA. Tags : city tour, rencontre, roadtrip, train.
On ne saurait résumer notre séjour aux Etats-Unis à notre seule visite des Parcs Nationaux. En 66 jours, on a pu passer dans quelques grandes villes, d’autres plus petites, et traverser la campagne de la côte Ouest à la côte Est, que ce soit en train, en bus ou en voiture.
Souvent, lors de ces étapes, on a aussi eu l’occasion de retrouver quelques amis connus en France ou rencontrés précédemment au cours de notre voyage.
D’ouest en est, en passant par le centre, la diversité des USA se retrouve aussi dans ses villes.
A San Francisco, chez Loulou et Esther
Grâce à Loulou, un ami d’Ecole de Sandrine, et Esther, San Francisco est vite devenu notre camp de base sur la côte Ouest. Après avoir décidé de quitter Hawaï plus tôt que prévu, on s’y est déjà posé 15 jours avant de partir pour l’Alaska. Puis encore quelques jours de part et d’autre de notre road trip en campervan.
En tout ce temps, on n’a pas vraiment fait de tourisme intensif. Juste le minimum pour en connaître quelques aspects essentiels.
A commencer bien sûr par le célébrissime Golden Gate Bridge, cet énorme pont à haubans rouge à l’entrée de la baie de San Francisco. En mai, on a d’ailleurs eu la belle surprise d’y voir plusieurs baleines, allant et venant au milieu des kite-surfeurs.
A la même saison, on les trouve aussi le long de la côte Pacifique. Une côte vallonnée et magnifiquement découpée, mais aux eaux très froides. Même en juillet, ça n’attire pas les baigneurs. Et c’est vrai que d’une manière générale, on a toujours trouvé le climat un peu frisquet à San Francisco. Sans doute à cause de ces courants froids qui remontent le long des côtes et parcourent la baie. Le soir venu, ils amènent d’ailleurs avec eux le fog, ce célèbre brouillard qui enveloppe la ville en été…
Mais San Francisco, ce sont aussi ses fameuses rues en pente, que remontent ou descendent des funiculaires chargés uniquement de touristes. Et de grandes et jolies maisons, dont les colorées Painted Ladies ou celles de Lombard Street, une curieuse rue en lacets très fleurie et très visitée des touristes elle-aussi.
Pour une belle vue d’ensemble, c’est au sommet des Twin Peaks qu’il faut se rendre. Mais avant l’arrivée du fog. De là, on surplombe toute la ville : d’abord une étendue de grandes maisons, de nombreux parcs verts, et quelques grandes tours au fond, le CBD. Et plus loin face à nous le Golden Gate Bridge, avec d’un côté la baie de San Francisco, et de l’autre les breakers (vagues) de l’océan Pacifique.
C’est d’ailleurs entre ces deux littoraux que se déroule l’un des événements les plus festifs de la ville : Bay2Breakers.
Au départ, c’est une course à pied du dimanche à travers la ville, depuis le bord de la baie jusqu’au bord de l’océan. On y trouve des coureurs sérieux, des coureurs moins sérieux, des coureurs déguisés et des coureurs non déguisés, c’est-à-dire nus. Et à contresens de ce torrent de coureurs, remontant de l’océan vers la baie, on a bien sûr des coureurs déguisés… en saumon… Pour aller se reproduire au point de départ ? Ce serait bien dans l’esprit de l’événement en tout cas.
Car Bay2Breakers, c’est le jour où tout San Francisco se déguise et se lâche, pas que les coureurs.
La course démarre tôt le dimanche matin pour s’achever vers 9-10 heures. C’est l’heure à laquelle démarrent les houses parties dans ces grandes maisons typiques de la ville, surtout celles situées à proximité du parcours. Leurs propriétaires, ou plus souvent leurs colocataires ouvrent leurs portes. Musique forte, barbecue et alcool, tout le monde peut aller et venir, même s’il est mieux vu d’être déguisé et d’amener un peu à boire et à manger.
Pour nous, c’est le moment de tester les cocktails phares du dimanche matin : les mimosas, les fireballs et les bloody mary. Une bonne préchauffe avant de rejoindre le parcours de la course avec nos déguisements trouvés la veille à la dernière minute.
Dans la rue, la foule est impressionnante. Ambiance carnaval, plutôt bon enfant. On dirait vraiment que toute la ville est là et déguisée. La police est là aussi, en tenue habituelle. D’une attitude plutôt attentiste, ils sont surtout là pour faire un peu de prévention en matière d’alcool. Sans intervenir à tout bout de champ, une bonne chose.
Vers midi, non loin de l’arrivée, tout ce petit monde se rassemble dans le Panhandle et le Golden Gate Park, un immense espace vert situé au bout duquel a été jugée l’arrivée. Là, quelques Power Rangers simulent un combat, ici des hôtesses de l’air jouent au frisbee. Plus loin, un homme nu contemple le tableau général. Il fait chaud, il est midi, et tout le monde est déjà saoul.
Dans l’après-midi, on part poursuivre la fête dans une autre house party et vers 18-19 heures, la « soirée » s’achève tranquillement. La ville semble avoir déjà retrouvé son calme et on ne croise même quasiment plus personne sur le chemin du retour. Les gens sont pour la plupart déjà chez eux, ayant limité les dégâts pour la reprise de la semaine le lendemain matin.
On a entendu beaucoup de gens nous dire que Bay2Breakers était la meilleure journée de l’année à San Francisco. Pour nous, en tout cas, c’était assurément la meilleure de la première quinzaine de mai !
A Los Angeles, chez Pat et Jerry
Après les avoir rencontrés et sympathisé avec eux en Antarctique, on a eu la chance de retrouver cet attachant couple bientôt octogénaire chez eux, à côté de Los Angeles, à notre retour d’Alaska.
Pat était toute excitée à l’idée de nous revoir et de nous recevoir ici, et avec Jerry ils nous ont mitonné tout un programme pour nous faire découvrir leur ville de toujours.
D’abord, leur maison de Manhattan Beach, à quelques centaines de mètres de la plage. Et la première chose qu’on y a vue, c’était nous ! Leur album photo d’Antarctique traînait nonchalamment sur la table de la salle à manger, ouvert sur une photo de nous…
Dans le garage, on découvre la passion de Jerry pour les vieilles pièces de station-service : des plaques, des enseignes, des affiches ou publicités, des pompes entières ou en morceaux, toujours en excellent état. Il y en a partout, y compris dans l’appartement d’ami au-dessus du garage. Celui dans lequel ils nous ont hébergés.
Et là, en plus, les enseignes sont branchées et on peut les faire clignoter toute la nuit. Très pittoresque !
De Los Angeles, on a d’abord visité le centre-ville par nous-mêmes. Assez charmant, plus joli que celui de San Francisco, avec de belles et grandes bâtisses souvent bien travaillées. Et un superbe point de vue sur tout ça depuis le 27ème étage du City Hall, la mairie. En prime, de là-haut, on a pu profiter des restes d’un banquet municipal qui s’est probablement tenu peu de temps avant. Il restait un peu de viande, des légumes, des lasagnes et surtout un gâteau au chocolat tout entier, vraiment très bon, duquel on a pu sauver deux parts pour Pat et Jerry. C’est leurs impôts, après tout…
Sans oublier Hollywood évidemment…
Mais c’est surtout dans la jeep rouge de Jerry qu’on a passé le plus clair de notre temps. Ils nous ont emmenés aux quatre coins de l’immense agglomération, roulant pendant des heures et des heures, de Palos Verdes au Sud à Mulholland Drive dans les collines au Nord d’Hollywood, et en revenant par les plages de Malibu, Santa Monica et Venice Beach. L’occasion d’apprécier la diversité des quartiers et des habitants de cette ville particulièrement cosmopolite.
Pour notre dernier jour en leur compagnie, programme chargé également. D’abord le somptueux Getty Museum, une merveille d’architecture et d’horticulture. On s’est même tellement attardés sur ces aspects qu’on n’a quasiment pas eu le temps de profiter de sa riche collection d’œuvres d’art !
Cette belle journée s’est achevée par l’anniversaire de Jerry, dont on a découvert par hasard qu’il tombait pile pendant notre séjour. Pour ses « 39 ans », on lui a concocté une quiche aux poireaux, une compote pommes-poires et un pain d’épices, avec des bougies. C’est bien le minimum que nous puissions faire pour eux.
Une chouette soirée en leur compagnie, en épilogue d’un séjour mémorable.
A Las Vegas, avec Estelle, Jérôme, Fitou et Loulou (le même)
Ces 3 amis de Sandrine, du même groupe que Loulou, nous ont rejoints pendant une grosse semaine pour le début de notre road-trip dans l’Ouest. Et Las Vegas a été une étape obligatoire, entre Yosemite et Grand Canyon, au milieu du désert.
En journée, surtout en cette saison estivale, il y fait une chaleur étouffante. L’air y est presque irrespirable. Mais peu importe à vrai dire, car l’essentiel de la vie se passe en intérieur. Sur le Strip, là où on trouve tous les casinos, magasins, hôtels de luxe, centres commerciaux et restaurants, tout est interconnecté. On peut passer d’un établissement à l’autre sans jamais avoir à mettre un pied dehors – ou presque – , sans jamais quitter les galeries hyper-climatisées. A moins de vouloir profiter des piscines : chaque hôtel en a une, au minimum.
Mais c’est à la nuit tombée que Las Vegas s’affirme encore davantage comme la ville de la démesure et de la décadence. Entre les hôtels de luxe du Strip, tous aussi immenses et lumineux les uns que les autres, les rivalités s’exacerbent. Chacun y va de son show pour attirer les curieux, et surtout les joueurs, dans ses casinos : les canaux du Venitian, les spectacles du Circus Circus, la pyramide du Luxor, les montagnes russes du New York New York, les fontaines du Bellagio…
Face à ces dernières, au milieu de la foule, on y recroise de manière tout à fait inattendue Nicole et Matt, un couple de Suisses rencontrés à Vatia Beach, aux Fidji. Ils y travaillaient en volontariat, dans des circonstances on ne peut plus opposées !
A l’intérieur de tous ces hôtels, c’est l’effervescence. L’alcool, les buffets à volonté, et surtout le jeu : des centaines de croupiers battent des cartes et échangent des jetons, d’énormes flux d’argent circulent entre les tables et les caisses des casino, et des milliers de caméra de vidéosurveillance enregistrent tout ça. Par moments, il y a vraiment de quoi ne plus savoir où donner de la tête.
Le Strip est une avenue immense, elle s’étend sur 11 kilomètres ! A son extrémité Sud, on y trouve le fameux signe « Welcome to Fabulous Las Vegas – Nevada ». Et de l’autre côté, elle croise Fremont Street, la rue des premiers casinos de la ville. Bien plus petite et bien moins large que le Strip, Fremont Street n’en est pas moins extravagante.
Ainsi, une large portion de la rue est recouverte d’un toit composé de plusieurs millions de LED, offrant un show visuel et sonore toutes les heures. De chaque côté de cette artère entièrement piétonne, on retrouve des magasins, des casinos et des restaurants, mais de taille plus raisonnable que sur le Strip.
En revanche, la faune humaine qui anime la rue y est unique, incomparable. Des gens viennent de partout et font, bien plus qu’ailleurs, tout et n’importe quoi pour glâner quelques billets. A vrai dire, certains ont énormément de talent, et proposent d’incroyables shows de rue. D’autres ont beaucoup d’imagination et de créativité. Ceux qui ont eu l’idée de poser une zip-line qui va d’un bout à l’autre de la rue ont sans doute gagné le jackpot : elle tourne à plein régime. En permanence, des gens passent à toute vitesse au-dessus de nos têtes.
Et puis comme à Hollywood Boulevard ou à Times Square, on retrouve un tas de personnages plus ou moins déguisés, parfois juste dénudés, alignés en rangs d’oignons. Ils n’ont ni talent ni originalité à proposer, juste un corps ou un déguisement ridicule. Là, on touche un peu le fond du panier, et c’est bien triste.
Las Vegas, c’est bien la ville de tous les extrêmes.
A Salt Lake City, à la découverte des Mormons
Hormis un bref contact lors d’un trajet en stop en Alaska, on n’a pas vraiment rencontré de Mormons pendant notre voyage. Jusqu’à ce qu’on arrive à Salt Lake City, la capitale de l’Utah et siège mondial du mormonisme.
Au moment de la fondation de leur église en 1830, l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (église mormone), les Mormons ont été traités durement et persécutés dans l’Est américain. Fuyant toujours plus vers l’Ouest, ils ont fini par arriver en haut d’une colline dominant la vallée du Grand Lac Salé, un endroit alors totalement désertique dans les Montagnes Rocheuses.
« This is the place« , leur dit la prophétie. C’est ici qu’ils doivent s’installer et établir le siège de leur Eglise. Ainsi est fondée Salt Lake City, en 1847.
Et depuis ce temps, Temple Square est au cœur de la ville. Un site impressionnant de 40 000 m² dédié à leur Eglise. On y trouve le monumental Temple de Salt Lake City et ses bassins, le « célèbre » Tabernacle – leur ancienne salle de conférences aujourd’hui transformée en salle de concert, qui abrite notamment l’un des plus grands orgues du monde – la Salle de l’Assemblée et deux centres de visiteurs. Et autour de cette place, on trouve encore d’immenses tours de bureaux administratifs mormons, des centres de généalogie, le musée de l’histoire de l’église mormone et leur nouvelle salle de conférences flambant neuve de 21000 places !
Pour en connaître davantage sur cette confession chrétienne restaurationniste, il n’y a besoin de chercher ni très loin, ni bien longtemps : l’information vient à vous naturellement, sous la forme de deux missionnaires. Toujours du même sexe (à Salt Lake City, ce sont des filles), toujours jeunes, toujours bien habillées, toujours avec un petit badge noir indiquant leur appartenance à l’église mormone et leur nom de missionnaire (Sister + Nom de famille) et avec un drapeau indiquant leur pays d’origine. Et elles viennent de quasiment partout, de tous les continents, même d’Asie où pourtant le Christianisme est marginal. Ainsi, les missionnaires peuvent discuter avec à peu près n’importe quel passant, dans plus de 30 langues !
Nous, c’est avec une italienne anglophone qu’on a discuté, dans un des deux centres de visiteurs. Un long échange de presque une heure pour essayer de comprendre ce qu’est cette confession, d’où elle vient, ce qu’elle implique, ce qu’y trouve ses fidèles et ce que recherche ses dirigeants. Il en a émergé des idées intéressantes, comme la place sacrée de la famille. On peut ainsi, en tant que famille, être uni pour l’éternité, y compris avec des ancêtres décédés. Ce qui explique l’importante activité de recherche généalogique entreprise dans la communauté mormone.
Leur doctrine se base sur le livre de Mormon, écrit par Joseph Smith. A 17 ans il reçoit la visite d’un ange qui lui révèle le lieu où se trouvent des plaques d’or contenant des écrits prophétiques datant de 500 ans avant et après JC. Il traduit les textes en anglais, prophéties et récits de la visite de Jésus aux Amériques après sa résurrection, et cela devient ainsi l’ouvrage canonique sur lequel se base leur doctrine.
Et il y a d’après eux un moyen simple de savoir si tout cela est vrai : « Demandez à Dieu, il vous le dira. » Nous voilà bien avancés.
On y a aussi trouvé une forme de prosélytisme un peu dérangeante en ce sens que pour eux, toutes les autres confessions, y compris chrétiennes, sont dans l’erreur ou la mésinterprétation. Et qu’il faut donc suivre les doctrines de LEUR Evangile pour trouver le chemin de la Vérité. D’où le déploiement massif de missionnaires mormons sur la planète. Ils sont aujourd’hui 50 000 en activité permanente, dans environ 145 pays.
A Oakley, pour le rodéo du 4 juillet
C’est le weekend du 4 juillet. Et à Oakley, petite ville à l’Est de Salt Lake City, c’est le début du festival de rodéo annuel de la ville, alors on ne pouvait pas rater ça. Une vraie fête à l’américaine, avec l’hymne national, des hot-dogs, du show, des cow-boys. Et un animateur assisté d’un « clown » lourd, mais lourd…
Du genre :
« – Arrêtez cet homme, là-bas, il est en train de donner de la laine de verre à manger à ses enfants !
– Mais noooon… c’est de la barbe à papa. C’est une sucrerie… Pfff… »
Ca y est, vous êtes remis de votre fou rire ? On va pouvoir parler de ce qu’il se passe dans l’arène alors. Ce festival amène des concurrents de presque tout le pays. Enfin, surtout des Etats de l’Ouest et du Midwest, où la tradition des cow-boys est bien plus implantée. De tous les participants, il n’y a qu’un seul étranger, et il vient de Camargue. Et en plus, il a remporté une des épreuves !
En tout, la soirée compte sept épreuves différentes, six pour les hommes et une pour les femmes. Et toutes tournent autour des mêmes éléments : les chevaux, les veaux, les lassos et les taureaux.
Pour les chevaux et les taureaux, il s’agit essentiellement de savoir tenir dessus, même quand ils sont très excités. C’est tout l’intérêt d’ailleurs.
Pour les veaux, c’est un peu plus drôle. Il faut en attraper un et l’immobiliser. Mais avec la manière ! Soit, juché depuis son cheval au galop, en jetant un lasso autour de sa tête. Soit, encore plus fun, en se jetant depuis son cheval sur la tête du veau en pleine course. Façon plaquage à la gorge au rugby.
Les pauvres veaux, ils ne comprenaient rien à ce qu’il leur arrivaient !
C’était sympa de découvrir ce divertissement d’une Amérique un peu plus rurale, celle des cowboys et des cavaliers. Mais à cause de ce pénible clown, tout ça avait quand même un mauvais air d’Intervilles quand même…
En train, pour traverser le pays d’Ouest en Est
« Mais qui prend le train dans ce pays ? »
C’est la question que l’on se posait en montant dans le SouthWest Chief, le train qui relie Los Angeles à Chicago. 40 heures pour relier les 2 villes alors qu’il n’en faut probablement que 4 par l’avion, ça fait quand même une grande différence. Qui n’est pas forcément justifiée par la différence de prix.
Car si le train en classe assise est effectivement un peu moins cher que l’avion, ce n’est plus du tout le cas lorsqu’on souhaite voyager dans une cabine avec couchettes. Là, les prix explosent carrément.
Alors, qui voyage en train ?
Eh bien, pas mal de monde, en fait, et des gens de tous horizons différents. Des familles, des personnes seules, des groupes, des jeunes, des retraités… Et aussi beaucoup d’Amish. Cette communauté d’origine helvético-germano-néerlandaise, principalement implantée dans l’Est des USA depuis plusieurs siècles, et qui prône une profonde humilité de l’homme face à la nature. De ce fait, ils refusent certaines formes de progrès, comme le téléphone portable, l’appareil photo, l’avion, la voiture et même les vêtements à motifs ou de couleurs criardes. Par contre, le train est leur moyen de locomotion privilégié sur grande distance, et ils s’y déplacent en groupe.
Notons aussi que les trains américains sont plutôt confortables. En classe assise, on a des sièges spacieux et très inclinables, des prises électriques un peu partout, un espace « cafétéria » avec des tables et des grandes fenêtres pour observer le paysage. Même pendant plus de 24 heures, ça reste largement acceptable, sans pour autant valoir une vraie couchette.
Par contre, l’organisation des tickets et contrôleurs nous a parue vraiment archaïque. Nos billets n’ont ni numéro de place ni numéro de voiture. Ce n’est que quand on arrive sur le quai qu’un contrôleur nous dit où monter, et nous attribue un numéro de place. Puis une fois dans le train, ils accrochent au-dessus de nos sièges un ticket avec le nom de la destination finale écrit à la main… A croire que ça a été conçu par des Amish.
Au Kansas, avec Phil et ses parents
Phil a été un de nos compagnons de route pendant nos deux mois d' »Africa truck ». Le gars toujours assis au fond à droite du camion.
Sachant qu’on allait traverser les Etats-Unis, il nous a proposés de faire une étape dans son Kansas natal. Un Etat presque rectangulaire et tout plat. Une terre de cowboys, d’exploitation bovine intensive – pour la viande, car pour le lait ça se passe plus au nord, dans le Wisconsin – et de vastes champs de blé carrés.
Une étape pour y vivre une authentique et complète expérience du Midwest. C’est en tout comme ça qu’il nous l’a vendue !
Elle commence à Dodge City. Pendant une partie du XIXème siècle, cette ville était une étape importante sur le trail de Santa Fe, la voie commerciale majeure qui reliait l’Est des Etats-Unis à Santa Fe, alors au Mexique. Une fois sorti de Dodge City, on entrait en territoires amérindiens, une zone périlleuse pour les convois commerciaux. Nombre de mercenaires étaient donc payés pour les accompagner et assurer leur sécurité, dans un sens comme dans l’autre. Une fois revenus à Dodge City, après 3 mois de vie dans la nature, ces mercenaires pouvaient enfin recevoir et dépenser leur argent, boire, se laver, se raser, voir des femmes et racheter des munitions…
Le cocktail armes, alcool, argent, prostitution et mercenaires a rapidement donné à Dodge une réputation de ville mal famée, avec fusillades et règlements de comptes hebdomadaires.
Une partie de la ville de cette époque a été reconstituée et peut se visiter aujourd’hui. Surtout, de temps en temps, c’est une fusillade qui est rejouée. Avec de vrais fusils – mais de fausses cartouches -. En tout cas, un super spectacle pour toute la famille. Du moins au Kansas…
En plus des sites déjà évoqués précédemment dans les Parcs Nationaux, Phil nous a aussi fait découvrir un musée absolument passionnant, le Cosmosphère d’Hutchinson.
Toute l’histoire de la conquête de l’espace, depuis les fusées V1 et V2 allemandes de la Seconde guerre mondiale jusqu’aux balbutiements du tourisme spatial de nos jours. Avec énormément d’informations historiques, politiques et techniques souvent méconnues, mais aussi des pièces d’époque, réelles ou reconstituées (morceaux de fusées, de satellites, d’artefacts de vie à bord d’une navette spatiale). Encore un musée très bien fait où l’on aurait pu passer plusieurs jours…
Mais notre expérience du Kansas n’aurait pas été complète s’il n’y avait eu l’hospitalité de Phil et ses parents, Paula et Jed. Encore un grand merci ! Un barbecue (au grill) à la maison avec chef Jed, un vrai brunch du dimanche matin concocté par Paula et un autre barbecue façon Kansas City (un type de restaurant) avec Phil avant de repartir… On reparlera de tout ça en détails très bientôt, mais on s’est bien régalé !
A Chicago, seuls
Pas de têtes connues pour nous dans la troisième ville du pays, alors on y a juste fait une courte étape de deux jours entre nos deux trains. Et c’est surtout de l’immense lac Michigan dont on se rappellera, le lac et toutes ses plages du Nord au Sud de la ville. Il paraîtrait même que Chicago compte davantage de kilomètres de plages que Los Angeles… On n’a pas vérifié. Mais les quelques-unes que l’on a découvertes nous ont vraiment agréablement surpris, tant par la qualité de l’eau que la propreté du sable. Idéal pour se rafraîchir après une longue journée de marche sous le soleil.
Autrement, le cœur de la ville est du même genre que les CBD des autres grandes villes américaines. Avec peut-être une concentration de gratte-ciels encore plus importante qu’ailleurs puisque la ville a entièrement été reconstruite après le grand incendie de 1871. Et on y trouve ainsi beaucoup d’anciens bâtiments bien conservés autour de l’agréable rivière qui découpe le centre-ville. Mais, hormis la cuisine locale dont on reparlera également, on n’a pas grand-chose d’autre à en dire, à part qu’avec son grand lac-océan cette ville a une atmosphère très plaisante.
A Philadelphie, avec Laurent, Michelle, les Phillies et les Giants
Philadelphie, la dernière ville-étape de tout notre voyage, notre port d’embarquement sur notre cargo pour la France. Avec l’incertitude ayant régné sur notre date de départ, on y a finalement passé une douzaine jours.
Dans trois AirBNB différents, soit autant que sur tout le reste de notre voyage.
Les premiers jours ont été l’occasion de revoir Laurent, un ami d’Ecole installé en Floride. Il est venu passer le weekend sur la côte Est avec nous, et voir son amie Michelle qui vit également dans les environs.
L’occasion pour nous trois de visiter les sites liés à l’histoire de l’Indépendance américaine. Philadelphie est en effet la ville de naissance du pays tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Ensuite, dans nos deux autres locations, on a passé le plus clair de notre temps à écrire. Quasiment arrivés à la fin de notre voyage, on a voulu avancer au maximum sur le blog avant d’être déconnectés sur le cargo, puis vraisemblablement très occupés en France.
Nos dernières nuits en Amérique, on les a passées au port, dans notre cabine sur le bateau. Et pour notre dernière soirée, on s’est immergé une dernière fois dans la culture américaine : on est allé voir un match de baseball.
Le premier match d’une série de trois entre les Phillies de Philadelphie et les Giants de… San Francisco. Une manière de boucler la boucle américaine, en somme.
Premier constat, le stade de baseball est autant un lieu de divertissement que de consommation. Les entrailles des tribunes ne sont qu’une succession d’enseignes vendant toutes la même malbouffe (hot-dogs, pizza, frites, popcorn salé, Bud et soda), à des prix vraiment exorbitants. 4,5 USD la petite bouteille d’eau, 6 USD le hot dog mauvais et minimaliste, 9 USD la pinte de Bud… De qui se moque-t-on ?
Outre l’aspect alimentaire, on trouve aussi tout un tas de produits dérivés, maillots, casquettes, balles de baseball aux couleurs des Phillies… Autant de sources de revenus pour l’équipe locale, assurément.
Dans les tribunes, on retrouve donc bien plus des spectateurs-consommateurs que des fans. Malgré une affluence tout à fait honorable – 23 000 spectateurs – l’ambiance est juste nulle, il ne se passe rien. Les spectateurs restent amorphes, sauf quand la caméra de l’écran géant pointe sur eux. Alors là, c’est le moment de gloire individuelle, le moment de crier, de danser, d’exulter… Jusqu’à ce que l’image disparaisse.
En fait, le peu d’ambiance est géré numériquement. On est arrivé ici à l’ère du SAO (Supporterisme Assisté par Ordinateur), avec simplement la sono et l’écran géant qui donnent le ton :
« 2e strike – faites du bruit ! » affiche de temps en temps ce dernier, accompagné d’un petit air de fanfare numérique. Alors le public se réveille et applaudit trois coups, avant de retomber inexorablement dans son seau de pop-corn.
Tout cela est d’un triste !
Il faut dire aussi que le baseball n’est pas le sport le plus dynamique qu’il soit. L’essentiel du temps, les joueurs le passent à préparer le prochain coup. Le lanceur prépare son lancer, les défenseurs se positionnent et se tiennent prêts à rattraper la balle, le batteur attend le jet du lanceur. Puis enfin vient l’action, la vraie. Elle ne dure, au mieux, que quelques secondes lorsque le batteur parvient à faire quelque chose de convenable et à courir un peu. Mais dans la plupart des cas, 4 fois sur 5 environ, il ne batte pas vraiment. Soit le lancer est trop bon pour lui, c’est un strike, soit trop mauvais, c’est un ball.
Après, je ne doute pas que quand on a suffisamment de bagage technique pour apprécier la subtilité de chaque lancer/coup de batte/stratégie de coach, ce doit être intéressant à observer. D’ailleurs quelques spectateurs semblent connaisseurs et suivent les choses de près, applaudissant les belles actions et les renversements de situations. Mais on a l’impression que cela ne concerne qu’une minorité du public et pour le néophyte, ça devient ennuyeux à la longue.
Surtout que c’est long, un match. Très long. Le nôtre a duré 3h20, une éternité. Et pourtant, il paraît qu’on a assisté à un vrai bon match, comme en témoigne le score final : 13-8 pour les locaux. Et avec plusieurs « Home Run » . Des fois, ça se termine juste à 2-0, 3-0. L’équivalent d’un soporifico en France.
Finalement, pour certain(e)s, le meilleur moment de la soirée a dû venir des tribunes, avec la demande en mariage sur écran géant. Et la musique qui va bien. On ne l’avait pas vu venir, celle-là…
Au rayon « américanismes », notons aussi cet hymne national qui, même après trois mois, continue de nous surprendre. Lorsqu’il est joué au début de chaque match, le monde s’arrête de tourner. Les gens s’arrêtent de marcher, ceux assis se lèvent et se tournent vers le drapeau le plus proche, si possible la main sur le cœur. Même les saucisses sur le grill ne semblent plus tourner, en tout cas les vendeurs ne les vendent plus !
Malgré la belle victoire des locaux, c’est dans une ambiance tranquille que l’on a quitté le stade enfin le match terminé – presque 4h quand même. On est certes en milieu de saison régulière, les enjeux ne sont pas encore énormes, mais quand même… Ça aurait peut-être pu mériter un peu plus d’enthousiasme.
De notre côté, la tête n’est déjà plus trop à notre premier match de baseball. Mais plutôt à notre dernier jour de voyage.
Demain après-midi, on lèvera l’ancre.
Finie l’Amérique, notre ultime terre.
Deux semaines sur un cargo en pleine mer,
Et après, la France. Cette fois, on rentre.